Passe sanitaire : le Sénat adopte un texte profondément remanié
C’était attendu, le Sénat a adopté une version profondément modifiée du projet de loi « vigilance sanitaire ». La Haute assemblée a territorialisé le recours au passe sanitaire et a limité au 28 février la possibilité de sa prolongation, contre le 31 juillet prévu par le gouvernement. Les sénateurs ont également supprimé la disposition permettant aux chefs d’établissement scolaire d’avoir accès au statut vaccinal des élèves.

Passe sanitaire : le Sénat adopte un texte profondément remanié

C’était attendu, le Sénat a adopté une version profondément modifiée du projet de loi « vigilance sanitaire ». La Haute assemblée a territorialisé le recours au passe sanitaire et a limité au 28 février la possibilité de sa prolongation, contre le 31 juillet prévu par le gouvernement. Les sénateurs ont également supprimé la disposition permettant aux chefs d’établissement scolaire d’avoir accès au statut vaccinal des élèves.
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Par 158 voix contre 106, le Sénat a adopté le projet de loi « vigilance sanitaire » dans une version lourdement modifiée.

A l’ouverture des débats, Brigitte Bourguignon, ministre déléguée auprès du ministre de la Santé, chargée de l’Autonomie, avait vanté un texte qui permet au gouvernement de « continuer à disposer d’outils » pour lutter contre le virus.

Le président du groupe Indépendants, Claude Malhuret a soutenu cette position, affirmant qu’il « n’est pas un outil de contrainte, mais de liberté ». Sur les bancs de la droite, plusieurs voix se sont exprimées comme celle d’André Reichardt ou Alain Houpert pour s’opposer au texte même remanié par le Sénat. Les communistes écologistes ont voté contre, le groupe PS s’est quant à lui abstenu et le groupe centriste était partagé.

Adopté par les députés il y a quelques semaines, le projet de loi « vigilance sanitaire » prolonge jusqu’au 31 juillet le régime juridique qui permet, si besoin, de décréter l’étage d’urgence sanitaire, synonyme de couvre-feu ou même de confinement. Le gouvernement pourrait le décider par décret, mais uniquement pour un mois. Un vote du Parlement serait nécessaire pour le prolonger.

Clause de revoyure au 28 février

Mais sur les bancs du Sénat, à droite comme à gauche, on ne l’a pas entendu ainsi. Attachée, depuis le début de l’épidémie, au contrôle du Parlement, la Haute assemblée avait largement modifié le texte en commission. Sous la houlette du rapporteur, le sénateur LR Philippe Bas, les sénateurs fixent au 28 février la prorogation du passe et refusent catégoriquement de donner « un blanc-seing » au gouvernement jusqu’en juillet 2022. « Trois mois et demi ça va, huit mois et demi c’est trop », a fait valoir le rapporteur.

« Arrêtons de nous raconter des histoires. Pourquoi cette date (du 31 juillet) est proposée ? Parce que le président de la République qui n’est pas encore candidat, pense qu’il le sera avant la fin février et qu’il n’a aucune envie d’assumer un débat parlementaire sur la fin de la prolongation ou non de l’état d’urgence sanitaire », a résumé dans l’hémicycle, la sénatrice PS, Marie-Pierre de la Gontrie.

Les départements métropolitains pourraient se passer du passe sanitaire à la mi-novembre

Sans succès, le groupe communiste et le sénateur RN, Stéphane Ravier ont déposé des amendements de suppression du passe sanitaire dès le 15 novembre, date de la fin de sa mise en application sans nouveau texte. Également fervent opposant au passe, le sénateur centriste, Loïc Hervé s’est alarmé de « l’accoutumance des Français d’accepter ce contrôle social sur la base d’éléments sanitaires ».

Fruit d’un « compromis » entre le groupe LR et PS, le Sénat a restreint le champ d’application du passe sanitaire. Dans la version sénatoriale, il serait limité aux départements n’ayant pas atteint un taux de vaccination de 80 % de la population éligible et dans lesquels une circulation active du virus est constatée. « Cela correspondra mi-novembre à la totalité des départements français (en métropole) », a souligné Marie-Pierre de la Gontrie. L’imposition du passe sanitaire resterait néanmoins possible pour accéder aux établissements médicaux-sociaux accueillant des personnes vulnérables dans l’ensemble des départements.

Un autre amendement porté par le sénateur LR Michel Savin, supprime le passe sanitaire pour les moins de 18 ans lorsqu’ils pratiquent une activité sportive.

Une enquête flash dirigée par le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy fait récemment fait état de chiffres alarmants. Un lit sur cinq serait fermé dans les grands hôpitaux publics faute de personnel. Le groupe communiste a fait passer un amendement avec le soutien d’une partie de la droite qui engage le gouvernement à remettre au Parlement, un rapport sur les conséquences des fermetures de lits d’hôpitaux en France.

Statut vaccinal des élèves : « Vous nous proposez de faire une entorse grave au secret médical »

Dans la soirée, les sénateurs ont également confirmé leur position en rejetant un amendement du gouvernement qui réintroduit une mesure controversée, supprimée en commission des lois. Elle autorise les chefs d’établissement scolaire d’avoir accès au statut vaccinal et virologique des élèves. « Indispensable pour assurer le suivi de l’épidémie et limiter les fermetures de classes », a justifié, sans convaincre, Brigitte Bourguignon.

« Vous nous proposez de faire une entorse grave au secret médical », a dénoncé la sénatrice communiste, Céline Brulin.

Les députés et sénateurs vont devoir s’accorder la semaine prochaine sur une version commune en commission mixte paritaire. Ce qui à ce stade semble peu probable. En cas d’échec de la commission mixte paritaire, l’Assemblée nationale aura le dernier mot.

Partager cet article

Dans la même thématique

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement
5min

Politique

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement

La définition des séances de travail sur le budget 2026 a froissé le président du Sénat, mardi, lors d’une réunion avec les présidents de commission et le gouvernement. Il estime que le Sénat ne peut pas prendre le relais des textes budgétaires dans de bonnes conditions. Une nouvelle conférence des présidents doit revenir sur la question la semaine prochaine.

Le

General policy speech by Prime Minister at Senate
5min

Politique

Lutte contre le communautarisme : la droite du Sénat propose encore une fois de réviser la Constitution

Lundi, le Sénat examinera une proposition de loi de la droite et du centre visant à inscrire dans la Constitution que « nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer du respect des règles applicables ». Un principe que la majorité sénatoriale remet à l’ordre du jour régulièrement ces dernières années par le dépôt de différents textes. On retrouve aussi la même idée dans un texte de Marine Le Pen.

Le

Passe sanitaire : le Sénat adopte un texte profondément remanié
3min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : « Si cet amendement est proposé, il est fort possible qu’on le vote », indique le sénateur RN Aymeric Durox

Au micro de Public Sénat et LCP, le sénateur RN Aymeric Durox annonce que sa famille politique votera en faveur de l’amendement de suppression de la réforme des retraites, qui doit être présenté par le gouvernement lors de l’examen du budget de la Sécu. Il émet toutefois de sérieuses réserves sur les chances d’aboutissement du texte au vu du contexte politique.

Le