Alors que Joe Biden qualifie volontiers Vladimir Poutine de « boucher » ou de « dictateur » ces derniers jours, Emmanuel Macron a confié qu’il « n’utiliserait pas » ces mots. « Je n’ai pas à qualifier les propos du Président américain », a réagi ce lundi matin Gabriel Attal. Le porte-parole du gouvernement rappelle la position d’Emmanuel Macron : « Ce que l’on recherche, c’est une sortie du conflit, pas une forme d’escalade. Cela veut dire qualifier ce qu’il se passe, dire les choses en face à Vladimir Poutine et continuer à apporter un soutien humanitaire et militaire aux Ukrainiens. » C’est notamment le but des sanctions économiques, qui doivent « augmenter le coût de la guerre pour la Russie » et que le régime de Poutine finisse « dans ses calculs » par renoncer à la guerre, « parce qu’elle leur coûte trop cher. » Gabriel Attal se veut confiant dans l’efficacité de ces sanctions : « Les sanctions massives produisent des effets, parce qu’il y a une unité européenne. Le rouble a chuté, la Bourse de Moscou a été fermée pendant plusieurs semaines. Le gel ou la saisie des avoirs des oligarques renchérit le coût de la guerre. »
Marioupol : « Les images qui nous parviennent sont des images de dévastation »
L’autre front pour le gouvernement français, c’est l’aide humanitaire, avec une opération « préparée avec la Turquie et la Grèce pour évacuer des civils » de Marioupol. « Il y a des civils qui veulent partir de Marioupol, parce qu’ils sont sous les bombes, parce que les images qui nous parviennent sont des images de dévastation, et que la guérilla urbaine continue », explique le porte-parole du gouvernement. La France a ainsi « fait cette proposition de travail aux autorités ukrainiennes » et doit maintenant « convaincre Vladimir Poutine. » Emmanuel Macron doit donc s’entretenir avec le Président de la Fédération de Russie « aujourd’hui ou demain » d’après Gabriel Attal, pour essayer de négocier l’ouverture de couloirs humanitaires, vers Marioupol notamment.
Suite à cette initiative Kiev a annoncé ce lundi matin renoncer à la mise en place de couloirs d'évacuation de civils, par crainte de « provocations russes », avant une nouvelle session de pourparlers en face-à-face entre négociateurs russes et ukrainiens en Turquie. « Pour des raisons de sécurité pour les civils, aucun couloir humanitaire ne sera ouvert aujourd'hui », a écrit la vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, sur Telegram.
Blé : « Des tensions » sur les marchés internationaux, mais pas de pénurie en France
En plus des conséquences humanitaires pour les Ukrainiens, l’invasion russe pourrait indirectement provoquer des crises alimentaires, la Russie et l’Ukraine étant deux des plus importants exportateurs de blé au monde. Le conflit a donc créé des « tensions d’approvisionnement » et des « risques de pénurie », notamment en Afrique subsaharienne, d’après Gabriel Attal. « Cela veut dire drames humanitaires et changements politiques majeurs. Le Président de la République agit donc pour libérer des stocks et faire baisser la tension sur les marchés, mais aussi pour que l’on puisse avoir un mécanisme de solidarité, un peu comme sur les vaccins pendant la crise covid », a détaillé le porte-parole du gouvernement. Pour ce qui est de la France, « on a une chance, c’est d’être indépendant en termes alimentaire », explique Gabriel Attal, qui ne voit donc aucun risque de pénurie ou de déficit d’approvisionnement. En revanche les tensions sur les marchés pourraient provoquer une hausse des prix, notamment pour les éleveurs qui « ont des besoins en matières premières. » Là-dessus, le gouvernement a débloqué 400 millions d’euros dans le « plan de résilience » pour compenser les hausses de coûts et que la hausse des prix « ne se retrouve pas sur la facture des Français. » En ce qui concerne les consommateurs, « le Président de la République a dit qu’il voulait aller vers ce chèque alimentaire pour les ménages les plus modestes », réitère le porte-parole du gouvernement sans donner plus de détails.