Politique
Entre 600 000 et 900 000 manifestants sont attendus en France ce 18 septembre. Une affluence proche du même ordre que celles contre la dernière réforme des retraites. Suivez le déroulé de cette journée sur notre live.
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Par Romain David
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Un virage à 180°. Fermement opposée jusqu’à présent à l’idée d’une primaire à gauche, Anne Hidalgo, la candidate socialiste à la présidentielle, a pris tous les commentateurs de court mercredi soir, au 20 heures de TF1, lorsqu’elle a elle-même remis cette proposition sur la table : « Organisons une primaire de la gauche, que viennent participer à cette primaire les candidats qui veulent gouverner ensemble », a déclaré la maire de Paris. Face à l’émiettement des candidatures à gauche de l’échiquier politique (au moins sept candidats déclarés), la socialiste a invoqué le risque de disparition : « Si nous ne faisons pas ce rassemblement, il n’y aura pas de possibilité pour cette gauche de continuer à exister dans notre pays », a-t-elle averti.
« Il n’y a pas un candidat de gauche qui se qualifie pour le second tour. Et on va observer ça les bras ballants jusqu’à quand ? Il fallait faire mouvement, prendre acte de cette situation », a commenté jeudi matin, au micro de « Bonjour chez Vous » sur Public Sénat, Stéphane Troussel, le président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, et porte-parole d’Anne Hidalgo. « Anne Hidalgo prend acte de la situation et pose cet acte de responsabilité en disant à l’ensemble de la gauche : il faut se rassembler. On ne peut pas désespérer les électeurs et les électrices de gauche de notre pays », explique-t-il. « Le débat politique cannibalisé par une droite de plus en plus extrême impose à la gauche un électrochoc », martèle cet élu.
Un dernier sondage Elabe Opinion 2022, publié mardi par BFMTV, accorde à la candidate socialiste 3 % des intentions de vote. Crédité de 8 %, l’insoumis Jean-Luc Mélenchon réalise la plus forte percée à gauche, mais mis bout à bout, l’ensemble des candidatures de gauche ne dépassent pas les 25 % au premier tour. Dans le camp adverse, Valérie Pécresse, fraîchement investie par Les Républicains, enregistre un bond impressionnant, à 20 %, juste derrière Emmanuel Macron (23 %). « Je ne crois pas à cette faribole selon laquelle notre pays se serait droitisé », balaye Stéphane Troussel.
Toutefois, la proposition d’Anne Hidalgo ne semble pas destinée à faire long feu. Jean-Luc Mélenchon et le communiste Fabien Roussel ont déjà fait connaître leur opposition. Ce jeudi matin, c’est l’écologiste Yannick Jadot qui renvoie la candidate dans les cordes : « Non, je ne participerai pas à une primaire de la gauche », a-t-il répondu sur Europe 1, rappelant qu’il s’était déjà soumis à cet exercice fin septembre, au sein de son parti. « Ce n’est pas responsable. Il veut continuer de désespérer encore un peu plus les électeurs de gauche et les écologistes ? », réagit Stéphane Troussel.
Une interrogation demeure du côté d’Arnaud Montebourg. Mercredi soir, le chantre du Made in France s’est « réjoui » sur franceinfo de la proposition d’Anne Hidalgo. Lui-même, quelques heures plus tôt, avait appelé dans une lettre ouverte publiée sur Twitter au rassemblement. Il a toutefois laissé entendre que, sur la forme, il refuserait de se plier à l’exercice d’une primaire. « On verra bien dans les prochains jours comment cette situation fait bouger la gauche », poursuit Stéphane Troussel, qui ne perd pas non plus espoir du côté des autres candidats. « Il va y avoir des discussions, dans les prochaines heures, les prochains jours, entre les représentants des partis politiques, les différents candidats et les promoteurs de la primaire populaire », assure le porte-parole d’Anne Hidalgo.
Il estime que le rassemblement peut se faire par le bas, c’est-à-dire par les électeurs, et refuse ainsi l’argument d’une incompatibilité de ligne politique, avancé par les uns et les autres… un argument qui était aussi celui d’Anne Hidalgo, lorsqu’elle avait été questionnée sur notre antenne le 19 novembre, quant au refus qu’elle affichait à l’époque de se soumettre à une primaire. « Nos électeurs de gauche ne veulent pas entendre cette thèse. Aux seconds tours des élections locales, ces électorats ont la capacité de se rassembler », plaide Stéphane Troussel.
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