Elle était redoutée, anticipée, mais son annonce ce matin à Bruxelles résonne comme un coup de massue. Le gouvernement français condamne fermement l’interdiction par la Commission européenne de la fusion entre Siemens et Alstom, et de leur projet de groupe ferroviaire européen. Pour Bruxelles, ce mariage était contraire aux règles de la concurrence au sein de l’Union européenne.
« C’est une erreur économique, qui repose sur une analyse – que nous contestons – des règles de la concurrence, du marché pertinent et des intérêts économiques de l’Europe », a réagi Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, juste avant la reprise de la discussion au Sénat du projet de loi Pacte. Le ministre a aussi qualifié cette décision de « faute politique ». « Elle va renforcer l’industrie chinoise et affaiblir l’industrie européenne ». « C’est un mauvais choix pour l’Europe, un mauvais choix pour l’industrie européenne et un mauvais choix pour nos entreprises », a-t-il poursuivi.
« Des règles définies au XXe siècle »
Bruno Le Maire est convaincu que ce rapprochement aurait pu permettre à ce groupe de « lutter à armes égales », avec le géant chinois du rail CRRC, qui s’est imposé sur la scène internationale.
Le ministre français a annoncé qu’avec son homologue allemand il allait travailler dans les prochaines « semaines » à des propositions pour faire évoluer les règles de fonctionnement de l’Union européenne. Selon lui, les règles de la concurrence actuelles sont datées. « Elles visent à protéger avant tout le consommateur. Elles ne protègent pas nos emplois ». Bruno Le Maire aimerait également que les chefs d’État aient aussi la possibilité de contester les décisions de la Commission européenne. Des propositions sur le « renforcement de l’industrie européenne » seront également sur la table.
Fusion Alstom-Siemens refusée : Le Maire annonce une initiative franco-allemande
Images : Yann Quercia et Jonathan Dupriez