Juppé abandonne le « combat politique » : « l’envie me quitte »
"L'envie me quitte tant le contexte change": Alain Juppé a expliqué jeudi, des sanglots dans la voix, qu'il quittait la mairie de...

Juppé abandonne le « combat politique » : « l’envie me quitte »

"L'envie me quitte tant le contexte change": Alain Juppé a expliqué jeudi, des sanglots dans la voix, qu'il quittait la mairie de...
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

"L'envie me quitte tant le contexte change": Alain Juppé a expliqué jeudi, des sanglots dans la voix, qu'il quittait la mairie de Bordeaux et le "combat politique" pour le Conseil Constitutionnel, parce que "l'esprit public est devenu délétère".

L'ex-Premier ministre de 73 ans, qui a accepté mercredi de rejoindre l'assemblée des Sages, a dit devant la presse et son équipe municipale venue en nombre, pourquoi, à la surprise générale de la capitale girondine, il allait quitter l'Hôtel de Ville. Une décision qui est "pour moi un crève-coeur".

M. Juppé, qui voit sa ville défigurée chaque samedi par les débordements lors des manifestations des "gilets jaunes", a dénoncé "la montée de la violence sous toutes ses formes, verbales et physiques, le discrédit des hommes et des femmes politiques réputés +tous pourris+, la stigmatisation des élites dont tout pays a pourtant besoin (...) dans ce climat général infecté par les mensonges et les haines que véhiculent les réseaux sociaux".

"L'esprit public, la vie publique sont difficiles à vivre et lourdes à porter (...) Aujourd'hui, aucune fonction n'inspire plus le respect à nos concitoyens, il faut agresser, il faut insulter, systématiquement", a dénoncé Alain Juppé, qui a pour autant nié avoir pris sa décision en raison du mouvement des "gilets jaunes", dont sa ville est un des bastions.

"Il n'y a aucun lien de cause à effet entre ces manifestations et ma décision, naturellement. Ce que j'ai voulu évoquer, c'est plus un climat général, c'est cette dégradation de l'esprit public", a insisté celui qui s'est revendiqué à plusieurs reprises de "l'ancien monde".

M. Juppé, qui a dû "se décider en 24 heures" après la proposition de président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand, a donné "deux raisons" pour l'avoir acceptée : la volonté "de ne pas faire le mandat de trop" et "le besoin de renouvellement qui monte ici et là. Le temps est venu de nouveaux visages et de nouvelles équipes", a-t-il lancé.

- "Place à la relève" -

Celui qui fut maire de Bordeaux pendant près de 25 ans a expliqué qu'il se refusait à "désigner un dauphin". "Nous ne sommes pas en monarchie", a-t-il ajouté. "Je ne jouerai pas à la statue du commandeur. Place maintenant à la relève".

Celui qui est aussi président de Bordeaux Métropole a précisé qu'il réunirait "cette semaine" les élus de sa majorité et "c'est collectivement que nous choisirons celui ou celle qui se présentera ensuite aux suffrages" des conseils municipaux et métropolitains.

Les élus locaux mentionnaient les noms de son adjoint chargé des finances, Nicolas Florian (LR), 50 ans, pour la mairie "un nom qui fait consensus"- et de Patrick Bobet, le maire LR du Bouscat, en banlieue, pour la présidence de Bordeaux Métropole.

Les sanglots dans la voix, et longuement applaudi, Alain Juppé a assuré qu'il "n'avait pas pris sa décision de gaité de coeur". "Avec Bordeaux et avec son peuple, nous sommes en quelque sorte un vieux couple. C'est un arrachement de me séparer de qui j'ai tant aimé, à qui j'ai tant donné et qui m'a tant donné en retour".

"Je garderai en moi sa marque indélébile", a-t-il ajouté en précisant qu'il ne "quittait pas vraiment" Bordeaux où son épouse "Isabelle et moi y garderons notre résidence".

M. Juppé, qui succèdera à Lionel Jospin au Conseil constitutionnel, a précisé qu'il prendrait ses fonctions début mars et démissionnerait alors de tous ses mandats.

Aux commandes de la ville depuis 1995 - hormis une courte interruption après sa condamnation à 14 mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité pour "prise illégale d'intérêt" dans l'affaire des emplois fictifs du RPR - et toujours réélu au premier tour, M. Juppé est le maire qui a métamorphosé la "belle endormie" de ville noire et polluée en cité attractive.

Edouard Philippe a évoqué jeudi depuis Brest l'émotion d'Alain Juppé, qui ne l'a "pas du tout surpris" car "il a donné beaucoup à la ville de Bordeaux, il l'aime profondément". "Même si Alain Juppé a toujours l'image d'un homme parfois sec, austère, en tout cas moi qui le connais bien, je sais que c'est quelqu'un d'extrêmement sensible et dont les émotions sont toujours maîtrisées mais souvent très intenses", a ajouté le Premier ministre.

Partager cet article

Dans la même thématique

MAcron 3 ok
10min

Politique

« Labellisation » des médias : la polémique enfle entre Emmanuel Macron, les médias Bolloré, LR et RN

En parlant de « labellisation » des médias, qui serait faite par les journalistes et non l’Etat, Emmanuel Macron a suscité l’ire des médias du groupe Bolloré, comme du RN et des LR. Au point que l’Elysée réponde en vidéo pour démentir les « fausses informations », au risque de relancer la polémique. Sur le fond, le sujet divise. Le sénateur LR, Olivier Paccaud, va jusqu’à parler de « dérive totalitaire », quand la sénatrice PS, Sylvie Robert, salue les propos « salutaires » d’Emmanuel Macron.

Le

Mericourt: Emmanuel Macron meets with  readers of the Ebra group,
6min

Politique

Labels et régulations des médias : ce qui existe en France et en Europe

En lançant l’idée de la création d’un « label » pour les médias, Emmanuel Macron a suscité un tollé dans une partie de la classe politique. Pourtant, en France et en Europe, de nombreux acteurs, publics et privés, participent à la régulation des médias et cherchent à orienter la production des contenus vers un respect maximum des règles d’éthique et de déontologie.

Le

Juppé abandonne le « combat politique » : « l’envie me quitte »
3min

Politique

Lutte contre la vie chère : Le Sénat vote la pérennisation du taux de TVA à 0 % sur les produits de première nécessité en Outre-mer

Un mois après l’adoption du projet de loi contre la vie chère, le Sénat a inscrit dans le budget 2026 l’un des engagements du gouvernement après les manifestations qui avait secoué la Martinique l’année dernière. Alors qu’il est prévu jusqu’à fin 2027, les élus ont voté le taux de TVA à 0 % sur les produits de première nécessité en Guadeloupe, Martinique et à La Réunion.

Le

Draguignan:  David Rachline appeared in criminal court
2min

Politique

David Rachline démissionne de la vice-présidence du RN

Visé par plusieurs enquêtes, le maire de Fréjus, David Rachline, a annoncé mardi sa démission de la vice-présidence du Rassemblement national. À 37 ans, l’un des plus anciens cadres du mouvement dit vouloir éviter que les accusations le visant ne parasitent la campagne du RN.

Le