Après le meeting de Valérie Pécresse au Zénith dimanche, l’état-major des Républicains fait tout pour contrer le récit d’un meeting de la dernière chance. Et pour cause, si c’était le cas, la dernière chance semble passée : « Je n’ai jamais pensé qu’un seul meeting pouvait relancer une dynamique. […] Ce n’est pas que ça sonnait un peu faux, mais ce n’est pas la forme dans laquelle elle est la plus à l’aise, elle est excellente dans l’interaction. Un discours d’Angela Merkel est ennuyeux à mourir. Ce que je demande à une Présidente de la République, c’est de gouverner », tempère Bruno Retailleau. Sur le fond, le président du groupe LR au Sénat veut tout de même voir dans ce meeting des signaux positifs pour la campagne de Valérie Pécresse : « La salle était pleine, et on a eu un discours sur une ligne de droite assumée, avec un discours de vérité. Elle a donné du sens à toutes les mesures qu’elle avait égrainé depuis 2 mois. »
« Des commentateurs lui font un procès, mais je sais ce qu’elle a dans sa tête »
Bruno Retailleau en est convaincu, on ne devient pas Président de la République par ses talents tribunitiens : « Il n’y a jamais eu un meeting qui a pu décider du sort d’une élection présidentielle, c’est archi faux. Les Français sont défiants vis-à-vis de la politique, et blasés du lyrisme des discours. » Or, cela tombe bien, Valérie Pécresse « porte une forme de pragmatisme. » Un pragmatisme qui a vraisemblablement poussé la présidente de la région d’Île-de-France à reprendre le concept complotiste de « grand remplacement » popularisé – notamment – par Éric Zemmour, et à ainsi déclarer dans son meeting au Zénith de Paris hier qu’il n’y avait « pas de fatalité, ni au grand déclassement, ni au grand remplacement. »
Un faux procès fait à la candidate LR par « l’hégémonie culturelle et médiatique de gauche » pour Bruno Retailleau : « Des commentateurs lui font un procès, mais je sais ce qu’elle a dans sa tête. D’abord il n’y a pas de tabou, elle peut prononcer les termes qu’elle choisit. En l’occurrence, elle a utilisé ce terme dans une autre acception. Il faut lutter contre la police de la pensée politique et médiatique. La droite a perdu des électeurs quand elle a vécu sous l’hégémonie médiatique de la gauche. » Sur le fond, celui qui est chargé d’organiser les « 100 premiers jours » d’un éventuel quinquennat de Valérie Pécresse précise la ligne des LR en la matière : « Simplement, on a perdu le contrôle de l’immigration. On est sans doute le pays le plus accueillant d’Europe. Emmanuel Macron aura été ce Président qui a facilité le regroupement familial, nous, nous modifierons la Constitution par référendum pour reprendre le contrôle. »
Éric Zemmour : « On ne s’improvise pas Président de la République »
Mais à force de reprendre les termes d’Éric Zemmour, Valérie Pécresse ne jouerait-elle pas à un jeu électoral un peu dangereux ? « Ne nous trompons pas, celles et ceux qui votent Marine Le Pen ou Éric Zemmour apportent la chance à Emmanuel Macron de prolonger sa présidence », répond Bruno Retailleau, qui « ne croit pas du tout » à une victoire de « l’intellectuel » Zemmour : « Il ne gouvernera pas, il apportera plus de désordre que d’ordre. C’est un intellectuel qui a un esprit de système qui méconnaît la complexité des choses humaines. On ne s’improvise pas Président de la République. » Bruno Retailleau « considère que la moraline en politique, c’est pire que tout » et que la diabolisation n’a jamais été une solution pour faire baisser le FN – puis le RN – et estime ainsi que Valérie Pécresse « a le droit de parler aux électeurs [d’Éric Zemmour] et de respecter l’adversaire », tout en « dénonçant les écarts de langage et les fausses solutions. »
Enfin, à force de « parler » aux électeurs d’Éric Zemmour, les défections au centre droit se multiplient ces derniers jours, avec notamment Éric Woerth et Natacha Bouchart, alors qu’en off, Nicolas Sarkozy laisse fuiter des critiques sur la campagne de Valérie Pécresse et proposerait des noms de Premier ministre à Emmanuel Macron. « Ces débauchages sont des débauchages individuels. Vous n’empêcherez jamais quelqu’un de renier ses convictions pour poursuivre ses propres intérêts, c’est la loi humaine, c’est terrible quand on a eu une amitié avec des gens, mais il ne faut pas s’en étonner », préfère analyser Bruno Retailleau. En ce qui concerne Nicolas Sarkozy, le président du groupe LR au Sénat « n’a aucun doute sur le soutien de Nicolas Sarkozy à la candidate de sa famille politique » et voit même l’ancien Président de la République « tout à l’heure » pour profiter de son expérience afin de préparer au mieux les fameux « 100 premiers jours » d’un éventuel quinquennat de Valérie Pécresse.