Régionales : le gouvernement consulte tous les maires sur le maintien du scrutin en juin

Régionales : le gouvernement consulte tous les maires sur le maintien du scrutin en juin

[Info PublicSenat.fr] Un mail a été envoyé aux maires pour leur demander si les conditions étaient réunies pour organiser les scrutins régionaux et départementaux en juin. Ils doivent répondre d’ici lundi matin, soit avant le débat organisé au Parlement la semaine prochaine.
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On lui reprochait de ne pas assez consulter. Alors le gouvernement consulte maintenant tous azimuts sur le maintien ou non des élections régionales et départementales, déjà repoussées de mars à juin prochain pour cause de covid-19. Après les groupes et partis politiques, les associations d’élus, l’exécutif a lancé, juste avant le week-end, une consultation des maires de France.

Les préfets sont chargés d’envoyer aux maires la missive par mail, que publicsenat.fr a pu consulter. Et le gouvernement ne fait pas dans la nuance. Il demande de répondre par « oui » ou par « non », si les conditions sont réunies pour organiser le scrutin.

« Le Premier ministre a engagé […] la semaine dernière une large consultation des forces politiques et associatives, qui pour la plupart, se sont prononcées en faveur du maintien des élections en juin prochain » rappelle le mail, avant d’ajouter : « Dans le souci du gouvernement d’être à l’écoute de chacun des maires de notre pays, et compte tenu du rôle essentiel imparti aux communes dans l’organisation des scrutins, je vous serais reconnaissant de m’indiquer, par oui ou par non, si les conditions préconisées par le comité scientifique vous semblent réunies pour tenir les deux scrutins prévus en juin prochain, afin que je puisse faire connaître au premier ministre et au ministre de l’Intérieur la position des maires de notre département, en vue du débat parlementaire qui se tiendra le mardi 13 et le mercredi 14 avril » peut-on lire dans le mail de ce préfet. Et de terminer : « Je vous remercie de bien vouloir faire connaître votre réponse d’ici le lundi 12 avril 2021 à 10 heures ».

« C’est envoyé à tous les maires de France » selon la sénatrice Nathalie Goulet

« C’est envoyé à tous les maires de France » confirme la sénatrice UDI de l’Orne, Nathalie Goulet, « c’est une très bonne idée. Ce sont eux qui doivent organiser les bureaux de vote, ils sont en premier ligne ». La sénatrice pense que « ça éclairera le débat, prévu la semaine prochaine au Parlement » sur le maintien ou non des élections. Il est prévu mardi à l’Assemblée et mercredi au Sénat. Quitte à l’orienter, si le pourcentage de « non » est élevé ? « La consultation du terrain, ça ne fait de mal à personne. On ne peut pas le reprocher. Et les noms des maires qui répondront ne seront pas publiés » selon Nathalie Goulet, qui souligne par ailleurs qu’« un sondage dit que sept Français sur dix veulent reporter ». Il faut dire que l’élue de l’Orne milite pour le report du scrutin. Elle a même déposé une proposition de loi pour repousser l’élection en septembre ou octobre.

Reste que la méthode – lancer une consultation de tous les maires, qui n’avait pas été annoncée, et demander une réponse d’ici lundi – peut surprendre, juste avant le débat au Parlement. L’Association des maires de France, comme les autres associations d’élus, ont déjà été par ailleurs consultées. « J’ai vu que François Baroin voulait maintenir, mais je ne sais pas quelle consultation il a faite… » glisse Nathalie Goulet. Le gouvernement semble maintenant très enclin à écouter les maires, dont certains pourraient grincer des dents face au protocole sanitaire préconisé par le conseil scientifique.

L’opposition dénonce une « manœuvre inacceptable » et une « embrouille »

Cette consultation en urgence a rapidement fait réagir dans la soirée de vendredi. Chez les sénateurs, elle passe mal. Le président du groupe PS, Patrick Kanner, dénonce « une manœuvre inacceptable ». « Désinvolture, défausse et mépris ! » tweete à son tour Philippe Bas, sénateur LR de la Manche. Un mail critiqué également par la sénatrice PCF Cécile Cukierman.

Dominique Bussereau, président de l’Assemblée des départements de France, résume le sentiment partagé par une bonne partie de l’opposition : « Rarement vu une telle embrouille ».

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