Entre la Russie et l’Ukraine, un cessez-le-feu n’a jamais semblé aussi proche. Après la réunion à Djeddah entre représentants américains et ukrainiens une proposition de cessez-le-feu de 30 jours a été adressée à la Russie qui n’a pas encore répondu. Alors que la diplomatie russe demande davantage de détails, retour sur les enjeux et les écueils de la conclusion d’une trêve.
« Les Européens ont volontairement créé cette dépendance en achetant américain, car ils voulaient s’assurer de la protection américaine », explique la sénatrice PS Hélène Conway-Mouret. Une situation symbolisée par l’avion F35, acheté par de nombreux pays d’Europe. « S’il n’est pas régulièrement mis à jour », explique Léo Péria Peigné de l’Ifri, « alors il peut perdre rapidement en performance, voire même perdre en capacité ».
La défense et les affaires étrangères sont, traditionnellement, le « domaine réservé » du Président de la République. Avec une Assemblée nationale très morcelée, ce qui rend difficile l’adoption de textes, et de vives tensions entre l’Europe et les Etats-Unis sur la guerre en Ukraine, comment les parlementaires peuvent-ils peser dans les décisions ?
En raillant les forces françaises et anglaises, armées de « pays quelconques », le vice-président américain J.D. Vance a suscité les critiques. Mais au-delà de la polémique, l’armée française, constituée en temps de paix, reste limitée, malgré des efforts récents. « On a l’éventail des armées nécessaires, mais on n’a pas l’épaisseur et la profondeur », pointe le sénateur LR Christian Cambon.
En annonçant un plan à hauteur de 800 milliards d’euros pour réarmer l’Europe, les Etats membres de l’Union européenne souhaitent renforcer les capacités de défense européenne. Pour cela, le plan, encore imprécis, devra répondre aux lacunes de l’industrie de défense européenne et faire converger les intérêts des Etats membres de l’UE.
Invité de la matinale de Public Sénat, Nicolas Tenzer, spécialiste des questions géostratégiques, enseignant à Sciences Po revient sur la nécessité pour les Européens de renforcer leur défense commune alors même que la Russie pourrait cibler d’autres pays européens dans les années à venir.
Alors que le président américain fait pression sur l’Ukraine pour négocier rapidement un cessez-le-feu avec la Russie, la perspective d’un accord de paix semble encore lointaine, estime le général Dominique Trinquand.
Les dirigeants européens ont donné leur feu vert pour muscler la défense de l’UE, face à la menace russe et au désengagement américain. Ces investissements massifs devront être financés sans hausse d’impôts en France. Un point qui divise le sénateur LR Christian Cambon et la députée écologiste Léa Balage El Mariky, sur le plateau de Parlement Hebdo.
Emmanuel Macron a estimé qu’il était nécessaire d’aller vers de « nouveaux choix budgétaires et des investissements supplémentaires » pour la défense. Le gouvernement pourrait activer plusieurs leviers, mêlant fonds publics et capitaux privés.
La France et le Royaume-Uni, militent conjointement pour l’envoi de troupes européennes en Ukraine, une fois la paix conclue. L’objectif : sécuriser la ligne de contact entre l’Ukraine et la Russie (environs 1500 kilomètres) et les infrastructures stratégiques, pour dissuader Vladimir Poutine d’attaquer à nouveau. Volodymyr Zelensky estime qu’il faudrait 200 000 soldats étrangers pour cela, mais les moyens européens sont bien en deçà. Explications.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, propose de financer une bonne part de son plan de 800 milliards d’euros en déclenchant la clause dérogatoire du pacte de stabilité et de croissance, qui permet de ne pas respecter les règles des 3 % de déficit, le temps de faire face à des dépenses exceptionnelles. Le sujet est discuté par les chefs d’Etat européen à Bruxelles.
Devant les sénateurs, le ministre des Armées a donné « un chiffre, pour montrer que l’économie de guerre fonctionne » : « Entre 2026 et 2030, désormais, les industries françaises uniquement en matière de munitions pourront absorber 7 milliards d’euros de commandes qui n’ont pas encore été passées, soit pour nous même soit pour de l’export. » Une annonce bienvenue, alors que les Etats-Unis ont suspendu leur soutien militaire à l’Ukraine et se désengagent massivement de la défense européenne. « Jusqu’à présent, nous avions quand même de grosses inquiétudes quant à nos stocks, cela signifie qu’ils ont été renfloués et que nous serions également en capacité de les partager », salue la sénatrice socialiste Hélène Conway-Mouret, qui avait interrogé le ministre à ce sujet lors des questions d’actualité au gouvernement de ce 5 mars. « On ne peut pas dire que nous allons aider les Ukrainiens sans le prouver » Si la sénatrice se dit rassurée, elle estime tout de même qu’il faut aller plus loin vers l’économie de guerre. « Nous avons l’obligation de produire beaucoup plus, aucune usine française n’a été réquisitionnée comme c’est le cas en Russie, pour produire des équipements militaires. On ne peut pas dire que nous allons aider les Ukrainiens sans le prouver », souligne la sénatrice. Au niveau européen, des initiatives sont lancées pour renforcer la défense des 27 et s’émanciper des Etats-Unis. La Commission européenne vient d’annoncer un plan de 800 milliards d’euros pour « réarmer l’Union européenne ». Un sommet extraordinaire de soutien à l’Ukraine est également prévu à Bruxelles ce 6 mars.