Après la crise, la relance. Ce mercredi, la relance économique des entreprises françaises était à l’ordre du jour, au Sénat. Une table ronde, organisée par la délégation sénatoriale aux entreprises, réunissait les différents représentants des entreprises françaises pour faire le bilan sur la situation économique de ces acteurs économiques. « L’objectif est de préparer les travaux législatifs des prochaines semaines, en faisant entendre les voix des entreprises », revendique sa présidente Elisabeth Lamure. « Il est nécessaire que nous échangions, pour que le Sénat puisse contribuer à améliorer le contexte normatif et budgétaire dans lequel les entreprises exercent leurs activités. »
Car, au lendemain de la crise sanitaire, les entreprises françaises, touchées de plein fouet, présentent un sombre bilan. « Aujourd’hui 95% des entreprises se considèrent touchées directement par cette crise sanitaire, beaucoup ont été impactées par l’obligation de fermeture », avance Joël Fourny, président des Chambres de Métiers et de l’Artisanat (CMA) France. « Les derniers sondages de nos adhérents ne sont pas encourageants », renchérit Olivier Schiller, administrateur du Mouvement des Entreprises de Taille Intermédiaire (METI). « Nous prévoyons une baisse du chiffre d’affaire de 15% des entreprises sondées, et 44% d’entre elles vont être en perte. Ces entreprises abordent la période à venir avec beaucoup d’incertitude et d’inquiétude. »
Un bilan très hétérogène
Pourtant, dans plusieurs secteurs, la reprise d’activité a montré un dynamisme plus fort que ce qui était attendu, au lendemain du confinement et pendant l’été, et les mesures d’accompagnement mises en place par le gouvernement au moment de la crise a permis à beaucoup d’entreprises de rester à flot. « Globalement, la Banque de France fait état d’une reprise plus vigoureuse que ce qui était attendu, mais cette reprise est assortie d’une grande dispersion selon les activités », nuance Pierre Goguet, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) France. « Nous ne pouvons plus raisonner sur des moyennes. Il faut être plus fin selon les territoires, les secteurs et les entreprises. Par exemple, le secteur du tourisme a extrêmement bien marché, cet été, sur les côtes, mais à Paris ou à Lourdes, le secteur est sinistré. » « La situation des entreprises est très hétérogène », abonde François Asselin, président de la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises (CPME). « Au niveau macro, on peut se féliciter, c’est moins pire que pire. Mais le bilan diffère d’un secteur à un autre, ou d’une situation territoriale à une autre. »
Si tous les représentants des entreprises s’accordent sur l’efficacité des mesures d’accompagnement mises en place pendant la crise sanitaire, notamment le prêt garanti par l’Etat (PGE), la plupart d’entre eux s’inquiètent de la manière dont les entreprises vont devoir gérer l’après, avec la reprise du calendrier des échéances de paiement. « Certaines entreprises, dont le modèle économique est pourtant tout à fait viable, ne pourront pas faire face à ce mur de dettes qui les attend. Nous avons donc soumis à l’exécutif la proposition de réfléchir à un prêt de consolidation, qui regrouperait l’ensemble de leurs dettes pour pouvoir les étaler jusqu’à dix ans. » « 70% des entreprises de taille intermédiaire ont bénéficié du PGE, et un quart d’entre elles auront des difficultés à le rembourser. Il faut un dispositif qui prenne le relai au PGE », avance Olivier Schiller.
« On veut savoir qui pilote, comment ça va se passer »
Le plan de relance, dévoilé récemment par le gouvernement, suscite, quant à lui, l’inquiétude des représentants des entreprises. « Concernant le plan de relance, on peut avoir les meilleures intentions du monde, si l’intendance ne suit pas, ça ne vaut rien », lâche François Asselin. « On ne peut pas s’adresser aux 1,8 million de PME depuis Bercy, il faut s’appuyer sur les territoires et les élus du territoire. Et, de ce côté, on est en attente forte d’une méthodologie. On veut savoir qui pilote, comment ça va se passer. Il faut qu’on en sache plus, et rapidement, car si la mise en place n’est pas rapide, les PME et TPE vont en subir les conséquences. » Un avis partagé par Joël Fourny qui revendique, lui aussi, une concertation plus forte avec les territoires. « Comment ce plan va-t-il se mettre en œuvre, concrètement, sur les territoires ? », interroge ce dernier. « Les chambres consulaires et autres acteurs locaux devront jouer un rôle essentiel. Il faut mettre en interaction les dispositifs d’Etat et les dispositifs complémentaires au niveau régional. » Unanimement, les représentants des entreprises le demandent donc : « il est urgent de rétablir le lien de confiance devant la période à venir ».