Logements insalubres : un casse-tête pour les maires ?
Du Congrès des maires de France (AMF), les invités de l’émission « On va plus loin » débattent du rôle des maires et de leurs moyens d’action, pour lutter contre les logements insalubres.  

Logements insalubres : un casse-tête pour les maires ?

Du Congrès des maires de France (AMF), les invités de l’émission « On va plus loin » débattent du rôle des maires et de leurs moyens d’action, pour lutter contre les logements insalubres.  
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L’effondrement meurtrier de plusieurs immeubles à Marseille a tragiquement remis sur le devant de la scène le problème des logements insalubres. Comment remédier à ce fléau ?

Pierre Jarlier, maire (UDI) de Saint-Flour et vice-président de l’AMF en charge du logement, estime que l’habitat indigne est un vrai casse-tête pour les maires : « Aujourd’hui les maires n’ont pas vraiment de réponse à apporter à cette question qui est évidemment très difficile (…) Les procédures sont extrêmement lourdes. Ils n’ont pas toujours le pouvoir d’agir et surtout ils ont une grosse difficulté pour pouvoir agir sur le foncier.  Parce qu’en réalité, bien souvent, même s’ils prennent des arrêtés d’insalubrité, des arrêtés d’interdiction d’habiter (…) il faut qu’ils fassent des travaux, après des expertises (…) Ensuite, pour récupérer l’argent de la part des propriétaires, lorsque les propriétaires refusent de faire ces travaux, c’est un vrai casse-tête. Et quelques fois, la commune ne récupère tout simplement pas cet argent. Donc (…) certaines communes sont dans l’incapacité d’agir lorsqu’elles ont face à elles un immeuble qui menace ruine ou un immeuble insalubre. Il y a vraiment une nécessité d’agir très vite. »

« Ne pas laisser les maires seuls face à une telle situation »

Azzedine Taïbi, maire (PCF) de Stains, partage ce constat mais parle plus d’un « sentiment d’abandon » plutôt que d’un casse-tête : « On se sent un peu démuni puisque déjà les démarches sont parfois extrêmement compliquées. On n’est parfois pas très bien accompagnés/outillés par les services de l’État et puis on a affaire aussi à de sacrés voyous. Des personnes qui sont extrêmement bien organisées - je pense en particulier aux marchands de sommeil - et qui par contre, elles, connaissent parfois très bien les ficelles des différentes lois. Donc ça nous met dans l’embarras. Et c’est vrai que le drame de Marseille (…) nous montre (…) l’urgence de trouver des réponses et de ne pas laisser les maires, les administrations locales, seuls face à une telle situation. ».

Pour Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, les maires ont effectivement des difficultés pour agir mais ils ont tout de même des moyens d’action s’ils le souhaitent vraiment : « C’est sûr que c’est compliqué d’agir contre le logement insalubre quand on est maire. Surtout quand on est maire dans une commune où il y a beaucoup de logements insalubres. Et surtout quand c’est une commune qui est pauvre (…) Cela n’empêche pas énormément de maires, par exemple à Stains mais pas seulement, d’agir, de faire ce qu’ils peuvent. Ils n’arrivent pas à résoudre toutes les questions mais ils en font une partie (…) Ce qui a choqué à Marseille c’est qu’on a l’impression que la mairie n’a pas tout fait ce qui était en son pouvoir,  pour résorber l’habitat indigne. Au contraire ! Il y avait une incurie depuis des années et des décennies, que tout le monde connaissait, qui est documentée dans des rapports. Donc le maire de Marseille ne peut pas dire : « (…) C’est à cause de la lourdeur des procédures, du manque de moyens, que je n’ai pas réussi. » »

De son côté, Pierre Madec, économiste à l’OFCE, spécialiste du logement social, explique que le problème ne vient pas que d’un manque de moyens financiers : « Il y a aussi le manque de logements, tout simplement. Les marchands de sommeil, l’habitat insalubre, ça existe évidemment. Les marchands de sommeil profitent d’une situation où il y a une pénurie de logements, au niveau local, dans les zones les plus tendues. Cette pénurie de logements dans certaines communes, elle est entretenue. Dans d’autres elle est subie. Mais en tout cas, elle existe. Et si on avait un parc suffisant de qualité, ces situations-là, dramatiques, n’existeraient pas. »

 

Vous pouvez voir et revoir, le débat sur les logements insalubres, en intégralité :

OVPL . Logements insalubres : un vrai casse-tête pour les maires ? (en intégralité)
27:15

 

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