Départementales : LR mise sur la stabilité grâce à la prime aux sortants

Départementales : LR mise sur la stabilité grâce à la prime aux sortants

La droite détient la majorité des départements, qui seront renouvelés en même temps que les régions, les 20 et 27 juin. « On peut perdre quelques départements, deux ou trois », selon le sénateur LR Jérôme Bascher, mais la droite espère prendre le Val-de-Marne au PCF ou même la Seine-Saint-Denis avec le sénateur Philippe Dallier. Une bascule du Vaucluse de LR au RN n’est en revanche « pas impossible ».
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Une élection peut en cacher une autre. Et celle-ci est particulièrement bien cachée, tant les Français, les politiques comme les médias en parlent peu. Ce sont les départementales. Les 20 et 27 juin, les Français sont appelés aux urnes pour renouveler les conseils régionaux, mais aussi les assemblées départementales.

« Pas de bouleversement »

Les départements sont actuellement majoritairement détenus par la droite et le centre. LR avait bénéficié d’une vague bleue en 2015, prenant 29 départements à la gauche. La droite dirige 62 des 101 départements, dont 32 rien que pour les LR, une dizaine pour l’UDI et le reste avec des divers droite. Autant dire que le parti de Christian Jacob, qui a traversé une crise lors du psychodrame sur les régionales en PACA, aborde les départementales plus sereinement. En réalité, la rue de Vaugirard, siège des LR, a laissé les mains libres aux fédérations départementales, dans une élection avant tout local. « Chacun est à sa tambouille », résume Jérôme Bascher, sénateur LR de l’Oise et lui-même candidat dans ce département que la droite avait pris à la gauche en 2015.

Globalement, on prédit une certaine « stabilité » à droite. Du côté du groupe LR du Sénat, on n’attend « pas de bouleversement ». « Il y aura une prime aux sortants qui donnera une stabilité », confirme la sénatrice Laure Darcos, présidente de la fédération LR de l’Essonne et candidate dans le canton de Gif-sur-Yvette. « Je fais confiance à la qualité de nos élus locaux. On l’a vu lors des municipales, dans les villes moyennes, conservées par la droite. On peut tout à fait renouveler ce succès des municipales aux départementales », croit le sénateur LR Philippe Dallier, candidat dans le canton de Bondy/Pavillons-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. « Les LR peuvent stabiliser voire améliorer leur score, à l’échelle nationale », ajoute Jean-François Rapin, sénateur LR du Pas-de-Calais, où remporter le département lui semble en revanche « compliqué ».

« 90 % des gens ne savent pas qu’il y a des départementales en même temps que les régionales ! »

Reste que personne ne parle du scrutin. « C’est vrai que la visibilité des départementales est beaucoup plus difficile cette fois-ci, entre le poids des régionales et les binômes mis en place, qui ne sont pas toujours constitués de candidats de la même famille politique », note Jean-François Rapin. « Le canton, ça parle surtout à la ruralité. Et les médias nationaux n’en parlent pas car ils sont tous parisiens, et il n’y a pas de départementales à Paris », pointe du doigt Jérôme Basher.

« 90 % des gens ne savent pas qu’il y a des départementales en même temps que les régionales ! » se désole Laure Darcos, « abasourdie par la méconnaissance des électeurs de ce que les départements apportent dans leur quotidien, alors que ça touche les collèges, tout l’aspect social avec le RSA. C’est assez délirant ». Illustration de ce désintérêt : Laure Darcos rencontre « de grandes difficultés à trouver le double d’assesseurs pour les deux scrutins ».

« Il peut y avoir un effet d’entraînement avec les régionales »

Mais selon celle proche de Valérie Pécresse, « le point positif, c’est qu’on bénéficie de la médiatisation des régionales ». « Il peut y avoir un effet d’entraînement », espère aussi Philippe Dallier, qui fait ce vendredi une conférence de presse avec la présidente de la région Ile-de-France puis un meeting le soir. « Finalement, le fait que les régionales soient en même temps va favoriser la participation » aux départementales, qui s’annonce malgré tout faible, ajoute Jérôme Bascher, qui « joue énormément la carte locale ».

Selon Jérôme Bascher, il est possible en réalité que la droite recule légèrement dans ce scrutin. « On a fait un décompte au Sénat, et au parti. On peut perdre quelques départements, deux ou trois, mais pas plus au global. On peut aussi en gagner quelques-uns, notamment le Val-de-Marne, historiquement communiste, qui pourrait être un des derniers bastions à tomber. Mais globalement, ce sera stable », analyse le sénateur LR de l’Oise. Autre point sensible que relève Jérôme Bascher :

On peut perdre le Vaucluse, qui peut passer au RN. Il y a un canton d’écart. C’est à scruter, avec l’ambiance Mariani en PACA.

Un basculement du Vaucluse de LR au RN n’est « pas impossible », reconnaît Alain Milon, sénateur LR du département, « mais il reste deux semaines de campagne », tempère-t-il.

« En Ile-de-France, on est tous tournés sur la Seine-Saint-Denis et surtout le Val-de-Marne »

Côtés gains possibles, « en Ile-de-France, on est tous tournés sur la Seine-Saint-Denis et surtout le Val-de-Marne, où ils ont l’air d’être confiants », confirme Laure Darcos. En Seine-Saint-Denis, Philippe Dallier rêve de faire basculer cette terre de gauche à droite. « C’est la première fois depuis 50 ans que l’opportunité se présente de prendre le département à la gauche. Il manque deux cantons pour faire basculer le département. Il y en a trois qui pourraient basculer de gauche à droite et deux cantons que nous détenons, un peu plus incertains. L’un dans l’autre, il est possible qu’il y ait une nouvelle majorité le 27 juin », espère Philippe Dallier, qui pense que « rien n’est écrit ». Tout se jouera dans ces « cinq cantons qui sont les swing states », sourit le sénateur LR, qui entend renforcer l’accompagnement aux allocataires du RSA, trop faible à ses yeux.

Mais Philippe Dallier craint l’abstention, alors que les cantons sont en Ile-de-France un échelon territorial beaucoup moins identifié que dans les zones rurales. Conclusions de Philippe Dallier :

L’enjeu de la mobilisation de son camp est encore plus que d’habitude crucial.

« En Essonne, ça va se jouer à un canton près »

En Essonne, la droite avait pris le département au PS en 2015. Mais les choses s’annoncent compliquées. « On avait une majorité assez confortable, mais après les municipales, où la gauche a repris des bastions importants, comme Athis-Mons ou Corbeille Essonne, ça va se jouer à un canton près. Ça va être très serré », prédit Laure Darcos. « Et malheureusement, je n’ai pas pu empêcher des candidatures dissidentes dans quelques cantons stratégiques », regrette la sénatrice de l’Essonne.

« Dans le Nord, ça va être chaud »

Dans le département du Nord, le sortant Jean-René Lecerf, ex-LR devenu Macron compatible, ne se représente pas. De quoi rebattre les cartes et compliquer la lecture dans un département où la droite se divise et où le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lui aussi ex-LR, est candidat. « Lecerf fout la merde dans le département », lâche un responsable local de la droite. « Dans le Nord, ça va être chaud », prévient Hervé Marseille, président du groupe Union centriste au Sénat et sénateur UDI. Il pointe « la tambouille de Jean-René Lecerf, qui a favorisé la majorité présidentielle dans les accords ».

« Globalement, le département devrait rester à droite, mais les scores vont être très serrés », pense le sénateur LR du département, Marc-Philippe Daubresse. « La sénatrice UDI Valérie Létard est candidate avec le soutien de LR et de l’UDI. Et elle est binôme avec le maire de Valencienne et elle va gagner », espère l’ancien ministre. Si Christian Poiret, le dauphin de Jean-René Lecerf « ne gagne pas à Douai, Valérie Létard a ses chances pour gagner le département », ajoute Marc-Philippe Daubresse.

« En Seine-et-Marne, c’est compliqué. C’est la grosse bagarre »

Si l’UDI est avec LR dans certains territoires, ce n’est pas partout la franche camaraderie. « En Seine-et-Marne, c’est compliqué. C’est la grosse bagarre », lâche Hervé Marseille. Le président sortant du département, l’UDI Patrick Septiers, est menacé par le député LR Jean-François Parigi, candidat pour tenter de lui ravir la Seine-et-Marne. L’ombre de Jean-François Copé, dont il est l’ancien bras droit à la mairie de Meaux, n’est pas loin.

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