Faut-il dire une « écrivain » ou une « écrivaine » ? Les deux invitées que reçoit Guillaume Durand cette semaine, sur le plateau de « Au bonheur des livres », ne sont pas forcément d’accord sur ce point, ce qui ne les empêche pas l'une et l'autre d’écrire merveilleusement sur les femmes, leur condition, leur destin. Marie Darrieussecq publie... ainsi Fabriquer une femme (Ed. P.O.L), qui raconte l’entrée dans la vie adulte de deux amies adolescentes, Solange et Rose, dans les années 1980, entre le Sud-Ouest à Paris…. C’est un formidable roman d’apprentissage au féminin, plein d’humour et de souvenirs d’époque, où l’on retrouve aussi avec plaisir des personnages et situations de certains livres précédents de l'autrice (Clèves, Il faut beaucoup aimer les hommes et La Mer à l’envers) dans une sorte de manifeste énergique et léger pour la liberté. Dans son nouveau roman, J'ai pêché, j'ai pêché dans le plaisir (Ed. Grasset), Abnousse Shalmani plonge quant à elle plus loin encore dans le passé : à Téhéran, en 1955, quand la grande poétesse Forough Farrokhzad (1934-1967) rencontre un jeune homme érudit et francophile, Cyrus, qui lui traduit en persan les poèmes de Pierre Louÿs et lui raconte son amour avec la fascinante Marie de Regnier... La romancière va faire ainsi se croiser les destinées de deux femmes exceptionnelles, à des époques distinctes et dans des contextes différents, mais unies par un commun désir d’émancipation et de liberté artistique. Voilà qui devrait nourrir une discussion passionnante : sur la place des femmes dans la littérature et nos sociétés, hier et aujourd’hui, en Orient et en Occident.