Réforme de l’assurance chômage : « C’est un appauvrissement de notre société »

Réforme de l’assurance chômage : « C’est un appauvrissement de notre société »

Plusieurs dizaines de manifestants étaient rassemblées ce vendredi devant le théâtre de l’Odéon pour dire non à la réforme de l’assurance chômage qui doit entrer en vigueur au 1er juillet. Des revendications exprimées en une performance de type « flashmob » quelques heures avant la manifestation parisienne place d’Italie.
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Le théâtre de l’Odéon va-t-il devenir le lieu de la convergence des luttes, comme en son temps, le mouvement Nuit Debout, place de la République ? Depuis début mars, le théâtre est occupé par les intermittents du spectacle, les travailleurs de l’hôtellerie, de l’événementiel, et du tourisme. Les intermittents réclament notamment la prolongation de l’année blanche, soit la prolongation d’un an de leur droit d’indemnisation qui expire en juillet.

Alors que la crise sanitaire a provoqué la destruction de près d’1 million d’emplois, les travailleurs précaires vont voir au 1er juillet une réforme de l’assurance chômage, qui selon les calculs de l’Unedic, devrait réduire l’allocation de 1,7 million de demandeurs d’emploi. Les principaux touchés sont les travailleurs qui enchaînent contrats courts et période d’inactivité.

« On est tous impactés »

« Que ce soit dans l’Education, la culture, la Santé, on est tous impactés. On soutient les intermittents de l’Odéon mais la manifestation de cet après-midi, c’est la convergence des luttes », veut croire Martine membre de des « Rosies », un collectif féministe proche d’Attac, venue participer à la performance (un flashmob) organisée sur le parvis du théâtre, sorte de prélude aux manifestations prévues partout en France contre la réforme de l’assurance chômage jugée nécessaire par le gouvernement et rejeté en bloc par l’ensemble des organisations syndicales.

Aux cris de « Essentiel ! », plusieurs dizaines de manifestants frappant sur des fly cases, réclamaient « le retrait pur, simple et définitif de l’assurance chômage ».

Une réforme, une nouvelle fois défendue, par la ministre du Travail, jeudi. Invitée de LCI, Élisabeth Borne estime que le régime actuel « encourage certaines entreprises à avoir des contrats courts et alterner entre des périodes de chômages plutôt que d’avoir des CDI plus protecteurs ».

« C’est l’intermittence absolue notre profession »

« Mais on ne peut pas travailler en CDI, ça n’existe pas dans ma profession puisqu’on est multi-employeurs », lui répond Sophie, guide conférencière (guide touristique). « C’est l’intermittence absolue notre profession. Alors quand le gouvernement parle de CDI, ça nous fait bien rigoler […] On va prendre en compte nos jours chômés ou pas pour obtenir ce qu’on appelle le salaire journalier de référence. Ça n’a pas de sens », se désole-t-elle avant de calculer que la réforme lui ferait perdre entre 30 à 40 % de ses revenus.

« On est nombreux à être empêchés de travailler ou du moins de travailler de manière normale alors est ce que c’est le moment de faire passer une réforme qui va diminuer les droits des gens et augmenter la précarité ? Je suis convaincue que c’est une erreur », souligne Nadège occupante de l’Odéon et chanteuse lyrique, venue rythmer le flashmob de ce matin.

Non loin d’elle, des hommes et des femmes en chemise, cravate, nœuds papillons. Ils sont les extras de la restauration qui « travaillent beaucoup à l’Elysée et dans les ministères » et pourtant, ils ne sont « rien ». « On ne nous reconnaît pas […] la réforme va faire perdre aux personnes qui sont au régime général entre 18 % et 47 % de leurs revenus. C’est un appauvrissement de notre société et des forces vives de notre nation », martèle Yazid, la cinquantaine, qui attend toujours une réponse au courrier qu’il a envoyé à Jean Castex.

« J’ai servi le Président Macron lors forum de la paix. Mais on ne nous entend pas »

« J’ai servi le Président Macron lors du forum de la paix. Au centenaire de la guerre 14-18, j’ai papoté avec Mme Merkel […] Mais on ne nous entend pas. On ne nous voit pas. On s’en fout. Ce mépris, cette ignorance, c’est insupportable. On est bien élevés. On connaît les codes. C’est peut-être ça le problème, on est trop bien élevés », pointe Agnès, maître d’hôtel.

Le gouvernement reste pour le moment déterminé à faire passer cette réforme censée faire 2,3 milliards d’euros d’économies par an.

 

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