Le Sénat vote une taxe sur la publicité des jeux d’argent et alourdit la fiscalité du tabac à chauffer

Le Sénat vote une taxe sur la publicité des jeux d’argent et alourdit la fiscalité du tabac à chauffer

Au grand dam du gouvernement, les sénateurs ont adopté deux amendements dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022, qui pourraient faire évoluer la fiscalité. L’un instaure une taxe sur la publicité des jeux d’argent et de hasard, le second aligne la fiscalité du tabac à chauffer sur celle des cigarettes manufacturées.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale ne se résume pas à des débats sur l’organisation des soins ou du système social. Il est aussi l’occasion pour les parlementaires de défendre des mesures en faveur de la santé publique, lesquelles peuvent nécessiter des taxes appelées à faire évoluer les comportements. Le Sénat en a donné un nouvel exemple ce 9 novembre, en début de soirée.

Contre l’avis du gouvernement, les sénateurs ont adopté deux amendements transpartisans. L’un propose une contribution de 5 % sur le budget annuel des annonceurs pour des messages publicitaires en faveur des jeux d’argent et de hasard. Le second aligne la fiscalité du tabac à chauffer sur celle des cigarettes manufacturées.

« Entre 2014 et 2019, les investissements publicitaires des opérateurs de jeux en ligne ont augmenté de 25 % », a ainsi épinglé la sénatrice centriste Jocelyne Guidez, selon laquelle ces annonces encouragent les « pratiques de jeu excessives ». Des amendements similaires ont été présentés par les sénateurs communistes, les socialistes, les écologistes ou encore du RDSE (Rassemblement démocratique social et solidaire). Pour Raymonde Poncet-Monge, cette mesure de régulation est « impérative pour des raisons sociales et sanitaires ». Le produit de la taxe serait affecté à la branche maladie de la Sécurité sociale, notamment dans le bus de financer des opérations de prévention.

L’amendement n’a pas été soutenu par la commission des affaires sociales. « Ce n’est pas en taxant les publicités mais en allant vers le consommateur qu’on réussira à faire en sorte qu’ils diminuent leur consommation », a expliqué la rapporteure générale Élisabeth Doineau (Union centriste). Sensible à cette « vraie plaie de société, comme toutes les addictions », la sénatrice a par ailleurs relevé des « fragilités rédactionnelles » dans l’amendement, pouvant rendre le dispositif inopérant, selon elle. Olivier Dussopt, ministre des Comptes publics, a lui aussi affiché son opposition aux amendements, préférant la sensibilisation à de nouvelles taxes. « Les taxes comportementales ont très souvent atteint les limites de leur efficacité, au vu du montant qu’elles atteignent déjà. Nous préférons des actions plus ciblées. »

« Le gouvernement ne souhaite pas augmenter la fiscalité sur le tabac »

L’autre amendement adopté dans la soirée s’attaque au tabac à chauffer, un tabac qui, comme son nom l’indique, ne nécessite pas de combustion comme les cigarettes classiques. Un amendement de Chantal Deseyne (LR) prévoit que « les produits du tabac à chauffer » fassent « l’objet du même droit de consommation que celui applicable aux cigarettes ». Actuellement, selon le Code général des impôts, le tabac à chauffer fait l’objet d’un traitement différent. Au niveau des droits de consommation, la part proportionnelle de taxation est de 51,3 % pour le tabac à chauffer contre 54,6 % pour le groupe de produits des cigarettes manufacturées et la part fixe est de 29,10 euros pour 1 000 unités ou 1 000 grammes contre 62,70 euros pour les autres cigarettes. « Le prix plus attractif du tabac à chauffer incite à préférer ce tabac alors qu’il n’est pas établi scientifiquement qu’il soit moins dangereux et moins addictif », a défendu Chantal Deseyne. Nadège Havet (LREM) et Jean-Yves Roux ont aussi défendu la même proposition.

Cette fois-ci, la commission a apposé son soutien. « Les vapeurs émises par le tabac à chauffer comprennent des substances, quoi que les vendeurs en disent », a mis en garde Élisabeth Doineau. Olivier Dussopt a cette fois encore émis un avis défavorable. « Le gouvernement ne souhaite pas augmenter la fiscalité sur le tabac », a-t-il prévenu. Il a rappelé que le gouvernement s’était engagé auprès de la Confédération des buralistes, à ne pas procéder à de nouvelles augmentations, après le paquet de cigarettes à 10 euros.

Les débats ont été l’occasion pour René-Paul Savary (LR) d’annoncer que l’Opecst (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques) remettrait prochainement un rapport sur les risques sur la santé imputables au tabac à chauffer.

Dans la même thématique

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
6min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : « Il se pose en sauveur de sa propre majorité, mais aussi en sauveur de l’Europe »

Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.

Le

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
11min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : on vous résume les principales annonces

Sept ans après une allocution au même endroit, le président de la République était de retour à La Sorbonne, où il a prononcé ce jeudi 25 avril, un discours long d’1h45 sur l’Europe. Se faisant le garant d’une « Europe puissance et prospérité », le chef de l’Etat a également alerté sur le « risque immense » que le vieux continent soit « fragilisé, voire relégué », au regard de la situation internationale, marquée notamment par la guerre en Ukraine et la politique commerciale agressive des Etats-Unis et de la Chine.

Le

Police Aux Frontieres controle sur Autoroute
5min

Politique

Immigration : la Défenseure des droits alerte sur le non-respect du droit des étrangers à la frontière franco-italienne

Après la Cour de Justice de l’Union européenne et le Conseil d’Etat, c’est au tour de la Défenseure des droits d’appeler le gouvernement à faire cesser « les procédures et pratiques » qui contreviennent au droit européen et au droit national lors du contrôle et l’interpellation des étrangers en situation irrégulière à la frontière franco-italienne.

Le

Objets
4min

Politique

Elections européennes : quelles sont les règles en matière de temps de parole ?

Alors que le président de la République prononce un discours sur l’Europe à La Sorbonne, cinq ans après celui prononcé au même endroit lors de la campagne présidentielle de 2017, les oppositions ont fait feu de tout bois, pour que le propos du chef de l’Etat soit décompté du temps de parole de la campagne de Renaissance. Mais au fait, quelles sont les règles qui régissent la campagne européenne, en la matière ?

Le