Des milliers de personnes se sont rassemblées mardi soir à Paris et partout en France pour protester contre la multiplication des actes antisémites dans l'Hexagone, illustrée le jour-même par la découverte de 96 tombes juives profanées dans un cimetière alsacien, et contre laquelle Emmanuel Macron a promis la plus grande fermeté.
"La République est un bloc", a déclaré le président de la République au Mémorial de la Shoah, où il s'est rendu en fin de journée en compagnie des présidents des deux chambres du Parlement pour se recueillir et déposer une gerbe.
Au même moment, la place de la République à Paris était noire de monde, la foule de 20.000 personnes selon le PS brandissant ici ou là des pancartes "Ça suffit" - le mot d'ordre du rassemblement -, "non à la banalisation de la haine". Une cinquantaine de partis, associations, mouvements avaient appelé à faire front commun contre l'antisémitisme, à l'initiative du premier secrétaire du PS Olivier Faure.
Le président Emmanuel Macron (c), le président du Sénat Gérard Larcher (g) et le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand (d) au mémorial de la Shoah, le 19 février 2019 à Paris
POOL/AFP
Le Premier ministre Édouard Philippe, accompagné de plusieurs membres du gouvernement, a pris place au sein d'un périmètre sécurisé où se pressaient de nombreux représentants politiques.
"Se rassembler, c'est nécessaire. Ça n'est pas suffisant, mais c'est nécessaire pour dénoncer ce qui n'est pas acceptable. Ensuite il y aura du travail d'éducation, de formation, probablement un travail législatif, aussi", a déclaré M. Philippe à l'issue de la cérémonie.
- "Un test pour la nation" -
Les anciens présidents de la République François Hollande et Nicolas Sarkozy étaient présents, ainsi que le président de LR Laurent Wauquiez ou le délégué général de La République en marche Stanislas Guerini.
Le président Emmanuel Macron (c), le président du Sénat Gérard Larcher (g) et le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand (d) au mémorial de la Shoah, le 19 février 2019 à Paris
POOL/AFP
"L'antisémitisme, ça n'est pas l'affaire des juifs, c'est l'affaire de tous les Français", a déclaré M. Hollande. "Un certain nombre d'individus provoquent, insultent l'autorité de l'État. L'État doit répondre. Je suis sûr qu'il le fera, mais il faut le faire maintenant et avec une fermeté extrême", a de son côté affirmé M. Sarkozy.
La cérémonie démarrée vers 19H30 s'est achevée vers 20H00. Elle s'est ouverte sur une intervention du rabbin Delphine Horvilleur. "Quand l'antisémitisme ressurgit, d'où qu'il vienne et quelques nom qu'il porte, quand grandit la haine de l'autre, sous toutes ses formes, il s'agit d'un test pour la nation, le test de sa dignité et de sa grandeur. Parfois la République donne rendez-vous à ses enfants sur une place et elle nous demande : +sauras-tu être à la hauteur ?+", a-t-elle déclaré devant la foule recueillie.
Le chanteur Abd al Malik a conclu en chantant la Marseillaise, la voix étranglée par l'émotion. Entretemps, plusieurs jeunes ont lu des textes, symbole de la volonté des organisateurs de sensibiliser la jeunesse à la lutte contre l'antisémitisme.
Le président Emmanuel Macron regarde les tombes profanées au cimetière de Quatzenheim, le 19 février 2019 dans le Bas-Rhin
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Des "gilets jaunes" avaient fait le déplacement, notamment Côme Dunis et Frédéric Mestdjian, de la liste "Ralliement d'initiative citoyenne", souhaitant démentir par leur présence le fait que le mouvement des gilets jaunes soit gangréné par l'antisémitisme. Le philosophe Alain Finkielkraut avait été la cible d'insultes antisémites, samedi en marge d'une manifestation de "gilets jaunes".
Le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon avait lui fait le choix de participer à un rassemblement à Marseille. "Toute forme de discrimination de racisme, d'antisémitisme, de sexisme et d’homotopie, incarnent ce que nous pouvons appeler le mal", a déclaré M. Mélenchon, mettant en garde une nouvelle fois contre "une utilisation politicienne de ces circonstances".
Un doute a brièvement régné sur la participation à ces rassemblements de la France insoumise, qui ne faisait pas partie de la liste des premiers signataires de l'appel lancé par M. Faure.
Carte de localisation de Quatzenheim où quelque 80 tombes d'un cimetière juif alsacien ont été découvertes profanées mardi
AFP
Ils étaient également des milliers dans quelque 70 villes de France. "C'est la première manifestation de ma vie à laquelle je participe, j'ai pensé que c'était la bonne occasion", a expliqué Jean-Marc, 62 ans, à Nantes.
La présidente du Rassemblement national Marine Le Pen s'est de son côté recueillie à Bagneux (Hauts-de-Seine), devant une plaque en hommage à Ilan Halimi, jeune juif tué en 2006 après avoir été séquestré et torturé. Elle avait dénoncé dans la journée le fait que M. Faure ne l'ait pas invitée à signer l'appel.
A l'Assemblée, M. Philippe a paru prendre lui aussi ses distances avec ce choix de M. Faure, appelant à "l'union sacrée" face à l'antisémitisme et à des manifestations "sans exclusive".
- "On punira" -
Plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron s'était rendu au cimetière de Quatzenheim (Bas-Rhin), où 96 tombes juives ont été profanées.
Une profanation qui a conduit le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à dénoncer un acte "choquant" commis par de "sauvages antisémites", et à appeler les dirigeants français et européens à prendre "fortement position contre l'antisémitisme". Son ministre de l'Immigration Yoav Gallant a invité les juifs de France à "rentrer à la maison" en émigrant vers l'État hébreu.
"On prendra des actes, on prendra des lois et on punira", a déclaré le chef de l'État. Accompagné du grand rabbin de France Haïm Korsia et portant la kippa, il s'est recueilli devant plusieurs tombes, marquées à la bombe de croix gammées bleues et jaunes.
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Le gouvernement n'est en revanche pas favorable à la pénalisation de l'antisionisme, une proposition émanant de députés membres du groupe d'études de l'Assemblée nationale sur l'antisémitisme.
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