Force ouvrière a mis en garde contre une "déresponsabilisation des entreprises" après la remise mardi au gouvernement d'un rapport sur la santé au travail qui préconise un organisme national pour la coordination et un "guichet unique" par région pour accompagner les entreprises.
"Si la prévention doit être une priorité absolue pour laquelle les interlocuteurs sociaux sont mobilisés, elle doit rester de la responsabilité de l'employeur et ne peut, au motif de fusion des acteurs et des instances et d'universalisation, être transférée à chaque travailleur", prévient FO.
Le Premier ministre Edouard Philippe a au contraire salué la "grande qualité" du rapport de la députée LREM Charlotte Lecocq, qui avait fuité dans la presse la semaine dernière.
Alors que le système actuel de prévention des risques professionnels "génère des doublons, des interférences et nécessite une coordination très consommatrice de ressources", ce rapport vise à le "rendre plus lisible et plus efficace", a fait valoir le chef du gouvernement.
"Une négociation interprofessionnelle dont le champ reste à fixer pourrait se tenir sur la base de ces orientations", a-t-il annoncé dans un communiqué.
Le thème de la santé au travail sera abordé à partir de mercredi à Matignon, où le Premier ministre recevra tour à tour les partenaires sociaux. Ceux-ci sont demandeurs de discussions sur ce sujet dans les prochaines semaines.
Pour FO, "les récentes contre-réformes – à l'instar de la disparition des CHSCT (comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail, NDLR) avec la fusion des institutions représentatives du personnel ou encore l'espacement et le changement de fond des visites médicales – ont considérablement affaibli des acteurs de proximité jouant un rôle crucial dans la prévention en entreprise".
Par ailleurs, "la fusion des différents acteurs concourant à la prévention de la santé au travail au sein d'une unique instance tripartite ne doit pas être un outil aux mains du gouvernement pour mettre à mort la gouvernance paritaire", a-t-il averti.
FO "s'oppose à toute baisse de cotisations patronales, accidents du travail-maladies professionnelles (AT-MP) qui serait la porte ouverte à une plus grande déresponsabilisation des chefs d'entreprise sur cette question essentielle de la santé au travail".
La CFDT a elle aussi réagi à la remise de ce rapport. Le nouveau cadre proposé "ouvre des perspectives pour répondre (aux) enjeux. A la condition toutefois que les partenaires sociaux puissent jouer pleinement leur rôle, tant au niveau national que régional", a-t-elle estimé dans un communiqué.