PARIS: Frederic Mitterrand dans son bureau et devant sa table d ecriture

Mort de Frédéric Mitterrand : « Un homme d’une immense culture », les hommages politiques à l’ancien ministre

Frédéric Mitterrand est décédé à l’âge de 76 ans. Après un parcours éclectique au cinéma et à la télé, le neveu de François Mitterrand avait créé la surprise en étant nommé ministre de la Culture par Nicolas Sarkozy. Un passage rue de Valois aussi marqué par l’exhumation de ses écrits où il faisait l’apologie du tourisme sexuel.
Rédaction Public Sénat

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De son premier rôle au cinéma face à Bourvil dans Fortunat d’Alex Joffé à son élection à l’Académie des Beaux-arts et passant par deux décennies à la télévision, et un poste de ministre de la Culture, la vie de Frédéric Mitterrand aura été riche.

« Ses légendaires, Bonsoir ! »

Décédé jeudi à son domicile parisien à l’âge de 76 ans, après une lutte de plusieurs mois contre un cancer, le neveu de l’ancien président François Mitterrand, était une personnalité inclassable. Sur X Emmanuel Macron a salué un homme qui « vécut mille existences, toutes tissées d’un fil rouge : la culture pour chacun ». Une référence à son slogan qu’il avait lancé à son arrivée rue de Valois.

Le chef de l’Etat n’oublie pas non plus « ses légendaires, Bonsoir ! » qui rythmaient ses émissions sur le cinéma, « Etoiles et toiles » sur TF1 puis « Du côté de chez Fred » sur Antenne 2 dans les années 80 et 90.

Dans un communiqué, l’Elysée rappelle que Frédéric Mitterrand a également réalisé des « documentaires sur les grandes monarchies déchues et les stars du passé, ainsi que des émissions culturelles sur Europe 1 et France Culture ». « Son art consommé du débat, son acuité intellectuelle tempérée d’élégance nonchalante, lui valurent deux 7 d’Or ».

Le Premier ministre Gabriel Attal a rendu hommage sur X à « un homme qui avait la soif insatiable d’apprendre et le projet constant de faire », soulignant que « les Français regretteront une figure, une voix, une présence familières ».

Le président centriste de la commission de la Culture du Sénat, Laurent Lafon rend hommage « à un homme qui a consacré toute sa vie à la culture et qui a eu le courage de franchir le Rubicon en acceptant de prendre des responsabilités ».

Invité des chaînes parlementaires dans l’émission Parlement hebdo, le président du groupe socialiste du Sénat, Patrick Kanner retient « un grand ministre de la Culture dans la lignée d’un Jack Lang », « un homme d’une immense culture, d’une grande gentillesse et une grande disponibilité ».

« La mort de Frédéric Mitterrand me bouleverse. Une amitié de plus de 60 ans nous liait d’une affection inaltérable. Il a tout au long de sa vie servi les arts avec passion, érudition et amour. Notre fidélité commune pour François Mitterrand nous unissait profondément », a réagi de son côté Jack Lang, ancien ministre socialiste de la Culture, sur X.

« Un homme profondément cultivé et délicat »

Evoquant son « immense tristesse », Nicolas Sarkozy a rendu hommage sur le même réseau social à son ancien ministre de la Culture : « Un homme profondément cultivé et délicat, un être à part, sensible et attachant, une personnalité inclassable si loin de la vie partisane ». « Il fut un ministre de la Culture enthousiaste et passionné, qui exerça ses fonctions avec panache et talent. Il laissera ses films, ses livres, ses émissions comme autant de témoignages de son amour pour l’art et pour la culture », a-t-il ajouté.

Dans un communiqué, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a salué celui qu’elle appelait « Frédo », « une de nos figures familières » mais aussi « un écrivain fécond » et un « ministre attentif à tous les acteurs de la culture ».

« Il y a des hommages qui me mettent mal à l’aise »

Mais les hommages des personnalités politiques sur les réseaux sociaux ne sont pas légion ce vendredi. Car la vie de Frédéric Mitterrand n’était pas sans zone d’ombre. Les passages de son livre « La mauvaise vie », publié en 2005 avait été exhumé quelques années plus tard par Marine Le Pen, alors vice-présidente du FN. Dans ce livre, Frédéric Mitterrand y faisait l’apologie du tourisme sexuel lors de ses voyages en Thaïlande et au Maghreb. « La profusion de garçons très attrayants et immédiatement disponibles me met dans un état de désir que je n’ai plus besoin de réfréner ou d’occulter, écrit-il dans cet ouvrage. L’argent et le sexe, je suis au cœur de mon système, celui qui fonctionne enfin car je sais qu’on ne me refusera pas », pouvait-on lire.

Les accusations de pédocriminalité l’accompagneront jusqu’à la fin de sa vie. « Je ne suis ni juge, ni procureur mais il y a des hommages qui me mettent mal à l’aise. Je travaille sur la protection de l’enfance et j’ai lu les passages de ce livre. Je me souviens aussi de sa défense acharnée de Roman Polanski », réagit le sénateur Renaissance, Xavier Iacovelli.

Public Sénat rediffuse vendredi 22 mars à 23h l’émission « Au bonheur des livres » avec Fréderic Mitterrand.

 

 

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