Valls veut « empêcher un second tour Fillon/Le Pen » et critique la stratégie de Hamon

Valls veut « empêcher un second tour Fillon/Le Pen » et critique la stratégie de Hamon

Benoît Hamon se retrouve mis en cause dans son propre camp. Devant ses soutiens, Manuel Valls a critiqué la stratégie du candidat PS. Il appelle à « se préparer à la recomposition de la gauche et de la scène politique » et à « se demander quel est le meilleur candidat à gauche pour être au second tour et battre Le Pen ».
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Démonstration de force mardi soir de Manuel Valls et ses soutiens. Alors que les parlementaires PS invités par Hamon prenaient un pot à son QG, après une réunion du Conseil parlementaire de la campagne (voir notre article), les nouveaux frondeurs du PS se rassemblaient à l’Assemblée nationale.

De retour de vacances, Manuel Valls était entouré du président de l’Assemblée, Claude Bartolone, du président du groupe PS du Sénat, Didier Guillaume, des ministres et secrétaire d’Etat Laurence Rossignol, Emmanuelle Cosse, Jean-Vincent Placé, Patrick Kanner, Juliette Meadel, ou encore de Silvia Pinel, Carole Delga. Sans compter plusieurs parlementaires et responsables locaux socialistes.

Sur tweeter, un élu local et le député Philippe Doucet ont diffusé une photo. On voit une salle bondée. Un participant évoque 300 personnes. Chiffre qui semble exagéré, mais il y avait clairement du monde pour écouter Manuel Valls.

« Tout ce qui est fait depuis la primaire aboutit à poser un problème stratégique »

Après les attaques des réformateurs du PS, à l’image de Jean-Marie Le Guen qui ne donnera pas son parrainage à Benoît Hamon, la parole de Manuel Valls était attendue. Elle ne calmera pas la fronde qui complique la vie du candidat PS. Comme à ses amis, la campagne de Benoît Hamon pose problème à Manuel Valls.

« J'ai dit ce que j'avais à dire au soir de la primaire sur les règles du jeu. Je n'y reviens pas mais je ne vous cache pas mon inquiétude, surtout après l'accord entre EELV et Benoît Hamon » a affirmé Manuel Valls, selon des propos rapportés à publicsenat.fr par un participant. Il a notamment pointé du doigt les propos du candidat sur la dette. « Tout ce qui est fait depuis la primaire aboutit à poser un problème stratégique » a encore dit l’ex-premier ministre, rejoignant l’analyse de Jean-Marie Le Guen.

« Des dépassements après la présidentielle »

Faisant le constat d’une gauche fragmentée, Manuel Valls pense à la suite. « Il faut se préparer à cette recomposition de la gauche et de la scène politique, sortir des schémas établis, quelle que soit l'issue de la présidentielle » a-t-il affirmé toujours selon un participant. Celui qui avait théorisé pendant le quinquennat l’idée d’une « maison commune des progressistes » continue à défendre l’idée. Sauf que son rêve semble se réaliser en la personne... d’Emmanuel Macron.

Manuel Valls regrette qu’aucun candidat ne prenne en compte la menace du FN. Partant du constat que la victoire du prochain Président se fera certainement face à l’extrême droite, Manuel Valls en arrive à la conclusion que cette situation « conduira forcément à un ou des dépassements après la présidentielle » résume un député, même si on n’en connaît pas encore les formes. Maison commune, encore une fois.

« Je pèse mes mots car je sais quelle interprétation peut être faite de mes mots »

Mais qui pour incarner ce dépassement ? Suivez mon regard…  La présence de Marine Le Pen au second tour semblant difficilement évitable insiste Manuel Valls, « il faut empêcher un second tour Fillon/Le Pen ». « Et je pèse mes mots car je sais quelle interprétation peut être faite de mes mots » a précisé Manuel Valls selon ce soutien du premier ministre…

Dans ces conditions, il faut « se demander quel est le meilleur candidat à gauche pour être au second tour et battre Le Pen » rapporte ce député. « Pour l'essentiel, ce sont les électeurs qui répondront à cette question », précise Manuel Valls, qui pour sa part dénonce la campagne de Hamon…

Porte ouverte à un éventuel ralliement à Emmanuel Macron

Devant ses troupes, l’ex-premier ministre ouvre de manière à peine voilée la porte à un éventuel ralliement à Emmanuel Macron dans le but de faire barrage au FN. Sur le fond, l’ancien ministre de l’Economie est le plus proche de l’ex-locataire de Matignon sur le plan économique et idéologique. Mais les propos de Manuel Valls n’en sont pas moins étonnants. Emmanuel Macron est son meilleur ennemi politique. Le leader d’« En marche ! » a réussi en quelques mois à préempter une partie du créneau politique que voulait occuper pour la suite Manuel Valls.

« Mon rôle est de poser des exigences, des questions  sur l'avenir de cette gauche réformiste. Et elles s'adressent à tous, à Benoît Hamon comme à Emmanuel Macron » souligne encore Manuel Valls. Tout en disant « comprendre tous les positionnements », sachant que « parmi vous certains ont choisi Emmanuel Macron et d'autres restent fidèles à Benoît Hamon », il n’aimerait pas voir ses troupes se disperser. « Je vous invite à rester ensemble et à faire en sorte que le réformisme, que j'ai porté avec vous,  puisse continuer à être incarné » a lancé Manuel Valls. Ensemble, mais certainement pas tous derrière Hamon. A moins que les néo-frondeurs du PS, qui demandent un recentrage de la campagne, soient entendus d’ici là.

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