Jean-Baptiste Djebbari, promu du secrétariat d'Etat aux Transports au poste de ministre délégué, a enchaîné les crises depuis son entrée au gouvernement, face aux agents de la SNCF et de la RATP en grève contre la réforme des retraites puis au chevet du secteur aérien mis à terre par le coronavirus, quitte à se mettre "en scène" selon ses détracteurs.
Nommé en septembre secrétaire d'Etat aux Transports dans le gouvernement Philippe, le député de la Haute-Vienne de 38 ans a fait ses premiers pas au gouvernement en défendant devant les députés le tentaculaire projet de loi sur les mobilités et en tentant - sans succès - de sauver de la faillite les compagnies aériennes Aigle Azur et XL Airways.
S'il a été reconduit lundi dans le gouvernement du nouveau Premier ministre Jean Castex en conservant la charge des Transports, c'est avec le grade plus élevé de "ministre délégué".
Après avoir débuté comme contrôleur aérien, ce jeune homme pressé est devenu pilote puis directeur des opérations pour une société spécialisée dans les vols d'affaires. Il a également été expert judiciaire aéronautique.
Travaillant en 2015 à la création d'une compagnie aérienne interrégionale, il a rencontré Emmanuel Macron, alors ministre, et s'est engagé dans sa campagne présidentielle.
Député, il s'est fait connaître en 2018 comme rapporteur du projet de réforme ferroviaire. Jean-Baptiste Djebbari s'entend bien avec la ministre des Transports d'alors Elisabeth Borne et met de l'huile dans les rouages avec les syndicats de la SNCF.
Visage anguleux, débit de mitraillette, ambitions affichées... L'ancien porte-parole du groupe des "marcheurs" à l'Assemblée est depuis devenu un habitué des plateaux et caméras de télévision.
Il y a notamment été omniprésent en décembre lors de la grève dans les transports publics.
Il multiplie alors interventions sur le terrain et dans les médias avec cinq apparitions rien qu'au premier jour de la grève, d'une rencontre dès potron-minet avec des agents de la RATP à une participation à une émission de divertissement en "prime time" pour vendre le projet de réforme des retraites et promouvoir des moyens de transport alternatifs.
"C'est un acteur, il se met en scène, il se fait prendre en photo avec des non-grévistes", mais ne cherche pas "à trouver une autre porte de sortie au conflit", raille alors Frédéric Ruiz, président de la CFE-CGC RATP. "Personnage sympathique au demeurant", il est selon lui "à l'image du gouvernement, c'est un amateur".
- Des retraites au coronavirus -
Moins vachard, un responsable syndical de la SNCF qui l'avait déjà côtoyé en 2018 évoque un homme "très accessible", "capable d'entrer dans les sujets malgré l'absence d'expérience préalable".
Jean-Baptiste Djebbari le 29 juin 2020 à Paris
AFP/Archives
Il a dû enchaîner avec une crise majeure: l'épidémie de Covid-19. Compagnies aériennes à genoux, transports publics terrestres sous tension et flux logistiques à maintenir coûte que coûte pour assurer l'approvisionnement d'une population confinée, Jean-Baptiste Djebbari est à nouveau partout.
"Il est pas mal quand il fait le show devant les caméras de BFM, mais derrière il n'y a rien", persifle un acteur des transports publics. Ses visites à répétition sur le terrain sont vite qualifiées de "djebbarettes".
Son activisme pour sauver la compagnie aérienne nationale vaut également quelques rancoeurs au "sous-ministre des avions".
Le président de la fédération des compagnies aériennes (Fnam) Alain Battisti loue pour sa part son engagement, estimant qu'il a été "très présent" lors de cette crise.
Issu d'une famille modeste de quatre enfants aux racines berbères lointaines, ce natif de Melun, passé par l'Ecole nationale de l'aviation civile (ENAC), est marié et père de jeunes jumeaux.
Demi de mêlée de rugby, il avait manqué "à son grand regret" la Coupe du monde des parlementaires au Japon avec le XV parlementaire à cause de son entrée au gouvernement.
Et comme au rugby, "il y a toujours un peu de combat" en politique, confiait-il en décembre. "Ce n'est pas mal le combat en démocratie, cela peut être un combat respectueux. Au rugby, vous combattez pendant 80 minutes et après vous faites la troisième mi-temps ensemble et dans la bonne humeur."
La liste sur laquelle il figurait a recueilli 7,7% des voix au premier tour des municipales à Limoges.
Après avoir reçu ce matin les présidents des Assemblées, Yaël Braun Pivet et Gérard Larcher, le premier ministre réunit à 15 heures les autres formations consultées en vue de la « formation rapide » d’un gouvernement. Mais la prudence est de mise. Alors qu’Emmanuel Macron a refusé une première ébauche, cette fois, ce sera « à prendre ou à laisser », soutient-on chez les LR.
Ce jeudi, Jean-Noël Barrot, ministre délégué démissionnaire chargé de l’Europe et vice-président du MoDem était l’invité de la matinale de Public Sénat. Il a notamment évoqué les rumeurs d’une augmentation des impôts dans le projet de loi de finances pour 2025, ainsi que de la non-transmission de documents budgétaires par le gouvernement au Parlement.
La composition du gouvernement de Michel Barnier se fait attendre et la question d’une éventuelle hausse d’impôt, comme le casting, cristallisent les tensions. Le premier ministre a annulé au dernier moment une rencontre avec Gabriel Attal. Au sein de Renaissance, on met en garde Michel Barnier sur la tentation d’une politique trop éloignée du bloc central.
Michel Barnier juge la situation budgétaire « très grave » et demande « les éléments pour en apprécier l’exacte réalité », déclare le premier ministre. Quelques minutes avant, Matignon annonçait qu’une réunion avec Gabriel Attal était « décalée ». La cause officieuse : Gabriel Attal aurait imposé « une délégation de huit personnes », dont Elisabeth Borne et Gérald Darmanin, alors que la « règle » est de venir à trois maximum. « Sur les modalités, ils nous ont mis un peu devant le fait accompli », grince l’entourage de Michel Barnier