COP 28 : « Jusqu’où ira le curseur sur la fin des énergies fossiles ? », s’interroge Ronan Dantec

Alors que la COP 28 sur le climat à Dubaï doit se terminer demain à 11 heures, l’accord final est toujours en cours de négociation. Pour Ronan Dantec, présent aux Emirats arabes unis, l’accord doit aller plus loin que le symbole de la fin des énergies fossiles.
Stephane Duguet

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Le temps est compté comme en témoignent les formules de plusieurs personnalités présentes à la COP 28 de Dubaï. « Nous sommes dans une course contre la montre », illustre Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU. La métaphore sportive se justifie puisque la COP doit se tenir jusqu’à mardi 11 heures et que son président Sultan Al-Jaber s’est engagé à tenir les délais. « Ça m’étonnerait qu’on termine à cette heure-là, lance sur Public Sénat, Ronan Dantec, sénateur écologiste présent à Dubaï. Cette COP aura besoin de quelques heures supplémentaires », comme les précédentes.

L’élu de Loire Atlantique a fait le déplacement dans la dernière ligne droite avec deux casquettes. D’une part, il préside l’ONG Climate Chance et de l’autre il estime que « c’est important que les parlementaires fassent le déplacement ». Il souligne l’importance de cette COP qui « fait le bilan de ce qui a été fait depuis la conférence sur le climat de Paris et qui discute de la sortie de l’ensemble des énergies fossiles et pas seulement du charbon comme c’était le cas à la COP de Glasgow ».

Isolement de l’Arabie saoudite sur les énergies fossiles

Si le sujet de la fin des énergies fossiles, responsable du changement climatique, est tendu, c’est parce que certains pays producteurs de pétrole réunis dans l’OPEP sont opposés à toute sortie du gaz et du pétrole. L’Arabie saoudite, premier exportateur de brut au monde, refuse, par exemple, toute mention de la sortie des énergies fossiles dans le texte final. « C’est une posture de l’Arabie saoudite qui paraît de plus en plus isolée sur la scène internationale », fait remarquer Ronan Dantec.

En effet, les Emirats arabes unis sont moins frileux que leur voisin saoudien. A l’image de la position des Emirats, Sultan Al-Jaber, ministre émirati et PDG de la compagnie pétrolière nationale, souhaite un accord historique qui mentionne la sortie du charbon, du pétrole et du gaz. Après la lettre de l’OPEP envoyée aux 13 pays membres de l’organisation demandant de « rejeter proactivement » un accord ciblant les énergies fossiles, la France par la voix de la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher s’est dite « en colère ». « A ce stade, il faut continuer à mettre de la pression. La responsabilité de Sultan Al-Jaber sera très importante pour trouver une solution », juge Ronan Dantec.

Pour le moment, les Etats tardent à s’accorder sur un nouveau projet d’accord avant la séance plénière prévue aujourd’hui à Dubaï. L’incertitude d’un compromis demeure. « Comme toujours, on cherche fondamentalement à ce que cette COP ne soit pas un échec. Aucun pays ne veut apparaître comme étant responsable de l’échec », rappelle Ronan Dantec. Le président de l’ONG Climate Chance se veut tout de même optimiste : « Je pense qu’un compromis sera trouvé, mais jusqu’où ira le curseur sur la fin des énergies fossiles et notamment du pétrole ? Est-ce que ce sera très précis ou est-ce qu’on laissera la porte ouverte à la capture (du carbonne, ndlr) ? », interroge-t-il.

Financement des pays du Sud

Au-delà de la mention de la fin des énergies fossiles, le sénateur écologiste souhaite que l’accord final de cette COP soit engageant sur le développement des énergies renouvelables. « Le rapport de l’ONG Climate Chance que je préside dit clairement qu’on a un développement fort des énergies renouvelables. C’est le principal investissement dans l’énergie : 1 800 milliards de dollars pour le renouvelable, 1 000 milliards pour le fossile. Mais il faudrait tripler les investissements sur le renouvelable soit un peu plus de 5 000 milliards par an et ces 3 500 milliards de différence ne sont pas sur la table », avance-t-il.

Ainsi, Ronan Dantec souhaite que l’accord de la COP 28 précise comment trouver ces 3 500 milliards par an. « L’argent du pétrole continue d’aller au pétrole. Total réinvestit trois quarts de ses bénéfices sur le pétrole et le gaz, un quart sur le renouvelable. Les grandes compagnies américaines, c’est zéro », regrette-t-il. Le sénateur de Loire Atlantique souligne également que la COP « c’est surtout la solidarité avec les pays du Sud » et se réjouit des accords trouvés pour réduire la dette de ceux qui protégeraient leur environnement et la biodiversité.

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