Le ministre de la Justice évoque une « sortie de l’état d’urgence »
Les conditions sont réunies pour "une sortie de l'état d'urgence", instauré en France au soir des attentats jihadistes du 13...

Le ministre de la Justice évoque une « sortie de l’état d’urgence »

Les conditions sont réunies pour "une sortie de l'état d'urgence", instauré en France au soir des attentats jihadistes du 13...
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Les conditions sont réunies pour "une sortie de l'état d'urgence", instauré en France au soir des attentats jihadistes du 13 novembre 2015 et prolongé jusqu'au 15 juillet 2017, a estimé mercredi le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas.

"Nous avons créé les conditions qui rendent possible une sortie de l'état d'urgence", a-t-il déclaré dans un discours prononcé à la suite d'une rencontre avec le vice-président du Conseil d'Etat et les présidents des juridictions administratives.

La décision reviendra toutefois à la majorité issue des urnes après la présidentielle et les législatives. Toute nouvelle prolongation de l'état d'urgence doit en effet être soumise au Parlement.

Le chef de l'Etat peut lui décider à tout moment de mettre fin à ce régime d'exception par un décret en Conseil des ministres.

L'arsenal législatif mis en place, avec le vote par le Parlement de trois lois sur le renseignement et le renforcement de la lutte antiterroriste, rend possible une sortie de l'état d'urgence "sans nous affaiblir ni demeurer impuissants face à la menace du terrorisme", selon le texte du discours de M. Urvoas transmis par ses services.

"Nous avons su nous adapter à une situation dramatique, tout en ménageant la règle de l'Etat de droit et la protection des libertés individuelles", a assuré le ministre de la Justice, rappelant que le nombre de personnes mises en examen ou condamnées dans des affaires en lien avec le terrorisme a augmenté "de plus de 50 %" et que "le nombre de perquisitions administratives ne cesse de baisser".

Lors d'un colloque fin février, les plus hauts magistrats de France avaient estimé que l'état d'urgence devait rester un régime d'exception "temporaire". "La sauvegarde de l'ordre public autorise des restrictions ponctuelles à certaines libertés", mais, avait notamment souligné le vice-président du Conseil d'Etat Jean-Marc Sauvé citant un grand principe de justice administrative énoncé en 1917, "la liberté est la règle et la restriction de police l'exception".

"L'état d’urgence n'est pas un instrument ordinaire de la lutte antiterroriste", a rappelé mercredi Jean-Jacques Urvoas, se référant aux propos de François Hollande le jour de la Fête nationale dans une interview télévisée.

En décembre, le Parlement a voté la prolongation de l'état d'urgence jusqu'au 15 juillet, ce qui permet d'englober la période des élections présidentielle et législatives et qui fait tomber le record de durée ininterrompue de ce régime d'exception - 20 mois - depuis sa création pendant la guerre d'Algérie.

Ces reconductions à répétition ainsi que la multiplication des lois sécuritaires suscitent l'inquiétude de nombreuses ONG de défense des droits de l'Homme.

Amnesty International avait par exemple estimé en janvier que la France jouait un rôle de "leader" dans le mouvement qui aboutit à une "régression continue" des droits en Europe, au nom de la lutte antiterroriste.

Partager cet article

Dans la même thématique

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

Le ministre de la Justice évoque une « sortie de l’état d’urgence »
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le

Photo horizontale Hollande
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : « Je vois des victimes qui sortent du Bataclan, le regard hagard… », se remémore François Hollande

ENTRETIEN – Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, l'ancien président de la République revient auprès de Public Sénat sur le déroulé des attaques terroristes de Seine-Saint-Denis et de Paris. Il détaille la gestion de la crise et les décisions prises cette nuit-là, mais analyse aussi l'évolution du pays face à cette épreuve.

Le