Beauvau de la sécurité : Emmanuel Macron annonce une loi de programmation au début de l’année 2022
Formation, simplification de la procédure pénale, augmentation du budget, prise en charge des victimes, contrôle des forces de l’ordre… En clôture du Beauvau de la sécurité, Emmanuel Macron se projette bien au-delà de la fin de son quinquennat et occupe le terrain régalien jusqu’à la campagne présidentielle, suscitant les critiques des sénateurs.

Beauvau de la sécurité : Emmanuel Macron annonce une loi de programmation au début de l’année 2022

Formation, simplification de la procédure pénale, augmentation du budget, prise en charge des victimes, contrôle des forces de l’ordre… En clôture du Beauvau de la sécurité, Emmanuel Macron se projette bien au-delà de la fin de son quinquennat et occupe le terrain régalien jusqu’à la campagne présidentielle, suscitant les critiques des sénateurs.
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L’Elysée avait promis « des annonces substantielles » et « un changement radical de l’exercice de la mission de sécurité ». Ce mardi, depuis l’école de police de Roubaix, en clôture du Beauvau de la sécurité, le chef de l’Etat a d’abord égrainé son bilan. « Tout n’a pas été parfait mais beaucoup a été fait […] Nous sommes mieux armés juridiquement, techniquement et humainement », s’est-il félicité rappelant que le budget du ministère de l’Intérieur consacré à la sécurité avait progressé depuis le début du quinquennat.

Rappelant l’origine de la mise en place du Beauvau en février dernier, à savoir « l’intolérable combat que certains ont décidé de mener contre les forces de l’ordre », Emmanuel Macron a cité certaines mesures adoptées pour y remédier cette année, comme « la fin des remises de peine, l’incrimination spécifique des auteurs de violences contre les forces de l’ordre, l’observatoire pénal de suivi de ces violences ».

Le bilan en quelques chiffres : « 36 attentats ont été déjoués depuis 2017, baisse d’un quart des cambriolages depuis 2017, baisse de 20 % de vols de véhicule en moins, 7 837 trafics de stupéfiants démantelés ». Mais « aussi vrai qu’il ne faut pas céder à la tyrannie des faits divers, il ne faut pas non plus considérer que tout va bien. Ces statistiques ne disent pas tout de la violence latente qui s’est emparée de la société ».

Amendes forfaitaires pour occupation illicite

Déterminé à prendre des « décisions profondes et radicales », le chef de l’Etat a d’abord annoncé une nouvelle simplification de la procédure pénale. Les amendes forfaitaires déjà en place pour la consommation de stupéfiants sont étendues aux occupations illicites des terrains par les gens du voyage et l’occupation illicite des halls d’immeubles.

Sur la prise en charge des victimes, Emmanuel Macron veut aussi « faire mieux » grâce à la mise en place de plaintes en ligne dès 2023.

Le garde des Sceaux sera chargé sous un mois « de faire un bilan des mesures pénales de simplification pour améliorer le travail des magistrats et forces de l’ordre ».

« Penser la police et la gendarmerie de 2030 »

Mais le ministère de l’Intérieur « a aussi besoin de temps long », a-t-il insisté en confirmant élaboration d’une loi de programmation et d’orientation pour la sécurité intérieure (Lopsi), présentée début 2022, en conseil des ministres. « Ce sera une loi de modernisation numérique du ministère de l’Intérieur, le but est de penser la police et la gendarmerie de 2030 », promet-il.

Marc-Philippe Daubresse : « Je suis vacciné contre le covid, mais aussi contre Macron »

« On avait besoin d’une grande loi sur la sécurité mais il fallait la faire au début du quinquennat. A la place, le gouvernement a préféré aborder le problème brique par brique » s’agace le sénateur LR, Marc-Philippe Daubresse. Le rapporteur de la proposition de loi sur la sécurité globale, appelle « à un changement radical de la procédure judiciaire. N’hésitant pas à reprendre le slogan de certains syndicats de police, « le problème de la police, c’est la justice ». Marc-Philippe Daubresse estime que ni la loi pour la confiance en l’institution judiciaire, ni les Etats généraux de la justice ne vont changer quelque chose ». « Je suis vacciné, contre le covid mais aussi contre Macron », conclut ce proche de Xavier Bertrand.

« Je me félicite de voir qu’Emmanuel Macron nous promet de faire en quelques mois (juste avant la présidentielle), ce qui n’a pas été fait pendant 5 ans. La semaine prochaine il va nous annoncer qu’il stoppera l’immigration en quelques jours ? » ironise sur Twitter la sénatrice LR, Valérie Boyer.

Jérôme Durain : « Son discours montre tous les travers du Beauvau de la sécurité »

A gauche, le sénateur PS, membre du Beauvau de la sécurité, Jérôme Durain remarque que « ce n’est plus le Président qui parle, c’est le candidat. Il s’est trompé de calendrier ». La session parlementaire se termine en février alors bon courage pour faire adopter cette loi de programmation. Il s’agit plutôt de son projet présidentiel, une manière d’occuper le terrain de la sécurité avant la campagne présidentielle ».

Globalement le sénateur socialiste attend du chef de l’Etat « une autre vision ». « Son discours montre tous les travers du Beauvau de la sécurité. On s’adresse aux forces de l’ordre, on leur parle de moyens techniques de formation mais on ne répond pas aux attentes de la société notamment sur le lien de confiance entre la police et la population », pointe-t-il.

« Ecoutez toujours les critiques, n’écoutez jamais les cris de haine, les Français vous aiment », a martelé Emmanuel Macron aux jeunes gendarmes et policiers présents ce mardi. Affirmant que les Français souhaitaient voir « plus de bleus sur le terrain », il s’est engagé « à doubler en dix ans » la présence sur le terrain des policiers et des gendarmes.

En conséquence, le budget du ministère de l’Intérieur pour 2022 sera augmenté de 1,5 milliard d’euros. « C’est sans précédent », « 85 % des mesures sont pour du matériel, de l’investissement », a-t-il précisé.

Après les annonces budgétaires et structurelles d’Emmanuel Macron pour la police et la sécurité c'est compliqué pour le candidat Éric Ciotti et autres de justifier une opposition et un vote contre le volet sécurité dans le budget 2022 » veut croire le sénateur Jean-Pierre Grand proche d’Édouard Philippe.

Emmanuel Macron a confirmé l’augmentation de 4 mois la formation initiale des policiers. Depuis 2020, le temps passé dans les écoles par les policiers est passé de 12 à 8 mois. Cette réforme avait été lancée par l’ancien ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve en 2016 afin d’augmenter le nombre d’uniformes sur le terrain après les attentats de 2015.

Emmanuel Macron: "Nous allons créer un centre de formation pour les policiers en région parisienne
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Présentation d’une nouvelle version du schéma national du maintien de l’ordre avant novembre

Enfin, en ce qui concerne le lien de confiance entre la police et la population, Emmanuel Macron a promis « avant novembre », la présentation d’une nouvelle version du schéma national du maintien de l’ordre. Elle permettra entre autres de « consacrer la place et le rôle des journalistes » mais aussi « d’imposer à toutes les parties prenantes présentes dans une manifestation des règles qui vont avec ces situations exceptionnelles comme il se doit », a-t-il détaillé.

Comme il l’avait indiqué au journal Le Figaro au printemps dernier, le chef de l’Etat a encouragé la mise en place d’« une instance de contrôle parlementaire des forces de l’ordre ». En réponse aux critiques visant les enquêtes de l’IGPN et l’IGGN (police et gendarmerie) leurs rapports, seront désormais « rendus publics ».

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