Le Parti socialiste demande que le discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe, prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne, soit décompté des temps de parole et inscrit dans les comptes de campagne de la majorité présidentielle. Pour le patron du PS, invité de Public Sénat, le chef de l’Etat est devenu « candidat à cette élection européenne ».
Réduction du nucléaire : « Rien n’a été fait » depuis 2015 se défend Hulot
Par Public Sénat
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« L’un des scénarios d’RTE (gestionnaire du réseau électrique), c’est qu’effectivement nous pourrions atteindre cet objectif en 2025 mais au détriment de tous nos autres objectifs, de réduction d’émission de gaz à effet de serre, de fermeture des centrales à charbon, de ne pas rouvrir des centrales thermiques (…) « Si on veut être crédible (…) on ne peut pas, sous prétexte qu’il y a un trophée ou un totem, s’obstiner dessus ». Sur Public Sénat, mercredi après-midi, Nicolas Hulot a une nouvelle fois justifié la décision de ne pas respecter l’un des engagements phare de la loi de transition énergétique adoptée en 2015 : porter la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % à l’horizon 2025. Toujours sur Public Sénat, mardi, le ministre a annoncé une autre échéance « 2030 ou 2035 ».
« Il n'avale plus des couleuvres, il avale des boas constrictor »
C’est bien cette justification du ministre pour repousser l’échéance qui choque les écologistes. « Il n'avale plus des couleuvres, il avale des boas constrictor » a réagi, ce matin, l’eurodéputé écologiste Yannick Jadot qui reproche à Nicolas Hulot de reprendre « les arguments éculés de l'industrie nucléaire depuis des décennies », « si vous n'avez pas de centrales nucléaires, vous avec des centrales charbon (...), c'est totalement faux » s’est-il indigné. Même stupéfaction de la part de Pascal Canfin, directeur général de WWF, invité de France Inter (voir ci-dessous).
Et quand Nicolas Hulot se défend de tout renoncement en s’appuyant sur des analyses de l'Ademe (Agence pour la maîtrise de l'énergie), et de RTE (gestionnaire du réseau électrique), c’est un ancien de la fondation Hulot, le député LREM, Mathieu Orphelin qui le contredit. « On a un scénario mis sur la table par RTE qui montre qu’on peut l’atteindre (l’objectif) dès 2030 (…) Je pense qu’en optimisant les choses. En développant l’efficacité énergétique, en faisant un peu moins d’exportation d’électricité…. On peut viser 2026, 2027 (…) Il faut rester très ambitieux » plaide-t-il.
« Que chacun se calme » répond Hulot
« Rien n’est gravé dans le marbre ». La PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) reste à faire. On a presque un an devant nous. On va co-construire, la programmation pluriannuelle de l’énergie. Donc, que chacun se calme. Ce qui est important c’est d’être dans la transparence, la vérité et l’exigence. De ce point de vue là, rien n’a changé » s’est défendu cet après-midi Nicolas Hulot.
Le ministre renvoie également la responsabilité de cette situation au quinquennat précédent. Et adresse un message à ceux qui sont « inquiets » aujourd’hui, « alors que depuis l’application de cette loi, rien n’a été fait ». « C’est quand même curieux que l’inquiétude surgisse au moment ou moi je m’intéresse à la faisabilité de cet objectif. « Certains disent que je recule, je passe simplement d’une situation figée à une situation qui va avancer ».
Corinne Lepage craint la création de nouvelles centrales
L’ancienne ministre de l’Environnement sous Chirac, Corinne Lepage, soutien du candidat d’En Marche durant la campagne, se dit « très déçue du choix d’Emmanuel Macron » qui pourtant, assure-t-elle « connaît très bien le sujet ». « Il est très probable que d’ici 2025, on soit obligé de construire de nouvelles centrales » s’alarme-t-elle. « L’Autorité de la sûreté nucléaire (ASN) vient de repousser à 2020 au lieu de 2019 son avis sur la prolongation de 34 réacteurs. Un avis sur lequel le gouvernement compte s’appuyer pour décider de fermer telle ou telle centrale. Mais actuellement, il y a déjà une vingtaine de réacteurs qui sont à l’arrêt. Donc, en attendant le développement du renouvelable, l’exécutif a-t-il dans l’idée d’en construire d’autres ? » interroge-t-elle.
Quand Macron ne savait pas si l’objectif de 50% était « atteignable »
Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’était lui aussi montré ambigu au sujet de la réduction de la part du nucléaire, se bornant « à maintenir le cap des 50% ». Interrogé dans le Panda live de WWF en février dernier, le candidat d’En Marche concédait toutefois ne pas savoir si l’objectif de 50% était « atteignable ». « Pour être cohérent et rester dans la trajectoire, je m’engage à tenir l’objectif en renouvelables (…) 32% (dans la part de l’électricité française NDLR) à l’horizon 2030 » avançait-il simplement. « Cette question lui a été posée peu de temps avant l’élection présidentielle et l’objectif de 50% d’ici 2025 avait été réaffirmé. Il figure toujours dans son programme » rappelle Corinne Lepage. Emmanuel Macron s’était, en effet, montré plus précis dans une interview donnée à Mediapart peu avant le second tour du scrutin. « L’horizon 2025, je sais le porter. Je sais le crédibiliser, le défendre » assurait-il.