Charon : «On savait que quand on parlait à Charasse, ça allait directement à Mitterrand»

Charon : «On savait que quand on parlait à Charasse, ça allait directement à Mitterrand»

Après le décès de Michel Charasse, le sénateur LR Pierre Charon salue la mémoire d’un « homme d’influence » « très talentueux ». Ce proche de Nicolas Sarkozy, que l’ancien socialiste avait soutenu en 2007, se souvient aussi d’« un grand chasseur ».
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

C’était une figure de la vie politique française. Michel Charasse est mort, ce vendredi 21 février, des suites d’une longue maladie. Il avait 78 ans. Le socialiste, ancien conseiller de François Mitterrand et ministre du Budget, a été sénateur du Puy-de-Dôme pendant 24 ans. En 2007, il soutient Nicolas Sarkozy puis il rallie Emmanuel Macron en 2017.

Le sénateur LR Pierre Charon l’a bien connu. « Dès le départ, nous nous sommes appréciés comme adversaire » raconte ce fidèle sarkozyste. Il était à l’Elysée à ses côtés le 27 janvier dernier, pour la remise de sa légion d’honneur. « Ce moment a été magique. On a pu voir que de temps en temps, la République est une et indivisible » se souvient Pierre Charon. Il salue la mémoire d’un « homme d’influence » « très talentueux », qui était aussi « un grand chasseur ». Entretien.

Comment réagissez-vous après l’annonce du décès de Michel Charasse ?
Ça faisait 40 ans que je le connaissais. A l’époque, il était au groupe PS de l’Assemblée. Il animait le groupe et j’étais au cabinet Jacques Chaban-Delmas. Dès le départ, nous nous sommes appréciés comme adversaire. Et au fur et à mesure, c’est devenu une complicité, qui est allée très loin car quand le Président l’a décoré comme officier de la Légion d’honneur (le 27 janvier, ndlr), je faisais partie des invités et nous n’étions que 100. Et parmi ceux issus de la droite, il n’y avait que Gérard Larcher, Nicolas Sarkozy et moi. J’y ai retrouvé toute ma vie politique depuis 40 ans. Tout le monde était là, tout le Conseil constitutionnel aussi. Ce moment a été magique. On a pu voir que de temps en temps, la République est une et indivisible.

Lors de cette cérémonie, Michel Charasse ne pouvait quasiment plus parler. Il envoyait des textos à la fin de sa vie. On l’embrassait. C’était très dur. On avait tous les larmes aux yeux. On est resté tous ensemble longtemps, on savait qu’on ne le reverrait plus. On avait les yeux embués. C’était vraiment comme un adieu aux armes.

Michel Charasse avait surpris sa famille politique en décidant de soutenir Nicolas Sarkozy en 2007. D’où venait ce choix ?
D’une vieille complicité. Ils se connaissaient depuis bien longtemps. Nicolas Sarkozy appréciait sa fidélité à François Mitterrand. C’est le seul qui couchait à l’Elysée, comme ça, François Mitterrand l’avait sous la main. Il avait reçu Nicolas Sarkozy en 2007 à Puy-Guillaume (dont il a été maire 33 ans, ndlr) alors qu’il était socialiste. Il a été exclu du PS. Nicolas Sarkozy l’a ensuite fait rentrer au Conseil constitutionnel. Ça montre son élégance. En politique, on n’a pas d’ennemi, il n’y a que des adversaires. Lui était vraiment très talentueux. Et comme sénateur, il a marqué le Sénat. Le Sénat le remercie sur la façon dont Michel Charasse a protégé l’institution sur la séparation des pouvoirs.

Nicolas Sarkozy et Michel Charasse
Jean-Louis Debré, Nicolas Sarkozy et Michel Charasse, en 2010 (AFP).

Michel Charasse, c’était un homme politique comme on n’en fait plus…
Oui. Il avait un héros dans sa vie, c’était François Mitterrand. Il faisait tout pour lui, y compris négocier avec le diable. Parfois, il y avait des accords à faire. On savait que quand on lui parlait, ça allait directement à François Mitterrand. C’est agréable d’avoir à faire à des hommes d’influence, des vrais.

Michel Charasse, c’était un chasseur aussi. Vous avez partagé ces moments avec lui ?
Oui, c’était un grand chasseur. On se retrouvait souvent à la chasse ensemble. Et encore récemment, il venait. Il apportait un petit siège pour se poser. Il chassait le gros, le sanglier. On se retrouvait à Chambord avec Gérard Larcher, François Baroin, toute la bande. Quand j’ai présidé les chasses de Chambord, je l’invitais. C’était un moment délicieux – et un moment de sport aussi. J’en ai des souvenirs truculents. On était chacun dans son camp, mais il n’était pas interdit de se parler entre républicains.

Dans la même thématique

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
6min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : « Il se pose en sauveur de sa propre majorité, mais aussi en sauveur de l’Europe »

Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.

Le

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
11min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : on vous résume les principales annonces

Sept ans après une allocution au même endroit, le président de la République était de retour à La Sorbonne, où il a prononcé ce jeudi 25 avril, un discours long d’1h45 sur l’Europe. Se faisant le garant d’une « Europe puissance et prospérité », le chef de l’Etat a également alerté sur le « risque immense » que le vieux continent soit « fragilisé, voire relégué », au regard de la situation internationale, marquée notamment par la guerre en Ukraine et la politique commerciale agressive des Etats-Unis et de la Chine.

Le

Police Aux Frontieres controle sur Autoroute
5min

Politique

Immigration : la Défenseure des droits alerte sur le non-respect du droit des étrangers à la frontière franco-italienne

Après la Cour de Justice de l’Union européenne et le Conseil d’Etat, c’est au tour de la Défenseure des droits d’appeler le gouvernement à faire cesser « les procédures et pratiques » qui contreviennent au droit européen et au droit national lors du contrôle et l’interpellation des étrangers en situation irrégulière à la frontière franco-italienne.

Le

Objets
4min

Politique

Elections européennes : quelles sont les règles en matière de temps de parole ?

Alors que le président de la République prononce un discours sur l’Europe à La Sorbonne, cinq ans après celui prononcé au même endroit lors de la campagne présidentielle de 2017, les oppositions ont fait feu de tout bois, pour que le propos du chef de l’Etat soit décompté du temps de parole de la campagne de Renaissance. Mais au fait, quelles sont les règles qui régissent la campagne européenne, en la matière ?

Le