La conférence de financement, qui doit réunir les partenaires sociaux afin de trouver avant fin avril les moyens de garantir l'équilibre financier du système de retraite d'ici 2027, sera lancée le 30 janvier, a indiqué jeudi Edouard Philippe dans un entretien à La Croix.
"Cette conférence de financement sera lancée le 30 janvier prochain au Conseil économique, social et environnemental. J'ai bon espoir qu'elle permette de déboucher sur quelque chose d'intelligent et de responsable", a expliqué le Premier ministre, en se refusant à lancer des pistes autres que celles de l'âge pivot, "parce que si je commence à évoquer tel ou tel instrument, je réduis à néant l'intérêt de cette conférence".
Dans cet entretien donné au quotidien catholique à la veille de l'adoption du projet de réforme en Conseil des ministres, et d'une nouvelle journée d'action syndicale et d'appel à la grève, le chef du gouvernement a défendu le "bon compromis" trouvé avec les syndicats réformistes. "J'ai bougé en retirant l'âge pivot. Les organisations syndicales, dont la CFDT, ont bougé de leur côté" en admettant le principe d'un retour à l'équilibre.
"J'ai toujours dit qu'il me semblait impossible de ramener notre système de retraite à l'équilibre sans une mesure d'âge. (...) Mais si les partenaires sociaux s’accordent sur un cocktail de mesures, y compris une mesure d’âge différente de l'âge pivot, je la prendrai", a-t-il soutenu.
Il a en revanche déploré que d'autres organisations syndicales "ne (veuillent) absolument pas de cette réforme". "Ne pas la mener parce que nous savons qu'elles ont des capacités de blocage, ce n'est pas cela la démocratie", a-t-il toutefois prévenu, en réitérant par ailleurs sa condamnation de "toutes les actions qui s'exercent en dehors du droit de grève, comme les blocages ou les coupures sauvages d'électricité", qui sont "illégales et doivent faire l'objet de sanctions".
Le Premier ministre a encore défendu le principe du système universel de retraite, qui va selon lui "vivre très longtemps". Tout en reconnaissant que le thème des retraites est "complexe et anxiogène", il dit croire "que le caractère massivement redistributif de cette réforme de progrès social va être compris et approuvé".
"Je le dis avec un sourire, mais je souhaite bon courage au Premier ministre qui, dans le futur, proposerait de casser le système universel en quarante-deux régimes, dont certains ne seraient pas équilibrés, et pour lesquels il faudrait payer pour que leurs assurés travaillent moins que les autres", a-t-il ironisé.
La conférence de financement "est une bonne nouvelle pour ceux qui croient à la démocratie sociale", a commenté sur France Info Stanislas Guerini, le chef du parti majoritaire LREM.