Retraites : « Les députés RN ont été nuls, cela me fascine que les gens ne le perçoivent pas », tacle Sandrine Rousseau

Retraites : « Les députés RN ont été nuls, cela me fascine que les gens ne le perçoivent pas », tacle Sandrine Rousseau

Invitée de notre matinale, Sandrine Rousseau est revenue sur l’examen de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale. La députée écologiste admet une différence de « stratégie » avec LFI sur le nombre d’amendements, mais s’étonne que la « nullité » des députés du Rassemblement national n’ait pas fait plus parler.
Louis Mollier-Sabet

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L’intensité des débats à l’Assemblée nationale sur la réforme des retraites n’a pas manqué de faire réagir, et notamment la « bordélisation » des débats « instrumentalisée » par la majorité présidentielle d’après Sandrine Rousseau. Ce qui est passé un peu plus inaperçu, c’est l’attitude du Rassemblement national. « Le Rassemblement National a été nul dans cette séquence », tance la députée écologiste, qui se demande comment les députés RN ont pu « s’en sortir » aussi facilement auprès de l’opinion publique ou des médias. « En commission ou dans l’hémicycle c’était dramatique. Les députés RN ont été inexistants, ils votaient le plus souvent avec Macron », détaille-t-elle.

« Nos ventres ne sont pas la variable d’ajustement de la réforme des retraites »

Sandrine Rousseau y voit une tactique habituelle de l’extrême droite : « Les mouvements d’extrême droite tendent une espèce de leurre d’une main, en l’occurrence la natalité, et de l’autre ils aident les plus grands intérêts économiques. » La députée de Paris regrette que cela ne « transparaisse » pas plus en dehors de l’Assemblée nationale : « Au fond, ce sont les plus grands alliés des intérêts économiques, je suis navrée que les personnes ne le perçoivent pas, c’est tellement flagrant. »

Sandrine Rousseau attire d’ailleurs l’attention sur cette « nouvelle » rhétorique de la natalité au sein du Rassemblement national : « Ce qui est apparu au Rassemblement national dans le débat sur les retraites, c’est la question de la natalité. C’est une natalité de femme blanche, puisqu’ils ne veulent pas de leur fantasme du ‘grand remplacement’. C’est vraiment un marqueur d’extrême droite que de renvoyer les femmes à un corps, à une natalité, à une fonction de procréation. Nos ventres ne sont pas la variable d’ajustement de la réforme des retraites. »

D’après la députée écologiste, le RN « profite » de la réforme des retraites pour mettre sur la table le sujet de la natalité, en en faisant une arme contre l’immigration : « Le RN a estimé que le problème de la retraite, c’est la natalité. Ils veulent profiter de cette réforme des retraites pour relancer la natalité en France. Mais s’il y a un problème de population, pourquoi ne pas accueillir des personnes immigrées ? Quand on les entend, la théorie sous-jacente c’est la théorie du grand remplacement, où la population blanche et chrétienne est menacée par les autres, c’est raciste et c’est fasciste. »

Stratégie de LFI à l’Assemblée : « Cela signe la fin de l’acte I de la Nupes »

Au sein de son propre camp, Sandrine Rousseau a confié « ne pas partager » la stratégie de maintien de nombreux amendements de la France Insoumise qui a empêché l’examen de l’article 7 dans les délais contraints par l’utilisation d’un budget de la Sécurité sociale. « Je ne suis pas certaine que l’on puisse mener un combat aussi important que celui des retraites en étant dans une stratégie isolée. Philippe Martinez, Laurent Berger, ou nous au sein de la Nupes, nous avions pour idée d’aller à cet article 7. Si les syndicats nous disaient ‘il faut aller à l’article 7’, il fallait y aller, simplement par respect du travail de mobilisation qu’ils effectuent », a développé la députée écologiste.

Sandrine Rousseau estime ainsi que LFI « a voulu s’imposer dans le débat et que ce n’était pas le moment. » D’après elle, il faudra « en tirer le bilan après » la bataille des retraites. « Ils savent que nous n’étions pas sur la même ligne, c’est leur stratégie, je la respecte aussi. Il y a eu une volonté de s’imposer. Cela signe la fin d’un acte I qui a fonctionné jusqu’à présent, nous devons maintenant passer à un acte II, d’abord au sein de l’Assemblée puis voir ce que les partis veulent faire. En faisant en sorte qu’une coordination prenne des décisions. Ce n’est pas une question d’hégémonie, mais il y a une différence entre LFI et la Nupes », détaille la députée de Paris.

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