Édouard Philippe : « Il y aura suffisamment de masques à partir du 11 mai »

Édouard Philippe : « Il y aura suffisamment de masques à partir du 11 mai »

Après avoir longtemps maintenu que le port du masque n’était pas recommandé pour l’ensemble de la population, devant les députés, Édouard Philippe en fait l’une des conditions de la sortie du confinement. À partir du 11 mai, Il sera obligatoire dans les transports en commun.
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« Il faut apprendre à vivre avec le Covid-19 et à nous en protéger ». Devant les députés, le Premier ministre a exposé la stratégie de l’exécutif pour sortir du confinement. Si l’épidémie de coronavirus est encore loin d’être endiguée, Édouard Philipe a jugé « gravissimes » les conséquences d’un prolongement du confinement, allant même jusqu’à évoquer un risque « d’effondrement » du pays.

« Cette question des masques a suscité l’incompréhension et la colère de nombreux Français »

Le 11 mai, il faudra « protéger, tester, isoler ». Dans ce « triptyque » défini par Édouard Philippe censé guider la sortie du confinement, Édouard Philippe a annoncé qu’il faudra désormais « ajouter » au respect des gestes barrières (distanciation physique et lavage des mains), « le port du masque dans certaines situations »

« Cette question des masques a suscité l’incompréhension et la colère de nombreux Français » a reconnu le Premier ministre. En effet, dès le début de l’épidémie, Emmanuel Macron n’avait pas souhaité recommander le port du masque pour tous. Une décision perçue comme un choix politique plutôt que scientifique, guidé par la pénurie des équipements.

« Lorsque la crise a commencé, nous dispositions d’un stock important de masques chirurgicaux (…) Il permettait de répondre à 20 semaines de consommation normale des services hospitaliers » a précisé le Premier ministre. Toutefois ce stock était alimenté pour une bonne partie par les importations régulières. « Avec l’apparition de l’épidémie en Chine puis son arrivée en Italie (…) l’importation est momentanément devenue impossible et la consommation a considérablement augmenté dans des proportions incroyablement supérieures à la normale » s’est justifié Édouard Philippe.

« Réserver les masques aux soignants, c’était mécaniquement refuser de les distribuer à d’autres »

Si la production nationale de masques chirurgicaux a augmenté depuis le début de la crise, « il est arrivé que nous doutions de notre capacité à garantir cet approvisionnement (aux soignants) dans la durée » a-t-il confié. « Réserver les masques aux soignants, c’était mécaniquement refuser de les distribuer à d’autres. C’est un choix difficile, c’est un choix contesté. C’est un choix que j’ai estimé nécessaire ».

Port du masque obligatoire dans les transports

Toutefois, Édouard Philippe s’est refusé de résumer la doctrine du gouvernement au manque de stocks, n’hésitant pas à renvoyer la balle aux autorités sanitaires. « Au début, beaucoup nous disaient que le port du masque pour la population n’était pas nécessaire, que le risque du mauvais usage était supérieur aux avantages espérés (…) Ils nous disent aujourd’hui qu’il est préférable dans de nombreuses circonstances de porter un masque plutôt que de ne pas en porter ».

À ce sujet, Édouard Philippe a confirmé que le port du masque sera obligatoire dans les transports en commun

En ce qui concerne les importations, le Premier ministre indique que la France reçoit « 100 millions de masques chirurgicaux par semaine et « plus de 20 millions de masques grand public lavables » les compléteront à compter du mois de mai ». Le gouvernement soutiendra financièrement les collectivités territoriales dans la commande des masques en prenant en charge 50% de leur coût dans la limite du prix de référence. « Et nous avons rouvert récemment les marchands de tissus et les ateliers de couture. Nous avons diffusé des guides pratiques de confection de masques afin que chacun se mobilise pour en produire. « Grâce à la mobilisation de tous, il y aura donc suffisamment de masques dans le pays à partir du 11 mai pour faire face aux besoins » a-t-il assuré.

Enfin, pour la reprise du 11 mai, les entreprises sont fortement incitées à équiper leurs salariés en masques. Les agents de l’État, notamment les enseignants en recevront également. 5 millions de masques lavables seront destinés aux Français les plus précaires.

« Edouard Philippe aurait pu reconnaitre une faute »

« Il est clair qu’il s’est défaussé sur les autres, notamment sur la communauté scientifique. Il y a eu de l’impréparation. Edouard Philippe aurait pu reconnaître une faute. Emmanuel Macron avait lui même reconnu que la France n’avait pas été assez préparée lors de sa dernière allocution télévisée » note le président du groupe socialiste du Sénat, Patrick Kanner. « Il y a 10 jours, Edouard Philippe évoquait le chiffre de 117 millions de masques. Moi ce que je sais, c’est qu’à la fin du quinquennat de François Hollande, la France en avait 750 millions. Il y en a peut être qui ont été détruits car ils étaient périmés. Mais il faut le dire dans la plus grande transparence. Ce sera à la commission d’enquête parlementaire de faire la lumière sur la gestion de l’épidémie » estime l’ancien ministre de la Ville de la Jeunesse et des Sports qui se déclare favorable à l’obligation du port du masque sur la voie publique pendant la durée de l’épidémie.

« Le gouvernement a raté le coche  sur ce sujet et continue de le faire »

« Les masques ont été gérés de façon catastrophique. C’est le fil rouge du grand n’importe quoi. Le gouvernement a raté le coche  sur ce sujet et continue de le faire » estime le sénateur LR de l’Oise, Jérôme Bascher pour qui beaucoup de questions restent en suspens après le discours du Premier ministre. « Il parle de commande de masques ? Qui les distribuera ? Quand les aura-t-on ? Les collectivités seront remboursées à 50% mais celles qui ont anticipé et acheter des masques, le seront-elles aussi ? Les concertations avec les élus locaux auront lieu en fin de semaine. Avec les ponts du 1er mai et du 8 mai. Il ne va leur rester que quatre jours pour se préparer « s’inquiète-il.

« La gestion des masques : une marque indélébile sur la gestion de l’épidémie »

Pour le président du groupe centriste du Sénat, Hervé Marseille, «  au début de la crise, la France n’avait pas assez de masques, n’était pas préparée à en fabriquer ».

« Le gouvernement a erré dans ses explications et justifiant l’utilisation des masques en fonction des disponibilités et ça commence à être la même chose sur les tests » pointe Hervé Marseille avant de conclure que « la gestion des masques sera une marque indélébile sur la gestion de l’épidémie ».

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