Loi antiterroriste : députés et sénateurs ont trouvé un accord
Réunis en commission mixte paritaire, ce lundi, députés et sénateurs ont trouvé un accord sur le contenu du projet loi antiterroriste. Elle est censée remplacer le régime de l’état d’urgence, prolongé six fois depuis 2015 et qui prendra fin le 1er novembre.

Loi antiterroriste : députés et sénateurs ont trouvé un accord

Réunis en commission mixte paritaire, ce lundi, députés et sénateurs ont trouvé un accord sur le contenu du projet loi antiterroriste. Elle est censée remplacer le régime de l’état d’urgence, prolongé six fois depuis 2015 et qui prendra fin le 1er novembre.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

 

 

Réputé plus protecteur des libertés publiques, le Sénat avait introduit plusieurs garde-fous lors de l’examen, en première lecture, du projet de loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme. Le texte adopté par les députés, la semaine dernière, était plus proche de la version initiale du gouvernement.

Le Sénat avait notamment supprimé un article obligeant les personnes suspectées à transmettre à l’autorité administrative leurs identifiants numériques (hors mots de passe) et leur numéro de téléphone. Une obligation réintroduite à l’Assemblée nationale.  En commission mixte paritaire, les sénateurs ont eu gain de cause. « Nous nous sommes opposés à ce qu’on puisse exiger dans une perquisition administrative à ce que la personne fournisse ses identifiants d’ordinateur ou de téléphone portable » a confirmé le président LR de la commission des lois du Sénat, Philippe Bas

Une  « clause d’autodestruction » avait également été introduite par le Sénat. L’article 3 et 4 sur les assignations à résidence et les perquisitions administratives n’étaient applicables que jusqu’au 31 décembre 2021, le gouvernement devant adresser chaque année au Parlement un rapport détaillé sur l’application de ces dispositions.  En CMP, les parlementaires ont ramené cette date au 31 décembre 2020 et intègre désormais les dispositions concernant la fermeture des lieux de culte et le controversé article 10, sur les périmètres de sécurité. « On ne peut pas accepter de mesures trop restrictives pour les libertés et par conséquent, il faut qu’elles soient temporaires. Donc, nous avons étendu la clause d’autodestruction (…) à toutes les mesures restrictives de libertés » a résumé Philippe Bas.

En ce qui concerne les assignations à résidence, c’est la version du Sénat qui a été retenue.   Là, où les députés étaient revenus à un pointage quotidien pour les assignés d’une commune, le texte de la CMP revient à la version sénatoriale limitée à trois fois par semaine. « À condition que le motif soit bien la lutte antiterroriste et rien d’autre » a précisé le président de la commission des lois. (Voir le communiqué de presse du Sénat)

En ce qui concerne les motifs permettant aux préfets de police de fermer temporairement les lieux de cultes, quand « les propos qui  (y) sont tenus, les écrits, idées ou théories qui sont diffusés ou les activités qui se déroulent provoquent à la violence, à la haine et à la discrimination et provoquent à la commission d’actes de terrorisme ou font l’apologie de tels actes » selon l’article 2. Or, pour le président de la commission des lois du Sénat, « un écrit et une théorie, ça ne se passe pas sur le même plan. Des écrits peuvent énoncer des théories, et les théories peuvent être orales. Donc, c’était une pure question de rédaction que nous avons  résolue » indique Philippe Bas.

Comme il l’avait affirmé la semaine dernière, et malgré l’accord trouvé cet après-midi en CMP sur le projet de loi, Philippe Bas est loin de fermer la porte à une nouvelle prolongation de l’état d’urgence. « Car ce texte ne comporte pas les mêmes moyens que l’état d’urgence pour lutter contre le terrorisme (…) Ce sont deux sujets qui sont totalement différents (…) Les événements des dernières semaines montrent qu’il y a toujours de très graves motifs d’inquiétudes (…) Si le gouvernement estime en avoir besoin, nous serons là pour le voter (la prolongation de l’état d’urgence) » a-t-il affirmé.

accord sur la loi antiterroriste en CMP: Philippe Bas ne ferme toujours pas la porte à une prolongation de l'état d'urgence".
01:32

 

Enfin, s'agissant de l'article 10, relatif à l'extension des contrôles d'identité frontaliers, la commission mixte paritaire a réduit à 10 km (au lieu de 20) la zone de contrôle autour des points de passage frontaliers extérieurs (aéroports, ports) les plus sensibles. Plusieurs parlementaires et des ONG, craignent que cette disposition ne soit principalement utilisée pour lutter contre l'immigration et donne lieu à « des contrôles au faciès ».

« Cet accord illustre l'esprit de responsabilité qui habite les parlementaires des deux chambres dans un contexte de menace terroriste particulièrement élevée. L'accord trouvé permettra de mettre en œuvre rapidement et efficacement les mesures contenues dans ce texte équilibré », s'est félicité le président du groupe LREM à l'Assemblée Richard Ferrand, dans un communiqué.

« Saluons la volonté et la capacité de l'Assemblée nationale et du Sénat de travailler en commun! », a aussi tweeté la présidente de la commission des Lois de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet (LREM).

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Loi antiterroriste : députés et sénateurs ont trouvé un accord
3min

Politique

Budget : Amélie de Montchalin assume le dialogue avec le PS plutôt qu’avec le RN au nom des « valeurs gaullistes »

A 48 heures de la réunion de la commission mixte paritaire sur le projet de loi de finances, le ton est monté d’un cran entre le gouvernement et la droite sénatoriale qui refuse d’endosser la responsabilité d’un niveau de déficit, porté à 5,3 %. Aux questions d’actualité au gouvernement du Sénat, Amélie de Montchalin indique que le gouvernement a choisi « en conscience de travailler avec le Parti socialiste ».

Le

Loi antiterroriste : députés et sénateurs ont trouvé un accord
3min

Politique

Dermatose des bovins : Sébastien Lecornu appelle au soutien des vétérinaires menacés

Lors des questions d’actualité au gouvernement du Sénat, le Premier ministre Sébastien Lecornu a longuement détaillé la stratégie de l’exécutif pour lutter contre la crise de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et a appelé au soutien des vétérinaires menacés, car en charge des « dépeuplements » des bovins affectés.

Le

Loi antiterroriste : députés et sénateurs ont trouvé un accord
4min

Politique

Budget 2026 : « Les choses vont être difficiles », reconnaît Sébastien Lecornu, face à des sénateurs LR en colère

Le président du groupe LR au Sénat a fait part de la colère de ses troupes lors des questions au gouvernement, après que le ministre de l’Économie a pointé du doigt la responsabilité du Sénat dans la dégradation du projet de loi de finances. Le Premier ministre a indiqué que ses ministres faciliteraient les compromis, à deux jours de la commission mixte paritaire.

Le