Otages : le ministre des Affaires étrangères appelle les Français à ne plus se rendre en Iran

Auditionné par le Sénat, Jean-Noël Barrot, le ministre des Affaires étrangères, annonce que la France et l’Europe vont renforcer « la pression » sur l’Iran pour obtenir la libération des derniers « otages d’Etat » détenus par Téhéran. Alors que l’accord sur le nucléaire iranien expire dans quelques mois, le ministre estime par ailleurs que sa non-reconduction pourrait conduire à « une confrontation militaire ».
Romain David

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Un peu plus de trois semaines après la libération d’Olivier Grondeau, arbitrairement détenue en Iran pendant 887 jours, les tensions restent vives entre Paris et Téhéran. Ce mercredi 9 avril, le ministre des Affaires étrangères a demandé aux Français de ne pas se rendre dans ce pays. « Je profite de mon passage médiatisé devant cette commission pour appeler l’ensemble de nos compatriotes, de nos ressortissants, à ne pas se rendre en Iran et à l’ensemble de nos ressortissants qui sont aujourd’hui de passage en Iran, à revenir en France, à quitter le territoire pour ne pas prendre le risque d’être détenus arbitrairement ou d’être retenus otage à leur tour », a déclaré Jean-Noël Barrot à l’occasion d’une audition devant la commission des affaires étrangères du Sénat.

Rappelons que France Diplomatie, le site d’informations aux voyageurs du Quai d’Orsay, déconseille les séjours en Iran depuis le mois d’octobre.

La détention arbitraire de touristes étrangers est régulièrement dénoncée comme une forme de « diplomatie des otages » pratiquée par le régime des mollahs. Ce mercredi, le chef de la diplomatie française a d’ailleurs parlé « d’otages d’Etat » à propos des deux Français qui sont officiellement encore détenus dans la prison d’Evin à Téhéran : Cécile Kohler et son compagnon Jacques Paris arrêtés en mai 2022 pour « espionnage ».

« Nous allons accentuer la pression sur le régime iranien »

À deux reprises, la sœur de Cécile Kohler a été entendue par la commission des affaires étrangères. Elle a notamment alerté les parlementaires sur l’état de santé de Cécile Kohler et Jacques Paris, ainsi que sur leurs conditions de détention. Jean-Noël Barrot a confirmé l’intention de l’Etat français de porter plainte devant la Cour internationale de justice.

« Face aux violations du droit de nos compatriotes à la protection consulaire nous sommes en train de préparer une plainte contre l’Iran devant la Cour internationale de justice », a-t-il déclaré. « Pour les libérer nous allons accentuer la pression sur le régime iranien et adopter des sanctions européennes additionnelles contre les responsables iraniens de la politique d’otages d’Etat », a-t-il ajouté.

Sans un nouvel accord sur le nucléaire iranien, « une confrontation militaire apparaîtrait presque inévitable »

Par ailleurs, le ministre a également évoqué l’épineux dossier du nucléaire iranien. Le président américain Donald Trump a annoncé en début de semaine avoir entamé « des discussions directes avec l’Iran ». Les relations entre les deux pays sont officiellement suspendues depuis des décennies. En 2018, durant le premier mandat de Donald Trump, les Etats-Unis s’étaient retirés avec fracas de l’accord international conclu en 2015, et prévoyant la levée de plusieurs sanctions en échange d’un encadrement des activités nucléaires de l’Iran, suspecté de vouloir se doter de l’arme ultime. Cet accord expire en octobre.

« Nous notons avec intérêt l’annonce de discussions entre l’Iran et les Etats-Unis dans quelques jours », a relevé Jean-Noël Barrot. « La fenêtre d’opportunité est étroite. Nous n’avons que quelques mois avant l’expiration de l’accord sur le nucléaire iranien conclu il y a dix ans, en cas d’échec une confrontation militaire apparaîtrait presque inévitable », a-t-il alerté.

« L’Iran poursuit un agenda de déstabilisation marqué par la fuite en avant de son programme nucléaire qui menace directement la sécurité du territoire nationale », a encore expliqué le chef de la diplomatie. Avant de répéter : « Notre position est claire, l’Iran ne doit jamais se doter de l’arme nucléaire. Nous devons parvenir à d’un accord qui contraigne de façon durable et vérifiable le programme nucléaire iranien. »

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

NY: New York City Mayoral Candidate Mamdani Votes On Election Day.
6min

International

Zohran Mamdani  candidat à la mairie de New York : « C’est un peu comme si Besancenot se présentait face à Cahuzac ou Georges Tron »

Ce mardi, New York élit son nouveau maire. A 34 ans, Zohran Mamdani, issu de la gauche du Parti démocrate, opposant « farouche » à Donald Trump, musulman d'origine indienne, est le grand favori, d’autant que ses adversaires sont accusés de corruption ou d’harcèlement sexuel. Pour Public Sénat, Elisa Chelle, professeure de science politique à l'Université Paris Nanterre, auteure de La démocratie à l’épreuve du populisme. Les Leçons du Trumpisme (Odile Jacob) revient sur son profil atypique.

Le

Otages : le ministre des Affaires étrangères appelle les Français à ne plus se rendre en Iran
2min

International

Entretien inédit avec Javier Milei, "le président à la tronçonneuse"

VIDÉO. Le parti du président argentin a obtenu le 26 octobre dernier une victoire surprise lors des élections législatives de mi-mandat. Public Sénat vous propose de retrouver des séquences inédites de son entretien réalisé dans le cadre du documentaire "Javier Milei, le président à la tronçonneuse".

Le

South Korea – U.S. President Donald Trump Departure Gimhae Air B
4min

International

Trump-Poutine : vers une nouvelle guerre des étoiles ?

Ce jeudi, au cours de sa visite diplomatique en Asie, Donald Trump a ordonné la relance des essais d'armes nucléaires des Etats-Unis, interrompus depuis plus de 30 ans. Une décision qui comporte actuellement peu de détails concrets, et qui s’inscrit dans le cadre d’un rapport de force avec Vladimir Poutine. Le chef du Kremlin avait annoncé quelques heures plus tôt le développement de nouvelles armes atomiques russes.

Le

President Donald Trump and Russian President Vladimir Putin attend a joint statements after their high-stakes summit
5min

International

Sommet Trump-Poutine : « Si Zelensky et les Européens sont exclus, on revivra un Munich ou un Yalta »

Ces dernières heures, Moscou et Washington ont entamé les discussions en vue d'une rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump attendue prochainement à Budapest. De son côté, Volodymyr Zelensky s’est dit prêt à s'y joindre s'il recevait une invitation. Que faut-il attendre d’un tel sommet ? Analyse avec le Général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale.

Le