Barbara Pompili : « Le droit de veto sur les éoliennes est un cadeau empoisonné pour les maires »
Invitée de la matinale de Public Sénat, la ministre de la Transition écologique s’est largement exprimée sur la loi climat actuellement examinée au Sénat. Barbara Pompili a notamment fustigé la volonté des sénateurs d’offrir un droit de veto aux maires opposés à l’installation d’éoliennes dans leur commune. La ministre a également demandé que les députés et les sénateurs se mettent d’accord au plus vite sur une version commune du projet de loi constitutionnelle visant à inscrire la protection du climat dans la Constitution.

Barbara Pompili : « Le droit de veto sur les éoliennes est un cadeau empoisonné pour les maires »

Invitée de la matinale de Public Sénat, la ministre de la Transition écologique s’est largement exprimée sur la loi climat actuellement examinée au Sénat. Barbara Pompili a notamment fustigé la volonté des sénateurs d’offrir un droit de veto aux maires opposés à l’installation d’éoliennes dans leur commune. La ministre a également demandé que les députés et les sénateurs se mettent d’accord au plus vite sur une version commune du projet de loi constitutionnelle visant à inscrire la protection du climat dans la Constitution.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

« On prend le débat par le mauvais bout, car nous savons tous très bien que nous avons besoin de développer les énergies renouvelables. Nous avons des scénarios devant nous pour l’évolution de notre mix électrique qui sont actuellement expertisés et même le scénario où il y a le plus de nucléaire, c’est un scénario où il faut développer fortement les énergies renouvelables comme l’éolien. Ensuite, nous avons besoin de concertation, et je reconnais que cela a pu être mal fait. Mais maintenant, la méthode que je propose, c’est de faire une cartographie des zones où on peut faire de l’éolien », a lancé Barbara Pompili en réaction à la décision des sénateurs hier soir dans l’hémicycle de donner un droit de véto aux maires pour s’opposer à l’implantation d’éoliennes dans leur commune, et également la possibilité d’organiser un référendum local pour consulter la population.

« Ils veulent qu’on retourne à la bougie ? »

« Cette histoire de veto, cela veut dire qu’on va mettre la pression sur les maires qui pourront être pris en otage par certaines associations, alors qu’ils ont aussi le droit de faire partie de ceux qui sont concertés. C’est un cadeau empoisonné qu’on fait aux maires. Dans l’absurde, si toutes les communes de France font un veto, on ferait quoi ? On retournerait à la bougie ? Parce que les vétos seraient faits aussi sur d’autres énergies renouvelables, c’est certain », a pesté la ministre de la Transition écologique.

Avant d’ajouter : « On a d’autres manières de faire de la concertation. Il est notamment possible d’associer les citoyens à la concertation, y compris de façon financière, en leur proposant d’investir dans chaque projet de développement de l’éolien ».

« Un débat bas de gamme sur les éoliennes »

La Madame écologie du gouvernement en a également profité, à deux jours du premier tour des élections régionales, pour tacler le président des Hauts de France Xavier Bertrand qui s’oppose à l’arrivée de nouvelles éoliennes dans sa région. « Je suis désolée de voir que dans les Hauts de France, le débat est très bas de gamme. C’est haro sur les éoliennes et Xavier Bertrand en fait son cheval de bataille contrairement à Laurent Pietraszewski (le candidat LREM dans la région) que je n’attendais pas sur ces sujets, mais qui a eu le courage de défendre le développement de l’éolien.

« Les députés et les sénateurs doivent se parler, bon sang ! »

Barbara Pompili a également réagi au projet de loi constitutionnelle pour inscrire la protection de l’environnement dans la Constitution. « Nous avons une volonté de mettre très haut dans notre Constitution la protection de l’environnement avec ce projet de loi constitutionnelle qui est en cours de passage avec les deux assemblées. On ne peut pas se permettre sur un sujet aussi important de montrer qu’on n’est pas capables de se mettre d’accord. D’après ce que j’ai compris des débats, le Sénat tient à la référence à la Charte de l’environnement et les députés tiennent au mot « garantir ». Je dis maintenant aux parlementaires de se parler bon sang ! C’est un sujet trop important ».

« Le reste, pour moi, c’est de la mousse »

Concernant la plainte déposée à son encontre et celle de trois autres ministres par le réalisateur Cyril Dion et l’eurodéputé socialiste Pierre Larrouturou pour « inaction climatique » du gouvernement, la ministre de la Transition écologique n’a pas hésité à condamner cette initiative. « Je ne sais pas comment réagir face à une opération de communication. Ils portent plainte contre quoi ? Contre les 30 milliards pour la transition écologiste dans le plan de relance, contre la fermeture des centrales à charbon, la loi climat, les ZFE ? Je ne sais pas contre quoi ils portent plainte, par contre moi, je ne les entends pas beaucoup lorsqu’il faut développer l’éolien, ou pour défendre les zones antipollution dans les villes ».

« Je suis une militante écologiste depuis 20 ans, et je sais pourquoi je me bats, je sais pourquoi je suis là, et le reste, pour moi, c’est de la mousse », a-t-elle ajouté en reconnaissant « avoir besoin de personnes, d’ONG et d’associations qui nous titillent et nous poussent à aller plus loin, car c’est très utile pour le débat démocratique. Qu’ils continuent quelque part à nous challenger pour qu’on aille encore plus loin, aucun problème. Pour le reste, je suis au travail ».

Partager cet article

Dans la même thématique

Barbara Pompili : « Le droit de veto sur les éoliennes est un cadeau empoisonné pour les maires »
5min

Politique

Mercosur : le Sénat appelle l'exécutif à saisir la Cour de justice de l’Union européenne

Alors que le traité de libre échange pourrait être ratifié samedi par la présidente de la Commission européenne, la France a réaffirmé ce week-end son rejet du texte en l’état. Après l’Assemblée nationale fin novembre, c’est au tour du Sénat de se prononcer à l’unanimité sur une proposition de résolution visant à demander au gouvernement de saisir la Cour de justice de l’Union européenne pour vérifier la conformité de l’accord.

Le

French President Emmanuel Macron Meets Readers in Marseille to Discuss Democracy and Social Media
5min

Politique

Narcotrafic et plan « Marseille en grand » : ce qu’il faut retenir de la visite d’Emmanuel Macron dans la cité phocéenne

Nouvelle visite du chef de l’Etat dans sa ville de cœur. Après s’être rendu ce matin sur la tombe de Mehdi Kessaci, assassiné par des narcotrafiquants, Emmanuel Macron a annoncé une salve de mesures pour lutter contre le narcotrafic qui gangrène Marseille. Entre une rencontre avec les lecteurs de la Provence, l’inauguration d’un commissariat et la visite du chantier de la gare, Emmanuel Macron a aussi défendu le bilan de son plan « Marseille en grand ».

Le

Déclaration de politique générale et avenir de la Nouvelle Calédonie en séance au Sénat ce 15 octobre
2min

Politique

Budget : qui sont les sénateurs qui participeront à la commission mixte paritaire ?

Outre le président PS et rapporteur général LR de la commission des finances, Claude Raynal et Jean-François Husson, seront présents en CMP les sénateurs LR Christine Lavarde et Stéphane Sautarel, qui suit les collectivités, ainsi que le centriste Michel Canévet et le sénateur Horizons Emmanuel Capus, qui ont défendu plus d’économies durant les débats. Pour le PS, on retrouve le chef de file du groupe, Thierry Cozic.

Le