Après un discours beaucoup plus court que la veille, où François Bayrou a surtout présenté sa nouvelle proposition sur les retraites, sans trop répondre aux autres interrogations des socialistes, le président du groupe PS du Sénat, Patrick Kanner, a rappelé le cadre : « A l’évidence, nous ne serons jamais vos alliés, jamais vos partenaires, nous ne sommes pas guidés par un intérêt personnel », « ce qui nous importe, c’est d’être utile aux Français. Notre seul honneur, c’est d’arracher des victoires là où nous pouvons en obtenir ». « Les Français n’attendent pas le grand soir, ils aspirent à vivre mieux », soutient l’ancien ministre.
Sur le sujet essentiel pour le PS, les retraites, « oui, il faut replacer les partenaires sociaux au centre des discussions », soit la proposition de François Bayrou, « oui, il faut d’urgence leur permettre d’aboutir à un accord qui permet de sauvegarder notre système par répartition », soutient le sénateur PS du Nord. « Mais si les partenaires sociaux ne parvenaient pas à un accord dans le délai fixé, en raison d’un droit de véto de fait donné au Medef, il serait intolérable de revenir à la réforme de 2023 », soit pourtant ce qu’avance le premier ministre dans ce cas. « Le Parlement devra alors impérativement avoir le dernier mot et débattre de toutes les options mises sur la table par les partenaires sociaux, en particulier l’âge légal de départ, et la durée de cotisation », demande le socialiste. Sur ces sujets, « nous voulons vous entendre, car le compte n’y était pas à l’Assemblée, ni aujourd’hui aux questions d’actualité ».
Au passage, il dénonce la présentation des chiffres faite par François Bayrou. « Nous n’acceptons pas la provocation qui consiste à parler d’un déficit de 40 à 50 milliards d’euros par an de notre système de retraites. Vous opérez là une manipulation des chiffres. Vous annoncez un déficit exagéré de façon à positionner les partenaires sociaux devant un défi impossible à relever », lance Patrick Kanner, qui y voit « une manœuvre issue de vos travaux en tant que commissaire au plan, qui ont été refusés par les membres du COR à deux reprises ».
Le patron des sénateurs PS attend aussi des réponses sur « le pouvoir d’achat », l’agriculture, l’abandon d’un troisième jour de carence pour les fonctionnaires. Sur la hausse de l’Ondam, il veut « savoir ce que cela signifie » en termes de créations de postes et de lits. Sur l’école, « annulez-vous la suppression des 4000 postes ? » demande-t-il, alors que la réponse de la veille n’était pas claire. Sans oublier Mayotte ou la « justice fiscale ». Si Matignon ne met sur la table que la taxation des plus hauts patrimoines, « la réponse n’est pas à la hauteur des enjeux ».
Appelant au « compromis », Patrick Kanner prévient : « S’il y a matière à censurer un gouvernement, alors oui, nous le censurons. Nos collègues députés l’ont fait, et ils n’ont pas tremblé ». A l’inverse, « si les conditions étaient réunies pour que nous ne censurions pas votre gouvernement, nous ne signerons pas de chèque en blanc ».