Plusieurs maires des Pyrénées Orientales font état d’impayés de loyers de la part de la gendarmerie nationale qui loue les casernes dans leurs communes. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau promet que le problème sera réglé au plus tard en décembre. Au Sénat, un rapport alertait déjà en juillet dernier sur « le désordre bâtimentaire » de la gendarmerie nationale.
Cannabis thérapeutique : « Je crains que l’on passe à côté du développement d’une filière en France »
Par Public Sénat
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Le 25 octobre dernier, les députés ont donné leur feu vert à l’expérimentation du cannabis thérapeutique pour deux ans comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?
On l’a très bien accueilli. On avait déjà travaillé, en amont le détail de l’amendement avec notamment avec l’agence du médicament. À partir du printemps prochain, et pendant 2 ans, on va pouvoir tester les bénéfices des dérivés du cannabis sur 3 000 patients souffrants de maladies graves : comme l’épilepsie, ou souffrants des effets secondaires de chimiothérapies.
Non seulement l’amendement voté permet des tests mais il prévoit aussi un budget. Enfin le président Macron l’a dit lors de son déplacement sur l’île de la Réunion : la Creuse peut devenir une zone de production, mais encore faut-il que les autorisations sanitaires et administratives nous le permettent et on les attend encore.
Vous n’avez pas encore les autorisations nécessaires ?
Non. Les autorisations tardent à venir. En France aujourd’hui on n’a pas d’autorisation pour transformer la plante en principe actif. Ça traîne ; et pourtant nous sommes prêts. 21 pays européens sur 28 en produisent déjà : le Portugal, l’Allemagne, la Hollande bien sûr mais aussi la Suisse. On a des exemples de filières structurées autour de nous, inspirons-nous-en ! la France n’est pas une île à part. Nous sommes en retard. Il y a un vrai tabou autour du cannabis, les gens craignent que les patients traités rentrent dans une addiction.
« Je ne m’explique pas ce tabou »
Dafalgan, Tramadol, aujourd’hui on prescrit des médicaments à base de dérivés de morphine. L’opium c’est autrement plus grave en termes de risques sanitaires et que je sache les gens n’entrent pas dans une dépendance. D’ailleurs on produit déjà de l’opium en France, en Charentes, par exemple, les champs de pavots permettent de fabriquer de la morphine de base qui permet de produire des antalgiques. Comment peut-on le faire à partir de l’opium et pas avec le cannabis ? Je ne m’explique pas ce tabou.
Si la production en Creuse tarde, d’autres pays déjà producteurs ont déjà fait part de leur intérêt pour cette expérimentation en France ?
Aujourd’hui le gouvernement est très courtisé par des entreprises canadiennes, ou australiennes. Ce sont des lobbys très puissants. On les trouve dans tous les salons sur le sujet. Ils ont une stratégie agressive. Je pense notamment à une entreprise Aurora qui a proposé de fournir gratuitement le cannabis thérapeutique pour les essais.
« Aujourd’hui le gouvernement est très courtisé par des entreprises canadiennes, ou australiennes. Ce sont des lobbys très puissants »
J’ai la crainte que l’on passe à côté du développement d’une filière en France. J’ai proposé qu’on fasse appel à trois producteurs distincts, trois filières de productions distinctes. Les agriculteurs de la Creuse sont prêts, à Guéret on a un laboratoire qui sait déjà faire et qui a déjà produit des stupéfiants pour soulager la douleur. On est prêts à construire les serres aux normes. Oui, il y a un risque qu’un seul laboratoire apporte gratuitement la matière première. Si on accepte des dons, ils seront bien implantés quand après l’expérimentation, je n’en doute pas, on passera à une autorisation globale.
Combien de temps vous faut-il pour entrer en production ?
Il faut qu’il y ait un changement législatif rapide. Nous avons besoin de 10 à 12 mois pour organiser, tester la production. Il faut aussi élargir le catalogue des graines qu’on peut faire pousser. On est déjà en retard. Nous ne serons jamais prêts pour le début de l’année prochaine.
Je me demande comment dans un marché de l’emploi sinistré notamment en Creuse, comment on peut passer à côté de cette possibilité. Ça m’inquiète. J’ai lancé cette idée de production creusoise en 2017, dans le plan particulier pour la Creuse.
Pour les agriculteurs, qui travaillent 70 heures pour 700 euros par mois ce serait un formidable complément de revenus. Ça a déjà changé l’image du département. Je reçois des coups de fil d’investisseurs israéliens, américains et français bien sûr. Certains sont prêts à financer la construction de serres, et d’autres prévoient d’investir plusieurs millions d’euros. Un avocat d’affaires bordelais m’a appelé pour un de ses clients qui cherche à racheter une ferme.
On attend le feu vert de l’État.
Pour prolonger ce débat autour du développement des territoires ruraux, ne manquez pas notre débat dans l'émission "Un monde en docs : Loin de la ville, près du bonheur" animé par Jérôme Chapuis
samedi 16 novembre à 22 heures sur Public Sénat.