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Inondations dans le Pas-de-Calais : les sénateurs des Hauts-de-France demandent l’aide de l’Etat

Les collectivités du Pas-de-Calais s’inquiètent après les inondations dont elles ont été victimes avec les crues « historiques » de l’Aa, de la Canche et de la Liane dans la nuit de lundi à mardi. Si elles ne sont pas encore tirées d’affaires, les dégâts sont très importants et les sénateurs demandent un concours financier de l’Etat.
Stephane Duguet

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Plus de soixante communes du Pas-de-Calais dont Boulogne-sur-Mer et Saint-Omer sont touchées par des inondations exceptionnelles. Vigicrues, le service d’information du Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, indique que les crues de la Liane et de l’Aa sont « historiques » et dépassent celles de 2002. Trente-quatre écoles sont fermées jusqu’à nouvel ordre, le ministère de l’Intérieur indique que sept personnes ont été blessées et que 1500 pompiers sont mobilisés dans le département.

Cellule de crise

Si certains maires des villes sinistrées accueillent leurs administrés concernés par la montée des eaux, s’attellent à les reloger et comptent les dégâts, une trentaine de communes plus au sud du département sont encore en alerte. « Une cellule de crise va ouvrir à la sous-préfecture de Montreuil-sur-Mer parce qu’un pic de crue est annoncé dans la Canche », indique Jean-François Rapin, sénateur du Pas-de-Calais, en lien avec la préfecture et les édiles de sa circonscription.

Depuis ce matin, il enchaîne les coups de fil avec les maires pour connaître, en détail, les conséquences des inondations de la nuit de lundi à mardi « Le maire de Blendecques me dit que grâce aux travaux qu’ils ont réalisés, les dégâts sont moins importants qu’en 2002. Cela concerne quand même une vingtaine de personnes dans la ville », raconte le sénateur Les Républicains concernant cette commune de 5000 habitants, proche de Saint-Omer, traversée par l’Aa.

Des crues jamais vues

Du côté de Boulogne-sur-Mer, sur le littoral, la ville de Saint-Etienne-au-Mont est sous l’eau, notamment le centre-ville. « La maire de la commune me dit qu’elle n’a jamais vu ça et que c’est monté à une vitesse terrible », explique Cathy Apourceau-Poly, sénatrice du Pas-de-Calais. L’élue communiste a même écrit une lettre au ministre de l’Intérieur pour lui demander la reconnaissance de catastrophe naturelle.

« Il faudrait qu’il vienne voir mais surtout qu’il prenne la décision adéquate pour que les gens s’en sortent honorablement », insiste la vice-présidente de la commission des affaires sociales. Elle se souvient notamment de la tornade qui a dévasté Bihucourt, il y a un an et pour laquelle, l’état de catastrophe naturelle, permettant une meilleure indemnisation par les assurances, n’avait pas été décrété.

Prise en charge des assurances

La question de la prise en charge va se poser pour les habitants et pour les collectivités. La sénatrice Cathy Apourceau-Poly estime que ces crues vont coûter des centaines de milliers d’euros, voire des millions aux collectivités. « Ce qui peut poser problème ce sont les montants de prises en charge par les assurances parce qu’il y aura des restes à charge », détaille Nicole Bonnefoy, sénatrice socialiste de Charente-Maritime et co-rapporteure d’une mission d’information sur la gestion des risques climatiques et l’évolution de nos régimes d’indemnisation en 2019.

« Il y a beaucoup de villages et de petites villes qui ont des routes communales défoncées, des bâtiments communaux inondés. L’Etat doit venir avec des fonds sinon, ils ne pourront pas attendre les assurances », demande Franck Dhersin, sénateur du Nord et ancien vice-président de la région Hauts-de-France. Le sénateur du groupe centriste s’inquiète aussi pour les commerces et les agriculteurs dont les plantations d’hiver ont été arrachées. Les sols sont toujours gorgés d’eau ce qui ne fait pas diminuer l’attention des habitants et des élus de la région. « Au moindre cumul de pluie peut faire repartir à la hausse » les cours d’eau, explique Vigicrues à l’Agence France Presse.

« L’autre sujet, c’est le transport ferroviaire », alerte aussi Jean-François Rapin. Depuis ce matin, les TGV qui relient le littoral à Lille et Paris accumulent du retard ou sont supprimés. Les lignes de TER sont elles aussi arrêtées. Ancien vice-président aux transports dans les Hauts-de-France, Franck Dhersin attire l’attention sur l’eau stagnante dans les communes mais aussi sur les chemins de fers : « Ce qui est très inquiétant, c’est que l’eau qui stagne, va faire beaucoup de dégâts ».

 

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Victimes à Mayotte : le sénateur Saïd Omar Oili réclame une commission d’enquête sur la gestion de crise

Trois semaines après le passage ravageur du cyclone Chido sur Mayotte, le sénateur RDPI (Renaissance) de l’archipel Saïd Omar Oili était l’invité de la matinale de Public Sénat. Victimes de Chido : « J’ai posé des questions régulièrement aux services de l’Etat et je n’ai jamais eu de réponses » Interrogé par la journaliste du Journal de Mayotte Mathilde Hangard, le sénateur exprime son fort agacement concernant la gestion de crise de l’Etat. Auteur d’une demande de commission d’enquête sur la gestion de crise, l’élu a écrit le 7 janvier un courrier au ministre des Outre-mer afin de connaître le bilan des victimes de la catastrophe naturelle. A date, les chiffres officiels font état de 39 morts, 124 blessés graves, 4 232 blessés légers. « J’ai posé des questions régulièrement aux services de l’Etat et je n’ai jamais eu de réponses », s’indigne-t-il, « je ne peux pas, au nom des victimes et de ceux qui souffrent, laisser tomber ce sujet-là, parce qu’il y a des gens qui sont peut-être ensevelis sous les décombres et que l’on n’a jamais retrouvés ». Saïd Omar Oili s’inquiète pour les Mahorais et déplore un manque de communication, d’anticipation et de transparence dans l’aide apportée aux sinistrés. « On n’a pas cherché [les personnes disparues]. Je suis élu local depuis vingt-cinq ans. Il y a des gens, quand on va dans les quartiers, je ne les vois pas. Ils sont où ? », demande-t-il sur le plateau de Public Sénat. « Je n’accuse personne, mais pour l’heure […] il n’y a pas de transparence, on dit tout et son contraire ». Mathilde Hangard, présente sur place, souligne que malgré les annonces de la préfecture, certains habitants n’ont toujours pas accès à l’eau, que des queues se forment dans les supermarchés, qu’on s’éclaire encore à la bougie par endroits et que des Mahorais doivent faire parfois plusieurs kilomètres pour trouver du réseau. Le ministère de l’Intérieur annonce pourtant sur son site que « presque 100 % de la population est raccordée à l’eau courante », que « 72, 5 % des clients sont alimentés » en électricité et qu’entre 85 et 93 % des abonnés des opérateurs sont couverts par le réseau. « J’espère qu’au nom de ces victimes, on ira jusqu’au bout de cette commission parlementaire » Ces écarts, Saïd Omar Oili ne se les explique pas. C’est la raison pour laquelle il a demandé au président de son groupe la constitution d’une commission d’enquête sur la gestion de crise. « J’espère qu’au nom de ces victimes, on ira jusqu’au bout de cette commission parlementaire, pour qu’enfin ce genre de choses ne se passe plus dans nos territoires vulnérables », affirme-t-il. D’autres territoires ultramarins sont sujets aux cyclones, comme La Réunion ou les Antilles. Au travers de cette commission d’enquête, l’élu souhaite également mettre en lumière le manque d’anticipation. « Pourquoi, alors que depuis le 8 décembre nous savions tous que le cyclone allait taper Mayotte et qu’il serait très violent, n’a-t-on pas prépositionné des gens sur place pour aller chercher les victimes ? », s’interroge-t-il, « on le voit dans le monde entier, lorsqu’un événement pareil arrive, on prend les mesures de précaution, ça n’a pas été fait cette fois-ci ». Projet de loi d’urgence pour Mayotte : un texte « plein de mesures mélangées » Pour faire face à l’urgence et la reconstruction, qui s’annonce colossale, le nouveau gouvernement planche sur un texte d’ « urgence », présenté ce matin en conseil des ministres, et sur un texte « de refondation » présenté en mars. Des projets de loi qui laissent sceptique le sénateur de Mayotte. Il juge le texte d’urgence fourre-tout, avec « plein de mesures mélangées ». Pourtant, les enjeux sont majeurs, en particulier en ce qui concerne la rentrée scolaire des élèves de l’archipel. Sur le plateau de Public Sénat, Saïd Omar Oili s’inquiète : « Dans l’étude d’impact de la loi d’urgence, on parle de 47 % des établissements publics détruits. Comment peut-on imaginer faire une rentrée de 117 000 élèves ? Ce n’est pas possible ». D’autant que les salles de classe manquaient bien avant le passage du cyclone, d’après le sénateur. 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