Face au patronat, Emmanuel Macron pose les jalons d’un nouvel agenda social

Le chef de l’Etat s’est entretenu ce mardi avec les représentants des principales organisations patronales. Il espère, d’ici l’été, la mise en place d’un calendrier de travail pour boucler les concertations sur la réforme de Pôle Emploi et engager un nouveau cycle de discussions autour d’un « pacte de la vie au travail ». Un agenda « trop court », selon Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, d’autant que les syndicats refusent toujours de revenir à la table des discussions.
Caroline Deschamps

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En (tout) petit comité. Emmanuel Macron recevait mardi à l’Elysée le patronat, les syndicats ayant boudé l’invitation du président de la République. Le chef de l’Etat espère échapper à la paralysie politique déclenchée par la réforme des retraites avec l’élaboration d’un nouvel agenda social. À cette fin, il s’est entretenu pendant deux heures, aux côtés de la Première ministre Élisabeth Borne et du ministre du Travail Olivier Dussopt, avec les dirigeants des trois principales organisations patronales, le Medef, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) et l’Union des entreprises de proximité (U2P)

Durant le préambule de cette rencontre, filmé par la presse, Emmanuel Macron a défini quatre objectifs : fixer dans la loi l’accord signé en février par quatre syndicats sur le partage de la valeur ; accélérer les concertations autour de la réforme des lycées professionnels et celle de Pôle Emploi, appelé à devenir « France Travail », avec une série de mesures concernant les chômeurs longue durée et les bénéficiaires du RSA. « Nous souhaitons avoir d’ici l’été un projet de loi », a indiqué le président de la République. Et enfin, la mise en place d’une grande concertation pour un « pacte de la vie au travail », déjà évoqué lors de son allocution télévisée lundi soir.

Une nouvelle séquence autour du travail

Ce dernier point est régulièrement présenté par l’exécutif comme le corollaire du recul de l’âge légal de départ à la retraite. « Ce sont toutes ces questions que nous avions pu traiter dans la réforme des retraites mais qui, pour certaines, ont été censurées par le Conseil constitutionnel, et qui sont : comment mieux vivre de son travail, mieux vivre au travail, comment préparer les fins de carrière et les reconversions », a énuméré Emmanuel Macron ce mardi.

Il a indiqué espérer le retour autour de la table des discussions de certaines organisations syndicales une fois la journée de mobilisation du 1er mai passée. « L’objectif que l’on doit se donner, c’est que l’agenda complet des négociations soit défini dans les prochains mois, avec un temps de la négociation jusqu’à la fin de l’année pour construire ce pacte. »

« J’ai réaffirmé que 100 jours, c’était trop court »

Lundi soir, au cours de son intervention télévisée, Emmanuel Macron s’est donné « cent jours » pour sortir de la crise politique et relancer le train des réformes, « cent jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action au service de la France », a-t-il martelé. « On a compris que le président et le gouvernement souhaitaient mieux associer les partenaires sociaux dans les discussions futures, notamment sur l’emploi des seniors, les transitions professionnelles et les parcours en entreprise », a commenté Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, au sortir de cette rencontre.

« J’ai réaffirmé que 100 jours, c’était trop court pour arriver à des conclusions et avoir le temps de la négociation », ajoute-t-il, rappelant que l’accord sur le partage de la valeur ajoutée avait mis 7 mois à voir le jour. « On ne sait pas faire plus vite. On peut trouver cela un peu lent, mais je pense que le pays gagne à ce que des accords soient signés par le patronat et les syndicats. »

« Il pourrait y avoir, la semaine du 8 mai, une nouvelle réunion où tout le monde sera convié »

Il sera difficile toutefois pour l’exécutif de bâtir son agenda tant que les organisations syndicales refuseront de renouer le dialogue. « Un agenda, cela se fait à trois. Les syndicats n’étaient pas là. Nous devons prendre contact avec eux. Je ne souhaite pas m’engager dans une négociation si, par avance, on sait que cela va échouer », a encore expliqué Geoffroy Roux de Bézieux. « La chaise vide ne peut pas être une politique de long terme. Il y a des sujets. […] Il y a un temps à trouver, mais j’espère que l’on pourra, courant mai, refaire des réunions », ajoute le patron du Medef.

« Il pourrait y avoir, la semaine du 8 mai, une nouvelle réunion où tout le monde sera convié. C’est un souhait porté par le président de la République », a précisé François Asselin, le président de la CPME, saluant des échanges « très directs » avec le chef de l’Etat. « Le président nous a promis de nous laisser les rubriques de cet agenda, avec l’objectif d’atterrir à la mi-juin sur un programme que nous pourrons négocier entre partenaires sociaux. »

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