[Série] Présidentielle 2022 : Et si c’était… Jean-Luc Mélenchon ?

[Série] Présidentielle 2022 : Et si c’était… Jean-Luc Mélenchon ?

Cette semaine publicsenat.fr vous propose un peu de politique-fiction, en imaginant un scénario qui amènerait un candidat, déclaré ou non, à l’Elysée au printemps prochain. La conseillère en communication de Jean-Luc Mélenchon, Sophia Chikirou, nous décrit la victoire de Jean-Luc Mélenchon, « l’homme à abattre de la campagne ».
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« C’est quoi votre truc ? De la politique-fiction ? C’est comme quand Valeurs Actuelles a fait le portrait de Danièle Obono », rigole Sophia Chikirou, en nous accueillant au QG du leader de la France Insoumise.

La conseillère en communication de Jean-Luc Mélenchon nous prévient d’emblée. « Je n’ai rien préparé ». Aie. Mais très vite elle se reprend. « Je fais du conseil en stratégie et en communication, donc nécessairement on réfléchit au scénario idéal ». Ouf.

Premier constat, dans la multitude de candidats déclarés ou potentiels pour 2022, « Jean-Luc Mélenchon est « le dernier véritable homme politique ». Les autres « contribuent à discréditer cette élection. Tout le monde veut sa part de gloire personnelle. On a des gens qui se comportent non pas comme des responsables politiques mais comme des stars de téléréalité. C’est les Marseillais à Dubaï ».

« La haine médiatique »

Pourtant, Jean-Luc Mélenchon n’est pas au mieux dans les sondages et plafonne autour de 10 %. « Les sondages, on les regarde, mais avec un œil très critique […] Les méthodologies varient d’un sondage à un autre. Et ils se sont plantés quand même souvent », balaye Sophia Chikirou.

Et puis n’oublions pas que le député doit composer avec « la haine médiatique ». « Vous avez vu sur France Inter, tous les invités politiques cotisent ? ». Plait-il ? « La cotisation vous savez ce que c’est ? C’est dire une saloperie sur Mélenchon, c’est comme un tour de manège ».

On se souvient alors de la campagne de 2017 et de la relation plutôt apaisée du candidat LFI avec les médias, de Jean-Luc Mélenchon très à l’aise sur le canapé de Karine Lemarchand dans l’émission « Ambition intime » expliquant que ses fameuses colères étaient étudiées. « 2017, c’était différent. On n’avait pas fait 20 % à une élection présidentielle. On n’était pas à deux doigts de prendre le pouvoir. Ils n’avaient pas vu les Gilets jaunes, ils n’avaient pas vu les révoltes populaires, ils n’avaient pas dû envoyer l’armée pour réprimer la contestation sociale… En 2017, pour eux, Mélenchon, c’était le gars qui allait faire 11 % et empêcher le candidat PS de gagner au profit d’un candidat de droite. Désormais, c’est l’homme à abattre. Pas parce que c’est Mélenchon. Mais parce qu’il est le représentant du camp qui a un projet révolutionnaire citoyen et qui peut l’emporter », analyse-t-elle.

« Je vous parle de tentatives de meurtre »

Et quand Sophia Chikirou parle « d’homme à abattre », ce n’est pas au sens figuré. Il n’est pas uniquement question de pressentir la violence politique à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon pour la campagne à venir. « Même si vous n’y croyez pas, je vous dis qu’il y aura des violences commises contre les candidats comme Mélenchon. Je vous parle de tentatives de meurtre. L’extrême droite est armée, organisée maintenant dans notre pays. Je n’aborde pas cette campagne comme les campagnes passées. C’est une lutte politique », nous prévient-elle.

Dans cette lutte politique, l’équipe de Jean-Luc Mélenchon entend choisir son « champ de bataille ». « C’est le terrain. On a remarqué depuis 6 mois que, partout où Jean-Luc Mélenchon va, les gens l’aiment, veulent prendre des photos, l’écoutent parler » assure-t-elle. On croit saisir l’idée. C’est le candidat antisystème, c’est ça ? « Mais non, vous ne comprenez rien. Nous, on est révolutionnaires, ce n’est pas être antisystème que de vouloir changer de système ». Bon d’accord, mais on sait quand même que la clé pour remporter une Présidentielle sous la Ve République, c’est de rassembler entre les deux tours. Et promettre une révolution, n’est-ce pas un peu anxiogène ? « Ça fait peur aux bourgeois comme vous. Le peuple, lui, il n’en peut plus ». Elle en est certaine, Jean-Luc Mélenchon tient sa victoire « en allant chercher sous les radars » les abstentionnistes des classes populaires.

Un slogan de campagne ? « Je pense qu’on l’a. Mais vous pouvez me torturer, je ne vous le dirai pas ». Mais on obtient une info. Après les meetings en hologramme de 2017, la spécialiste des campagnes électorales nous annonce en exclusivité l’innovation de 2022. « On va filmer les meetings en 360 degrés. On va dire aux gens, vivez nos évènements comme si vous y étiez ».

Ecologie et féminisme : « Deux mouvements de révolte profonds »

Comme en 2017, le programme de Jean-Luc Mélenchon propose la transition de la Ve à la VIe République via « un processus constituant qui doit être débattu et adopté par référendum ». Environ 6 mois après les législatives de juin, les électeurs seraient une nouvelle fois appelés aux urnes pour élire les députés de l’Assemblée constituante. 18 mois plus tard, l’Assemblée constituante proposera au peuple, par référendum, la Constitution de la VIe République. Un régime parlementaire est privilégié par LFI, « d’autres défendront peut-être un régime présidentiel. On verra quelle option ressortira ».

La révolution citoyenne va être portée par « deux mouvements de révolte profonds », l’écologie et le féminisme. « Ça, c’est ce qui va être notre programme fondamental. C’est l’avenir ».

En attendant la mise en place de la VIe République, Jean-Luc Mélenchon répondra à l’urgence par des plans. « Les gens qui seront au gouvernement seront en charge de missions ». Sophia Chikirou se verrait bien en charge de la réforme de la presse et de l’audiovisuel. « Il y aura une grande loi antitrust sur les médias », explique-t-elle, avec dans son viseur Bouygues et Bolloré.

Une réforme fiscale, « on passera à 14 tranches », « un plan de réindustrialisation écologique », un audit de la dette publique « pour décider ce qui est légitime et non légitime » ou encore une remise à plat de tous les traités de libre-échange, autant de réformes qui rythmeront les 18 premiers mois du quinquennat.

« On a la certitude d’être là en 2022 »

En 2022, la candidature séparée du communiste Fabien Roussel pourrait poser des difficultés aux leaders de La France Insoumise. Il y a 5 ans sur les 805 parrainages d’élus recueillis, plus de la moitié provenait de communistes. Sophia Chikirou coupe court. « On a la certitude d’être là en 2022. Sauf si Jean-Luc Mélenchon est assassiné ». Décidément, Mélenchon, le nouveau Jaurès. Partons sur l’hypothèse qu’il soit vivant. Face à lui, Sophia Chikirou nous propose un scénario où ni Marine Le Pen, ni Emmanuel Macron ne seraient en capacité d’être candidats. La thèse est osée. « Mais vous voulez faire de la politique-fiction et vous vous refusez à imaginer ça », nous rappelle-t-elle à l’ordre, avec raison.

Quant à l’union de la gauche, « un sketch » qui ne résiste pas à « l’union populaire » de Jean-Luc Mélenchon.

Mais, alors, contre qui Jean-Luc Mélenchon va remporter le second tour ? « Je pense que ce sera face au candidat de la droite ». Xavier Bertrand ? Valérie Pécresse ? « Non. Dupont-Aignan ».

On reste quand même interloqué. « Mais les médias, vous ne savez regarder que ce qu’on vous montre. Regardez le poids qu’il a sur Internet. Dupont-Aignan, c’est de l’ancrage, c’est de la puissance, c’est en dessous des radars. C’est un candidat qui va monter. Je le sens ».

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