Législatives : cohabitation ou coalition, quel avenir pour Les Républicains?
 Quelle sera la place des Républicains au lendemain du 18 juin ? François Baroin affiche son objectif de remporter « le troisième tour » des législatives et donc d’entraîner une cohabitation. En face, Emmanuel Macron rejette le principe d’une coalition de partis « à l’allemande » et mise sur des ralliements individuels.

Législatives : cohabitation ou coalition, quel avenir pour Les Républicains?

 Quelle sera la place des Républicains au lendemain du 18 juin ? François Baroin affiche son objectif de remporter « le troisième tour » des législatives et donc d’entraîner une cohabitation. En face, Emmanuel Macron rejette le principe d’une coalition de partis « à l’allemande » et mise sur des ralliements individuels.
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Quelle sera le visage de la nouvelle Assemblée nationale et par ricochet celui du gouvernement dans un mois ? Officiellement chez Les Républicains, l’objectif d’une victoire lors d’« un troisième tour » est affiché. « Puisque le président Macron a nommé un Premier ministre de droite, donnons-lui une majorité de la droite et du centre, un gouvernement entier de la droite et du centre pour mettre en œuvre le projet de la droite et du centre ! Il a mis un pied dans l'eau... en prenant un Premier ministre de droite... emmenons-le se baigner ! Il se dit  en marche, emmenons-le jusqu'au bout du chemin » a scandé la présidente LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, lors de  du meeting de lancement de la campagne pour les législatives au parc floral de Vincennes.

Baroin : « Je voudrais que nous donnions au pays une majorité de droite et du centre »

C’est un « troisième tour » aussi pour François Baroin, qui après s’être vu successivement Premier ministre de Nicolas Sarkozy puis de François Fillon, se rêve maintenant en chef d’un gouvernement de cohabitation d’Emmanuel Macron. « Je voudrais que nous donnions à la France cette majorité de droite et du centre. Je voudrais que nous donnions au pays une majorité de droite et du centre. Au fond, je voudrais qu’Emmanuel Macron ait la majorité qu’il faut à la France : une majorité sans ambiguïté, sans faux-semblant et non une majorité de circonstances, de rencontres et d’ambitions personnelles » a martelé, samedi, le chef de file des Républicains pour les élections législatives, sans citer les, désormais, anciens LR et actuels ministres : Édouard Philippe, Bruno le Maire et Gérald Darmanin.

Le « contrat avec la nation » des candidats LREM est « inconstitutionnel » selon les LR

Derrière le discours officiel, difficile de voir clair dans les aspirations diverses des élus LR à l’approche des législatives. « Quand on est en campagne électorale, l’objectif, c’est de gagner » résume le sénateur LR de Seine-Saint-Denis, Philippe Dallier. « Accepter l’idée de la défaite c’est déjà être vaincu. » a, pour sa part, réagi, l'eurodéputé, Brice Hortefeux sur Public Sénat et Sud Radio.

Hortefeux à propos des législatives : : « On n’est pas dans le déni. Bien sûr qu’on sait que c’est compliqué. »
00:24

Pour le moment, les sondages rendent cet objectif plus qu’hypothétique. Une étude Opinionway pour Les Échos, Orpi et Radio classique, place les candidats de la République En Marche en tête avec 27% d’intentions de vote, devant les LR et le FN, tous deux à 20%. LREM récolterait 280 à 300 sièges, soit la majorité absolue. Une majorité en théorie exsangue de frondeurs grâce au « contrat avec la nation » que se sont engagés à signer les candidats investis par le mouvement fondé par Emmanuel Macron. Un document selon lequel le candidat s’engage à voter au Parlement les principales réformes portées par l’exécutif. Une parade « antifrondeurs » dont plusieurs élus LR pointent l’inconstitutionnalité. « Je rappelle qu’en France, il n’existe pas de mandats impératifs pour les parlementaires. C’est contraire à l’article 27 de la Constitution selon lequel : tout mandat impératif est nul. Le droit de vote des membres du Parlement est personnel » souligne Philippe Dallier.

Interrogé par le Journal du Dimanche, le Premier ministre Édouard Philippe, voit dans la séquence qui arrive « l'occasion de dépasser quelque chose qui est bloqué ». « Les deux partis qui géraient alternativement la France ont été éliminés dès le premier tour de la présidentielle. La désaffection des Français à leur égard est considérable. Le système partisan français était dans une impasse. C'était inextricable. Le Président a tranché le nœud gordien ». Une analyse de la refondation politique à venir, là encore fortement contestée par les Républicains. Dimanche, le député LR, Éric Woerth a mis en garde contre le danger de la fin du pluralisme. Selon lui, le nouveau Président « cherche à créer un parti unique, c'est d'une grande violence (...) Le parti unique, c'est évidemment dangereux parce qu'il n'y a rien entre ce parti-là et les extrêmes. À un moment donné, il n'y a plus d'alternance possible » a-t-il insisté.

Quid de la coalition « à l’allemande » ?

Si, n’en déplaise à François Baroin, il n’y a pas de cohabitation après le 18 juin, qu’en est-il d’une grande coalition « à l’allemande ». En Allemagne, depuis 2013, la coalition au pouvoir rassemble les deux principaux partis, la CDU chrétienne-démocrate de la chancelière, Angela Merkel et les sociaux-démocrates du SPD. C’est ce qu’aimerait voir, le sénateur LR de l’Hérault, le juppéiste, Jean-Pierre Grand. « La cohabitation, ça ne veut rien dire, c’est un message négatif. On doit faire campagne pour son propre parti en vue des législatives. Une fois les élections passées, alors se tiendrait une longue discussion entre la droite et la gauche pour aboutir à une coalition. Là, ça aurait du sens. Les majorités absolues on a vu ce que ça a donné…. On ne peut pas mettre en avant le renouveau, en restant sur les schémas d’hier » fustige le sénateur. Problème. La coalition « à l’allemande » présente un gros défaut aux yeux d’Emmanuel Macron. Elle laisse la part belle aux partis et non aux projets comme il le déplorait en mars sur RTL. « Ma volonté (...) est de construire une nouvelle majorité de projets (…) « La démarche qui est la mienne (…) c'est la dénonciation de l'incohérence profonde sur le plan idéologique des deux grands partis de gouvernement que sont le Parti socialiste et Les Républicains, sur la base desquels se nourrit le Front national »arguait-il. En cas de revers le 18 juin prochain, sa position pourrait-elle changer ?

Partager cet article

Dans la même thématique

Législatives : cohabitation ou coalition, quel avenir pour Les Républicains?
3min

Politique

Budget 2026 : « Je ne sais plus où habitent les socialistes », affirme Éric Coquerel 

Invité de la matinale de Public Sénat, Éric Coquerel, président de la commission des finances de l’Assemblée nationale et député insoumis de Seine-Saint-Denis s’étonne de positions défendues par les socialistes dans les débats budgétaires. Ce dernier alerte également sur les risques de dépasser les délais constitutionnels d’examen du budget.

Le

Législatives : cohabitation ou coalition, quel avenir pour Les Républicains?
3min

Politique

Santé mentale : « 25% des lycéennes ont déjà pensé à la mort », s’alarme la spécialiste Angèle Malâtre-Lansac

Décrété « Grande cause nationale » en 2025, les troubles de la santé mentale concernent 13 millions de français. Un enjeu de santé publique qui touche fortement la jeunesse. Si la question est au centre du débat public, les solutions tardent à être mises en place et le secteur de la psychiatrie manque de moyens. Cette semaine dans Et la Santé ça va ?, Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Céline Brulin et Angèle Malâtre-Lansac, déléguée générale de l’Alliance pour la Santé mentale pour en débattre.

Le

Législatives : cohabitation ou coalition, quel avenir pour Les Républicains?
4min

Politique

Armement : Kaja Kallas appelle la France à « augmenter les cadences de production »

C’est la voix de la diplomatie européenne. Au moment où le cessez le feu connait des ratés à Gaza, et où la guerre s’enlise en Ukraine, quelle place pour les Européens ? Comment peser sur les grands conflits en cours ? Guerre en Ukraine, cessez-le-feu à Gaza, ou encore traité de libre-échange avec les pays du Mercosur, la Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité Kaja Kallas défend son action et répond sans détour aux questions de Caroline de Camaret et d’Armen Georgian dans Ici l’Europe.

Le