Le Sénat adopte le projet de loi antiterroriste
Le Sénat a adopté dans la nuit de mardi à mercredi le nouveau projet de loi antiterroriste voulu par le gouvernement pour remplacer, au 1er novembre, le régime exceptionnel de l'état d'urgence en pérennisant et en inscrivant dans le droit commun certaines de ses mesures. Ils ont également limité au 31 décembre 2021, l'application de certaines dispositions.

Le Sénat adopte le projet de loi antiterroriste

Le Sénat a adopté dans la nuit de mardi à mercredi le nouveau projet de loi antiterroriste voulu par le gouvernement pour remplacer, au 1er novembre, le régime exceptionnel de l'état d'urgence en pérennisant et en inscrivant dans le droit commun certaines de ses mesures. Ils ont également limité au 31 décembre 2021, l'application de certaines dispositions.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Le Sénat débutait, hier, l’examen du projet de loi « Sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme », censé renforcer le droit commun pour assurer une sortie de l’État d’urgence au 1er novembre prochain. Porté par le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, le texte provoque la colère des défenseurs des libertés qui y voient une « banalisation de l’État d’urgence. » Parmi les nouvelles mesures : les assignations à résidence, la mise en place de périmètres de sécurité ou encore les perquisitions administratives, pudiquement rebaptisées « visites et saisies. » Des mesures permises par l’état d’urgence qui seront désormais instaurées dans le droit commun avec quelques garde-fous supplémentaires. Par exemple, les assignations à résidence seront étendues à la commune et les « visites » ne seront possibles qu’avec l’autorisation du juge des libertés et de la détention. Pas de quoi rassurer les opposants. « En réalité, ce nouvel ‘état permanent’ du droit n’offre pas plus de garanties mais ne pourra plus être justifié par le caractère exceptionnel et temporaire » critiquait le Défenseur des droits, Jacques Toubon, dans le Monde du 23 juin dernier.

Depuis, la commission des lois du Sénat s’est attelée à « rééquilibrer » le texte, comme l’explique le rapporteur du projet de loi, l’ancien ministre de la Justice, l’UDI Michel Mercier qui rappelle « que le Sénat est aussi attaché au respect des libertés publiques. » La semaine dernière, les sénateurs ont donc en partie remanié le texte pour accroître le pouvoir du juge judiciaire mais aussi pour donner plus de cohérence à certaines mesures. Le projet de loi souhaitait ainsi que les assignés à résidence pointent tous les jours au commissariat. La commission préfère trois fois par semaine, comme c’est le cas des djihadistes français, de retour sur le territoire national. De la même façon, le texte impose aux suspects de transmettre les identifiants (mais pas les mots de passe) qu’ils utilisent en ligne. La commission a supprimé cet article. Sur ces deux points, le gouvernement a bien tenté de rétablir son texte mais ses amendements ont été retoqués lors d’une nouvelle réunion de la commission des lois, ce mardi matin.

En revanche, l’exécutif n’est pas revenu sur l’apport majeur du Sénat : l’instauration d’une « clause d’autodestruction » sur les trois mesures emblématiques. Ainsi, l’assignation à un périmètre géographique (en l’occurrence la commune), les dispositions individuelles de surveillance (le bracelet électronique) et les « visites » (perquisitions administratives) ne seront que des mesures expérimentales, autorisées jusqu’au 31 décembre 2021. Un rapport parlementaire annuel évaluera l’efficacité de ces mesures et surtout sur leur utilité. « S’il s’avère que ces mesures sont inutiles, le Parlement n’aura pas à les reconduire » souligne le président de la commission, Philippe Bas, dans un communiqué.

Le Sénat vote une "clause d'autodestruction" pour la loi Terrorisme
02:25

C’est d’ailleurs le pari des sénateurs. « Ce projet de loi, ce sont avant tout des mesures d’affichage » analyse un membre de la commission, sous couvert d'anonymat. « Elles seront très peu utilisées. » En l’occurrence, les mesures permises par l’état d’urgence « étaient rarement utilisées » souligne-t-il. En février dernier, l’ex-président de la commission des lois de l’Assemblée nationale, Dominique Raimbourg (PS), soulignait au Monde que « l’activité judiciaire classique a désormais pris le pas sur ces mesures, grâce à une plus grande efficacité des procédures et une meilleure coopération des services qui permettent de judiciariser plus rapidement des dossiers. »  Pour les sénateurs, cette constatation devrait suffire à rendre la nouvelle loi inutile d’ici 4 ans, façon pour eux de rétablir à terme ces libertés publiques.

Philippe Bas évoque le rôle du Sénat dans l'examen du projet de loi sur le terrorisme
04:05

 

Cette nuit, en séance publique, l'ensemble de la droite sénatoriale LR et centriste, majoritaire, mais aussi les sénateurs En Marche et ceux du RDSE, à majorité PRG, soit 229 élus, ont voté en première lecture pour ce texte qui sera débattu en octobre à l'Assemblée nationale. En revanche 106 ont voté contre: les socialistes, les communistes et deux anciennes membres du groupe écologiste désormais disparu, Aline Archimbaud et Esther Benbassa.

Partager cet article

Dans la même thématique

Clairefontaine: Celebration of French Training Model’s 50 Years
8min

Politique

A Lyon, avec le soutien Laurent Wauquiez, Jean-Michel Aulas marque-t-il vraiment des points ?

L’ancien président de l’Olympique Lyonnais, quasi-candidat aux municipales à Lyon, reçoit le soutien des LR, avec Laurent Wauquiez. « La candidature Aulas est en train de marquer des points », selon le sénateur LR Etienne Blanc. « Il faudra qu’il muscle un peu son jeu, il n’est pas au niveau », raille le sénateur des Ecologistes, Thomas Dossus.

Le

SIPA_01222969_000002
8min

Politique

Vote de confiance : quel est le bilan de François Bayrou à Matignon ?

Malgré la surexposition médiatique de ces derniers jours où François Bayrou a tant bien que mal défendu son budget et son choix surprenant de demander en amont aux députés un vote de confiance, le sort du Premier ministre semble scellé. Ses dix mois à Matignon ont été marqués par une propension à s’appuyer sur des propositions de loi, de longues conférences de presse sur le danger de la dette publique, l’échec d’une amélioration de la réforme des retraites et la polémique Bétharram.

Le

Durain ok
2min

Politique

Le sénateur PS Jérôme Durain élu à la tête de la région Bourgogne-Franche-Comté

Le sénateur de Saône-et-Loire, qui s’est récemment illustré en tant que président de la commission d’enquête du Sénat sur le narcotrafic, a été élu à la tête de la région, succédant à Marie-Guite Dufay. Elu sénateur en 2014, il va devoir lâcher son mandat de parlementaire en raison du non-cumul des mandats.

Le