Législatives : que contient l’accord entre le PCF et LFI ?

Législatives : que contient l’accord entre le PCF et LFI ?

Après EELV dimanche, c’est le PCF qui a validé ce mardi l’accord avec LFI pour les législatives. Les communistes reçoivent 50 circonscriptions, dont 11 pour leurs députés sortants et 5 considérées comme « gagnables. » Sur le fond, le PCF a eu des garanties pour sa future autonomie au sein de l’intergroupe parlementaire de la Nouvelle Union populaire et Ecologique et Sociale.
Louis Mollier-Sabet

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Après l’accord historique entre les écologistes et LFI, c’est au sujet des négociations avec les communistes que tous les signaux étaient au vert depuis quelques jours. Le PCF est un habitué des combats politiques menés aux côtés de Jean-Luc Mélenchon, notamment avec la présidentielle de 2012 – où le PCF et le Parti de gauche avaient formé le Front de gauche – et celle de 2017. « On peut même aller encore plus loin [qu’EELV] avec LFI », expliquait ainsi Pierre Laurent, sénateur communiste, dans notre matinale ce lundi, pour souligner les liens, à la fois idéologiques, historiques et personnels, qui existent entre le Parti communiste et Jean-Luc Mélenchon. « Les communistes vont faire partie de cet accord », ajoutait – confiant – Pierre Laurent ce lundi matin. « Je présidais la réunion du Conseil national samedi, tout le monde s’est exprimé en faveur d’un accord. »

Un accord validé par le Conseil national

Dans un communiqué, les députés Marie-George Buffet, Elsa Faucillon et Stéphane Peu – qui font partie des parlementaires communistes les plus Mélenchon-compatible, rejoignent l’ancien secrétaire national du PCF : « Tout témoigne que nous sommes en réalité très proches d’un accord acceptable entre la France Insoumise et le Parti communiste français. » Invité sur France Info, Fabien Roussel s’est, lui aussi, montré combatif en annonçant un accord « dans les heures qui viennent » : « Nous parviendrons à conclure cet accord dans la journée, la soirée, ou dans la nuit s’il le faut. » La prolongation des négociations avec le PS a un peu repoussé le calendrier, mais du côté de la délégation du Parti communiste, on s’est toujours montré confiant. « Il n’y a pas de souci », confiait lundi Igor Zamichiei, coordinateur de l’exécutif national du PCF et chef de la délégation, après le décalage de la réunion au siège de la France Insoumise de 14h à 22h. Les négociations ont continué d’avancer dans la nuit de lundi à mardi et les communistes se félicitaient notamment du compromis trouvé sur le « label » de la « Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale », à la fois parce qu’il actait la création d’une « bannière commune » et parce que les termes choisis soulignaient « l’aspect social du programme. »

Au niveau programmatique, les divergences entre les communistes et les Insoumis étaient encore moins importantes qu’entre EELV et LFI, qui sont pourtant parvenus à un accord dimanche soir. Sur le nucléaire, plus gros point de désaccord, la solution d’un référendum avait été évoquée par Jean-Luc Mélenchon pour appeler à l’union entre le PCF et l’Union populaire pendant la campagne présidentielle. Mais dans l’accord trouvé aujourd’hui, les députés Insoumis et communistes défendront simplement des positions différentes à l’Assemblée sur ce sujet-là. Les communistes ont obtenu des garanties que, sur les rares points de désaccord, ils pourraient conserver une certaine autonomie et porter leurs propositions, comme la « reconquête des services publics » et la « formation d’un grand pôle public financier avec la nationalisation de banques généralistes. » C’est donc sans surprise qu’après une réunion « pour finaliser » l’accord à 12h, celui-ci a rapidement été soumis au Conseil national du PCF, où les 200 membres ont validé l’accord proposé un peu avant 18h, par 120 voix pour, 25 contre et 13 abstentions.

50 circonscriptions, 11 députés sortants et 5 circonscriptions « de conquête »

L’accord réserve finalement 50 circonscriptions au PCF, dont les 11 des députés communistes sortants, comme Fabien Roussel (20ème du Nord), candidat à la présidentielle, André Chassaigne (5ème du Puy-de-Dôme), président actuel du groupe, ou Marie-George Buffet (4ème de Seine-Saint-Denis), ancienne ministre. 5 circonscriptions jugées « gagnables », ou en tout cas « de conquête », devraient aussi revenir au PCF dans cet accord, dont deux duels annoncés face au RN dans la circonscription de Sébastien Chenu à Denain (19ème du Nord) et la 3ème circonscription du Pas-de-Calais, à Lens. Le PCF ira aussi à la « conquête » de la 2ème circonscription du Cher (Vierzon), de la 7ème de l’Oise (Creil-Nogent) et de la 2ème des Landes (Dax). Si les garanties sur le programme et la stratégie politique ont été respectées, les communistes n’auront donc pas eu gain de cause sur certaines circonscriptions où la délégation confie avoir « poussé quelques personnalités. »

Il s’agissait de circonscriptions de la « banlieue rouge » parisienne, ou bien à Vénissieux (14ème circonscription du Rhône), où Michèle Picard, maire communiste depuis 2009 et vice-présidente de la Métropole de Lyon était notamment prétendante à la députation. Le journaliste Taha Bouhafs devrait donc finalement bien y être investi par la « Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale » à Vénissieux. Il faudra aux communistes 15 députés pour constituer un groupe, mais les communistes forment déjà le groupe de la « Gauche démocrate et républicaine » avec d’autres élus de gauche à l’Assemblée nationale. Si toutes les circonscriptions « gagnables » ne sont pas effectivement gagnées par les communistes, ils devraient pouvoir constituer un groupe uniquement avec les sortants, si ceux-ci sont réélus. Ce n’est donc pas l’accord rêvé pour le Parti communiste, mais les dirigeants misent sur la dynamique de l’union pour « conquérir » certaines circonscriptions moins acquises à leur cause. LFI, EELV, le PCF – et peut-être le PS selon l’évolution des discussions en fin de journée – lanceront la campagne de la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale samedi 7 mai prochain.

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