Législatives : Le PS dans l’ombre d’En Marche

Législatives : Le PS dans l’ombre d’En Marche

Le Parti socialiste a présenté ses candidats et validé ce mardi sa plateforme programmatique pour les législatives. Il veut s’inscrire dans une « autonomie constructive » dans le futur quinquennat pour aider Emmanuel Macron à « réussir ».
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La déclaration de Manuel Valls sur RTL ce matin a jeté un froid sur le coup d’envoi de la campagne des législatives au Parti socialiste. Donné pour « mort » par l’ancien Premier ministre, qui a déclaré vouloir être « candidat de la majorité présidentielle », le PS joue sa survie dans le scrutin de juin et entend défendre sa propre ligne autonome.

400 candidats pour 577 circonscriptions

Au cours d’un nouveau bureau politique, réuni rue de Solférino, le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis l’a répété : il n’y aura pas de candidats avec une double étiquette, et les camarades ayant fait le choix d’une candidature sous les couleurs de la République En Marche auront face à eux un socialiste en juin.

Deux jours avant la fin des travaux de la commission d’investiture du mouvement d’Emmanuel Macron, une partie des candidats socialistes investis étaient réunis ce mardi après-midi à la Maison de la Mutualité à Paris. Ils seront présents « dans plus de 400 circonscriptions » selon le premier secrétaire. L’objectif : éviter des duels droite- Front national au second tour dans certaines circonscriptions à risque. Sur le programme, le PS entend toutefois préserver une « autonomie ». « Ce n’est pas avec un parti unique que l’on réglera les problèmes des Français », a déclaré Jean-Christophe Cambadélis.

PS : Jean-Christophe Cambadélis annonce 400 candidatures aux législatives
01:45

« Il faut que nous soyons suffisamment forts pour apporter une contribution »

Le Premier ministre Bernard Cazeneuve, qui conduit la bataille des législatives, est venu encourager ses troupes et insister auprès d’eux sur la « gravité du moment ».

Deux mots d’ordre sont adressés par l’actuel chef du gouvernement. Œuvrer pour le rassemblement de sa famille politique pour la « réussite » du futur quinquennat :

« Le rôle des socialistes est de faire en sorte que le quinquennat qui s’ouvre soit un quinquennat de réussite pour la France. Et pour que cette réussite soit possible, il faut que nous soyons suffisamment forts pour apporter une contribution attendue par les Français. »

La plateforme programmatique amendée

La plateforme programmatique, adoptée plus tôt lors du bureau national, liste dans un effort de synthèse les propositions d’une gauche « constructive » mais « vigilante ».

« Nous souhaitons être constructif. Quand il y a une mesure sociale qui va dans le bon sens, bien sûr que nous serons positifs dans notre vote. Lorsqu’il s’agit de débattre du droit du travail, je pense que les socialistes seront exigeants », a averti la secrétaire d’État Pascal Boistard, candidate en juin dans la première circonscription de la Somme.

Le texte du programme, qui avait fuité la semaine dernière, montre d’abord que le Parti socialiste tourne la page de la primaire et de Benoît Hamon. Plusieurs propositions emblématiques du candidat, qui avait réuni sur son nom 6,35% des suffrages, ne figurent pas dans la plateforme : du revenu universel d’existence à la sortie du nucléaire et du diesel, en passant par la taxe sur les robots.

Le texte initial a également subi quelques amendements. Certains apports du programme d’Emmanuel Macron, comme la réforme de la taxe d’habitation, ont été retirés, et la nouvelle mouture a davantage mis l’accent sur la défense des droits des salariés. Parmi les « désaccords avec le président de la République », comme l’a énoncé Jean-Christophe Cambadélis : « pas de recours aux ordonnances sur le code du travail » ou encore le « refus de la suppression de l’ISF ».

Pour autant, les proches de Benoît Hamon, qui a plaidé dimanche pour des unions avec les écologistes et les Insoumis, ont accueilli froidement la plateforme législative. « Très insuffisant en termes de lignes rouges », a réagi l’eurodéputé Guillaume Ballas, qui était en charge du projet présidentiel. Elle n’est « pas satisfaisante de mon point de vue […] mais il n’y a pas non plus de choses rédhibitoires », a jugé Mathieu Hanotin, l’ancien directeur de campagne de Benoît Hamon.

Mathieu Hanotin : Une plateforme programmatique "pas satisfaisante", mais "pas de choses rédhibitoires"
00:33

Face à synthèse difficile entre la ligne gauche du parti et l’aile sociale-réformiste, le patron des sénateurs socialistes Didier Guillaume s’était montré sévère sur l’utilité de la dite plateforme législative :

« Je ne pense pas qu'il faille une plateforme du Parti socialiste pour ces élections législatives, parce que le Parti socialiste est divisé, il y a des gens qui ne s'aiment pas à l'intérieur, qui ne pensent pas la même chose. »

Des sénateurs se placent déjà dans la future majorité

Au Sénat, les partisans d’une participation des parlementaires socialistes à la majorité – ce que Bernard Cazeneuve a nommé la « contribution au quinquennat » – sont toujours aussi nombreux.

À l’image de Jean-Pierre Sueur, plusieurs sénateurs plaident pour une participation du PS dans la future majorité présidentielle. Didier Guillaume s’inscrit déjà au présent dans cette majorité.

Didier Guillaume : "Nous sommes dans la majorité présidentielle parce que nous avons voté pour Emmanuel Macron"
00:23

Et certains députés seraient même prêts à imiter le choix de Manuel Valls à en croire François Patriat, le sénateur socialiste qui siège à la commission d’investiture de la République en Marche :

« La démarche n’est pas solitaire vu le nombre de coups de téléphones et de messages que j’ai reçus ce matin de députés socialistes qui me disent d’urgence qu’ils sont très macronistes et qu’ils souhaitent être candidats En Marche. »

Investitures chez En Marche : François Patriat se dit très solicité par les députés socialistes
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Si le mouvement d’Emmanuel Macron met un point d’honneur à refuser les doubles étiquettes, la question d’une majorité au sens large pourrait se poser, en cas de résultats décevants aux législatives. « Même s’il n’y a pas une majorité absolue En Marche, il faudra bien qu’il y ait une coalition », admet le sénateur macroniste de la Dordogne Bernard Cazeau.

Bernard Cazeau : "Même s’il n’y a pas une majorité absolue En Marche, il faudra bien qu’il y ait une coalition"
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