« Incertaine ». C’est l’adjectif choisi par les magistrats de la Cour des comptes, dans leur rapport annuel, pour qualifier la trajectoire de redressement budgétaire. Inquiet de la remontée des taux d’intérêt sur le marché de la dette, le sénateur LR Jérôme Bascher a demandé un commentaire aux ministres de Bercy, ce 16 février, lors de la séance des questions au gouvernement. « Voilà dix ans que nos déficits ne cessent d’augmenter, quelle que soit la croissance, mauvaise comme exceptionnelle […] Est-ce que vous êtes aussi alarmés pour les finances publiques que la Cour des comptes ? »
Bruno Le Maire étant retenu au sommet spatial de Toulouse, c’est le ministre chargé des Comptes publics, Olivier Dussopt, qui s’est chargé de la réponse. « J’entends les quolibets, j’entends les rires. Toujours les mêmes oiseaux de mauvais augure qui préfèrent les mauvaises nouvelles aux bonnes », s’est étonné le ministre. En évoquant des « chiffres rassurants », l’ancien socialiste s’est fait quelque peu chahuter sur les bancs de la droite. La croissance à 7 % en 2021 a permis, selon lui, d’accroître les rentrées fiscales, et donc de « réduire les déficits plus rapidement que prévu ». Le déficit public, qui était attendu à 8,2 %, a été limité à 7 % en 2021. Quant à la dette, sa part a finalement atteint 113,6 % du PIB, moins que les 120 % qui étaient redoutés.
Olivier Dussopt a surtout contre-attaqué en accusant la majorité de droite d’avoir augmenté en 2011 les impôts de « quinze milliards d’euros », et surtout en citant Valérie Pécresse, ministre du Budget de juin 2011 à mai 2012. « Il y a un choix que nous ne faisons pas, le choix de facilité, c’est d’augmenter les choix. »
Pas de quoi fanfaronner, estime Jérôme Bascher, revenu devant le micro pour une réplique. « Contrairement à Talleyrand qui disait quand je me compare, je me console, et quand je me regarde, je me désole. Vous, c’est exactement l’inverse. Vous vous consolez en vous regardant. Il faut se désoler quand on se compare ! L’Allemagne fait mieux que nous. Mais pire, la Grèce rembourse avec deux ans d’avance la dette qu’elle doit au FMI. » Le sénateur a notamment rappelé l’inquiétude du Fonds monétaire international à l’égard de la France. En 2019, avant la crise sanitaire, l’institution avait épinglé la dette française « trop élevée et sujette à inquiétude ». Et l’aggravation du déficit commercial de la France à un niveau historique en 2021, à 84,7 milliards d’euros, n’arrange rien, selon le sénateur. « Dans quel état laissez-vous la France ? C’est une honte », a conclu le sénateur de l’Oise