Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.
Régionales : Xavier Bertrand écrase le match dans les Hauts-de-France
Par Public Sénat
Publié le
Dans les Hauts-de-France, le sortant Xavier Bertrand arrive largement en tête du premier tour, avec 43,1 % des voix, selon notre estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions/Radio France/LCP-AN - Public Sénat.
Le candidat de la droite (ex-LR) devance largement la liste Rassemblement national de Sébastien Chenu, donnée à 24,4 % des voix. Un coup dur pour le RN, que les sondages donnaient plus proche de Xavier Bertrand.
« Il y a eu un vote utile »
La liste d’union de la gauche (PS, EELV, PCF, LFI) de Karima Delli n’a pas réussi son pari. Elle ne réalise que 17,5 % des voix. L’addition des voix de gauche aurait pu théoriquement donner un score plus élevé, mais l’union n’a pas été payante, comme espéré à gauche. Karima Delli a aussi pâti d’un manque de notoriété. « On espérait être au-dessus de 20 % », reconnaît Patrick Kanner, patron des sénateurs PS et sénateur du Nord. « Je voulais qu’on soit sur le podium, on est sur le podium. Mais il y a eu un vote utile. Peut-être que des électeurs de gauche, qui ont pensé que notre attelage était un peu compliqué, sont allés voter pour Xavier Bertrand », pense le socialiste… Patrick Kanner espère encore progresser pour le second tour : « Maintenant, la gauche a encore quelques marges de manœuvre. J’espère qu’on va amplifier ce score pour que Xavier Bertrand ne soit pas dans un duo avec le RN ».
Laurent Pietraszewski, candidat LREM/Modem, réalise lui un faible score, avec 8,5 % des voix, malgré le soutien de cinq ministres, dont celui de la Justice, Eric Dupond-Moretti. Ces renforts n’ont visiblement eu aucun effet. Pire, avec moins de 10 % des suffrages exprimés, sa liste n’est pas en position de se maintenir pour le second tour. « Fidèle à (ses) valeurs et (son) engagement républicain », Laurent Pietraszewski a appelé dans la soirée à voter Xavier Bertrand.
Xavier Bertrand fait du RN son « seul et unique ennemi »
Xavier Bertrand s’est adressé à ses électeurs, peu après 20 heures, pour les remercier. « Ici, le RN a reculé car nous avons montré que par le travail, l’engagement et la cohérence, la politique n’était pas morte, qu’elle avait encore eu sens », a-t-il lancé, « ici, nous avons desserré, pour les briser, les mâchoires du RN, leur démagogie, leur opposition stérile, leur intolérance » (voir la vidéo).
« Chacun est face à ses responsabilités. J’ai pris les miennes, en faisant du RN mon seul et unique ennemi », soutient Xavier Bertrand. Il entend continuer le « renouveau » des Hauts-de-France « dans la cohérence, la transparence, la fidélité à ses idées, ses convictions, ses valeurs ». Comme il l’avait dit, il déposera pour le second tour la même liste. Et de conclure :
Une fois encore, nous ferons rempart contre le RN.
« Mobilisez-vous, bougez-vous, levez-vous ! » lance Sébastien Chenu
Comme dans les autres régions, le RN subi la faible mobilisation. L’abstention touche l’ensemble des partis, mais selon notre sondage Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions/Radio France/LCP-AN Public Sénat, 73 % des électeurs de Marine le Pen au premier tour de la dernière élection présidentielle ne se sont pas déplacés eux urnes.
On savait que l’abstention différentielle serait l’une des clefs du scrutin. C’est finalement l’extrême droite qui en pâti. Dans ces conditions, Sébastien Chenu a appelé dimanche soir ses électeurs à se déplacer pour le second tour. « Mobilisez-vous, bougez-vous, levez-vous ! » a-t-il lancé, en appelant « aux ruraux, aux ouvriers, aux employés, aux jeunes » pour « combattre le système Bertrand-Macron ».
Xavier Bertrand est malgré tout le grand favori pour le second tour. Sauf énorme surprise et sursaut de participation, il devrait conserver la région. Et pour celui qui avait conditionné sa candidature à la présidentielle à un succès aux régionales, s’ouvrir les portes de 2022.